Je suis assez d'accord avec les explications d'Alain G (toujours bon connaisseur de nos institutions et pratiques administratives). Il a souvent été dit que Mitterrand n'y tenait pas vraiment mais était plutôt sous l'influence de grands maires (Mauroy et Defferre) effectivement. D'ailleurs son passage au ministère de l'intérieur en 1954 ne s'est marqué par aucune tentation "girondine"
!
J'joute un point qui me semble important : l'état d'esprit des années 60. Jusqu'alors la gauche était marquée par la recherche de l'égalité assurée par un Etat certes démocratique mais aussi (et surtout) fortement dirigiste. Cette culture a peu à peu laissé place à une culture "autogestionnaire" moins dirigiste, moins obsédée d'égalité et plus sensible aux libertés (exemple type : le journal LIBERATION). C'est en s'appuyant sur cette nouvelle culture que Mitterrand a éliminé Mollet et les Molletistes et a tenu en lisière Rocard (qui aurait pu être le porte-parole de ce courant).
Cela dit les deux cultures coexistent : la loi de 1982 "décentralise" mais dans des limites assez strictes au fond car les compétences des collectivités restent restreintes. L'essentiel du pouvoir reste à l'Etat (et au niveau central) : la nationalisation des banques et de sept groupes industriels majeurs, la relance budgétaire donnent à l'Etat des moyens d'action inégalés (jusqu'alors et depuis). Par ailleurs la télévision ou la sécurité sociale restent fortement "jacobines" (seule l'Alsace Moselle a une sécurité sociale locale).
Un autre point me semble important : le gaullisme et sa relation à la classe technocratique ont fait passer "à droite" un certain nombre de thèmes jusqu'alors de "gauche" (le dirigisme, la centralisation, etc ...). La Vè république voit l'étiolement de la tradition libérale à droite - même si Giscard essaie de s'y rattacher mais son septennat montre qu'endehors de quelques gadgets il est finalement un héritier du Général à mon avis (mais c'est un autre débat).
Une dernière chose : la mot "jacobin" doit être employé avec prudence car de 1790 à 1800 l'administration locale était certes uniforme (en rupture avec les privilèges locaux de l'ancien régime et ses multiples absurdités) mais était parfaitement décentralisée puisque dépourvue de tutelle et reposant exclusivement sur des conseils élus. en plus il a pris un sens péjoratif qui complique le débat.
j'ai écrit cela vite et il faudrait compléter et préciser certainement.