Désolé de persister sur le non-socialisme de Barrès qui s'oppose fortement d'ailleurs aux socialistes de l'époque. De même sur la vision individualiste de Barrès, voici une citation : " C'est un traité ... que nous proposons aux vies individuelles avec la poésie ou si vous préférez, avec la moralité. C'est un moyen d'annoblissement. C'est le plus pressant moyen d'aider au développement de l' âme. "
Barrès exalte l'individu mais un individu qui s'épanouit dans l'enracinement, le respect des traditions et de l'héritage collectif, comme Renan son maitre et Taine son autre maitre.
Barrès par ailleurs a été décrit comme un chantre du repli de la nation française sur elle-même. c'est un protectionniste.
Enfin, Barrès est régionaliste contrairement aux fascistes qui sont centralisateurs. Barrès est décentralisateur.
Quand à l'anti-sémitisme, j'ai bien dit plus haut:
" Quand à son anti-sémitisme, il a cessé et bien au contraire " Revenant en partie de ses erreurs, Maurice Barrès rendit aussi pendant la Grande Guerre un vibrant hommage aux Juifs français dans Les familles spirituelles de la France où il les place au côté des traditionalistes, des protestants et des socialistes comme un des quatre éléments du génie national (s'opposant ainsi à Maurras, qui fait des Juifs un des « quatre États confédérés » de l'Anti-France, avec les protestants, les « météques » et les francs-maçons). Il immortalisa la figure du rabbin Bloch, frappé à mort au moment où il tendait un crucifix à un soldat mourant. "
La guerre de 1914-1918 a mis fin à l'anti-sémitisme virulent de Barrès alors qu'au contraire elle le provoque ou le renforce chez Hitler.
Jamais Barrès, enfin, ne voit la France comme prédestinée à réaliser une grande mission sur terre, la seule vrai nation, comme Fichte et Hégel. Il pense comme Renan génie et défense de la France. Jamais il ne dit que la race française est supérieure, désignée par la providence. Il n'exalte pas la guerre en elle-même comme bienfaisante, mais la revanche de 1870. Rien d'équivalent au pangermanisme!
Il y a des différences profondes entre Barrès et le fascisme futur.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.

Je pourrais vous donner des douzaine de citations de Barrès au sujet de l'importance qu'il accorde à la question sociale, et c'est logique d'un point de vue nationaliste: à ses yeux, sans la résolution de la question sociale, la réalisation de l'unité nationale est impossible;
mais surtout c'est sous l'étiquette explicite de "républicain national et socialiste" (je cite) qu'il s'est présenté aux élections législatives de 1889 et 1893, ces dernières où il a été battu.
Député de Nancy, c'est sur les bancs de l'extrême-gauche qu'il a siégé à l'Assemblée nationale. Certes, il a pris quelque peu ses distances par rapport à ces opinions à la fin de sa vie, de même qu'il a évolué sur l'antisémitisme pendant la PGM.
Dans son journal la Cocarde, il y a de nombreuses références au socialisme, différentes propositions pour améliorer le sort du prolétariat (en fait, il souhaiterait le faire disparaitre dans sa définition moderne), et des références favorables et fréquentes à divers grands socialistes français, tels que Jaurès.

pour ce qui est de l'individualisme, je vous ai donné plus haut une citation tout à fait claire quant au fait que pour Barrès, et chez les penseurs antirévolutionnaires en général, tout individu n'est que l'expression de la culture/race dont il est l'héritier et n'existe que par l'intégration, l'enracinement dans une communauté, je n'y reviens pas.
Juste un point:
l'individualisme de Barrès est le contraire de l'individualisme libéral/bourgeois, qui tend à isoler les individus en atomisant les groupes, et repose sur la croyance universaliste illusoire qu'un individu peut se définir et se réaliser indépendamment de sa communauté d'origine.
Ce qui nous ramène à de Maistre: il n'y a pas d'homme, il n'y a pas davantage d'invidu au sens d'entité indépendante et auto-définie.