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Message Publié : 23 Jan 2014 13:33 
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Georges Duby
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Dans les années 1980, après le revirement économique de 1982-83 et l'absence de retour aux nationalisations du PS en 1988 (politique mitterrandienne du ni-ni), et après les privatisations de Chirac-Baladur, le débat sur le passage du PS à la social-démocratie a été relancé. Il n' a pas cessé.
1/ Mais quelle est la différence entre socialisme et social-démocratie ?
Cela est rarement précisé. L'étatisme, le rôle des syndicats, la reconnaissance du rôle majeur de l'entreprise ?

2/ Quel est l'enjeu économique et politique de la distinction, les craintes qui expliquent que le PS ne se déclare pas SD comme dans de nombreux autres pays européens ?
Crainte de l'extrême gauche et du PC ? Crainte des syndicats peu favorables, alors que pourtant la SD est le triomphe des syndicats à qui un pouvoir supplémentaire est reconnu pour décider et réformer. Crainte des fonctionnaires si puissants à gauche et attachés à un Etat fort ?
Le sujet occupe en permanence les esprits et encore en 1991, date limite du forum, 1991 année de départ du gouvernement Rocard; Rocard qui était justement social-démocrate.
Mitterrand a refusé ce changement qui va au delà de l' étiquetage du principal parti de la gauche.

3/ Ce débat n'a t-il pas été dépassé en raison de la mondialisation ?
Eviter l'actualité svp.

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Message Publié : 23 Jan 2014 19:29 
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Hérodote
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Je ne peux qu'apporter une proposition pour la question deux : la social-démocratie a longtemps été associée au communisme. Autrefois, les partis communistes s'appelaient "Parti Social-Démocrate" et même après la Révolution d'Octobre, les partis communistes ont continués de se réclamer du socialisme. Ils ont alors continué d'appeler cela la social-démocratie, pour se démarquer du socialisme moins extrême. En fait, je pense que le Parti Socialiste cherche à englober beaucoup de mouvances différentes (le féminisme, l'humanisme, la social-démocratie etc...) et ne veut pas donner l'impression de favoriser l'une de ces mouvances (en plus de passer pour un parti trop à gauche, ce qui ne plairait pas à une partie des membres). Ce ne sont là que quelques hypothèses en vrac de ma part bien sûr.

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"On peut aussi bien prier une sardine, ce n'est qu'une question de foi." Proverbe Japonais.

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Message Publié : 24 Jan 2014 7:59 
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Jean Mabillon
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Très bonnes questions cher Alain. Il est toujours bon sur le plan méthodique de poser des définitions .

Je propose ceci pour ma part : en me fondant sur la France et l'Allemagne.

1/ le critère de distinction me semble être théorique : c'est le rapport au marxisme. Depuis Bad Godesberg, la SPD rejette la référence marxiste et la perspective révolutionnaire tandis que le PS français s'y refuse au moins sur le plan théorique même si en pratique il inscrit son action politique dans le cadre républicain . Sur le plan économique il parle certes de "rupture avec le capitalisme" pour pratiquer en fait une intervention massive d l'Etat dans l'economie ( cela est vrai de la SFIO sous la IVe comme du Mitterrand de 1981) sans collectivisation complète .

2/ j'y reviendrai plus tard

3/ question hors limite chronologique ;)


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Message Publié : 24 Jan 2014 10:24 
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Inscription : 04 Déc 2011 22:26
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Alain.g a écrit :
Dans les années 1980, après le revirement économique de 1982-83 et l'absence de retour aux nationalisations du PS en 1988 (politique mitterrandienne du ni-ni), et après les privatisations de Chirac-Baladur, le débat sur le passage du PS à la social-démocratie a été relancé. Il n' a pas cessé.

Je me permets d'ajouter qu'il clive, dès 1984, deux camps : Fabius et les partisans de la social-démocratie, et Jospin et les partisans d'un socialisme jaurèssien.

Alain.g a écrit :
1/ Mais quelle est la différence entre socialisme et social-démocratie ?
Cela est rarement précisé. L'étatisme, le rôle des syndicats, la reconnaissance du rôle majeur de l'entreprise ?

Aigle a écrit :
1/ le critère de distinction me semble être théorique : c'est le rapport au marxisme.

Bien d'accord avec le commentaire d'Aigle, pour moi, la distinction socialisme/social-démocratie se fonde sur l'abandon des théories marxistes et l'acceptation de l'économie de marché. En Allemagne, cette transition du SPD vers la social-démocratie date, cela a été dit, du Programme de Bad-Godesberg de 1959.

Alain.g a écrit :
2/ Quel est l'enjeu économique et politique de la distinction, les craintes qui expliquent que le PS ne se déclare pas SD comme dans de nombreux autres pays européens ?

Il y a aussi, me semble-t-il, des enjeux de politiques extérieures car le rejet des théories marxistes correspondant à une distanciation avec l'Union soviétique. Si le SPD allemand fait le choix du Programme de Bad-Godesberg (1959), c'est aussi pour affirmer sa fidélité à la RFA et condamner le communisme est-allemand. Si le Parti socialiste français repense la question de la social-démocratie au milieu des années 1980, et plus encore après 1990, c'est à mon avis pour prendre ses distances avec le géant déchu dont les plus sombres secrets commencent à être révélés et critiqués unilatéralement.

Quant à l'enjeu économique, il s'agit de faire preuve de réalisme économique : l'économie de marché est un fait et son abandon causerait trop de tort, c'est ce qu'en pensent les sociaux-démocrates français, à l'économie française, donc il faut réorienter les enjeux politiques du programme socialiste vers un action non plus contre le système mais bien à l'intérieur du système.

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Message Publié : 24 Jan 2014 10:46 
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Jean Mabillon
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sur la question 2/ je pense qu'il faut se référer à la stratégie et à la psychologie de Mitterrand.

Pour la stratégie, il a toujours voulu éviter une rupture franche avec le PCF (qui est pourtant arrivée deux fois : en 1977 puis en 1984) et surtout avec l'aile gauche du PS. A mon avis, il ne veut pas d'un conflit théologique avec Chevènement qui reste au gouvernement (sur un portefeuille non économique : l'éduc, poste flatteur s'il en est dans la mythologie socialiste). Il ne veut pas non plus tirer les marrons du feu pour des modérés qu'au fond il méprise (comme Rocard ou Delors) et leur donner une légitimité idéologique au sein du PS (qui reste un parti relativement sensible aux idées, plus certainement que la droite).

En outre, il sait que finalement la grande tradition du PS depuis 1936, c'est d'avoir un discours de gauche qui cohabite avec une pratique du pouvoir assez modérée, une fois dissipées les illusions de la campagne électorale et de "l'état de grâce". Bref, pour "tenir" le PS, il faut révérer quelques mythes (dont Marx et le marxisme). C'est ce qui explique aussi sans doute l'enthousiasme antiraciste qui saisit la gauche en 1983 avec H Désir : trouver un discours qui garantit l'ancrage à gauche du PS et le distingue bien des méchants de droite.

Pour la psychologie, je pense que Mitterrand est un littéraire, féru d'histoire et sensible aux psychologies individuelles et collectives. Il sait que l'affirmation SD serait un traumatisme pour des militants d'éducation marxiste et retrempés dans l'ardeur révolutionnaire en mai 1968. S'afficher SD les mettrait au pied du mur et déclencherait un conflit interne au parti finalement inutile. Car Mitterrand n'est pas un philosophe, il n'est pas intéressé par les idées : il y a des témoignages explicites de cela dans les livres de R Debray et implicitement dans verbatim d'Attali. Son amitié avec Bousquet par exemple montre que le sentiment est plus important pour lui que l'idéologie. Son parcours avant et pendant la guerre, son discours Algérie française en 1954, l'exécution dees condamnés à mort du FLN en 1956, ... aucune conviction dans tout cela sinon celle de faire ce qui étéit utile à sa carrière à ce moment.

Psychologiquement aussi, la SD c'est la RFA et la RFA c'est le modèle de Giscard, Giscard dont l'intelligence scientifique abstraite et idéaliste (bref l'esprit de géométrie) est l'exacte antithèse de l'intelligence littéraire, habile et concrète, bref de l'esprit de finesse de Mitterrand qui le hait farouchement depuis son humiliation de 1974.

Et enfin pourquoi se fatiguer à un aggiornamento ideologique que même Blum (malgré son anticommunisme foncier) n'a pas osé faire ni en 1920 ni en 1945...ni Mollet malgré son atlantisme...?


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Message Publié : 24 Jan 2014 16:26 
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Georges Duby
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Je vous remercie Aigle et Jadis de vos contributions qui éclairent bien le sujet, en définition et en enjeux politiques. A ce stade, je me demande maintenant s'il n'y a pas eu une évolution du concept qui éloigne de plus en plus la social-démocratie du socialisme ?
Au début quand nait la SD en Allemagne et dans les pays nordiques, elle est une forme adoucie, rectifiée, du socialisme démocratique, menée par des dirigeants de gauche qui veulent, comme il a été dit, s'éloigner du marxisme, de l'anticapitalisme et de la lutte des classes, pour un compromis social, en conservant notamment un interventionnisme de l'Etat et une forte redistribution des revenus par l'impôt et les prélèvements sociaux.
Il semble bien qu'il y ait eu une évolution dans les années 80-90 d'une forme adoucie de socialisme vers une politique centre-gauche qui a de moins en moins à voir avec le socialisme démocratique de l'après-guerre. En France, Rocard pratique une politique de rigueur menée par un gouvernement d'ouverture et de ministres de la société civile. Cette politique recentrée sera poursuivie avec Bérégovoy et Tapie ministre de la Ville. En 1990, Mitterrand soutient par ailleurs les EU dans leur guerre du golfe contre l'Irak, un indice du recentrage.
Il semble qu'il y ait de moins en moins de socialisme dans ces gouvernements de gauche. On gouverne au centre en réalité, au centre-gauche.
Est-ce exact ?

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Message Publié : 20 Avr 2014 20:30 
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Hérodote
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Ne serait-ce justement pas en raison de l'effondrement du marxisme comme alternative à la fin des années 1980 ? Seul reste alors le système de l'économie de marché avec ses nuances, mais pas d'autre schéma pour le remplacer.


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Message Publié : 21 Avr 2014 11:25 
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Georges Duby
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La chûte du communisme en URSS et dans les pays voisins a certes discrédité la doctrine marxiste, mais aussi tout ce qui s'y rattachait dont les socialismes sans lutte des classes, qui étaient des formes adoucies du marxisme. Blum évoque un "socialisme à visage humain".
Mais dans les années suivantes, c'est toute la social-démocratie, le remplaçant du socialisme, qui a été discrédité par les faits en GB, en Suède, en Allemagne, Espagne, Italie ....
Les mauvaises performances des social-démocraties sur le plan économique, avec perte de leur industrie, ont provoqué des réformes anti-Etat qui ont condamné en soi toute intervention de l'Etat, puis le trop d'Etat, à cause des impôts et de leurs effets sur les coûts des produits.
Le modèle de la S-D, la Suède a réduit fortement le nombre de ses fonctionnaires en privatisant des pans entiers de la fonction publique, pour sauver son économie soumise à une forte concurrence mondiale.
En Europe, Mitterrand a mis en place un adepte du libéralisme, Jacques Delors, à la tête de l'Europe et approuvé une évolution économique rendant de plus en plus impossible une politique économique socialiste dans les Etats membres.
L'Euro adopté par Mitterrand, a rendu impossibles les dévaluations monétaires nationales, qui étaient l' envers des politiques de dépenses publiques et des déficits, condamnant ipso facto le socialisme.

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Message Publié : 24 Avr 2014 19:35 
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Salluste
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Tout à fait d'accord pour dire que le fond de la question est le rapport au marxisme. Le socialisme, c'est une économie planifiée sous contrôle de l'état. L'expérimentation de ce modèle a démontré qu'il ne fonctionnait pas et conduisait à des économies très peu performantes, à des niveaux de vie faibles, à des injustices sociales et, en final, à la violence comme moyen incontournable de contrôler les peuples. La social-démocratie se donne pour objectif d'améliorer la condition des moins favorisés de la société, ceux qui louent leur force de travail (les "travailleurs" comme disait Arlette), en acceptant les trois piliers des systèmes occidentaux que sont la démocratie (la vraie, avec plusieurs partis), l'économie de marché, le capitalisme.

Le marxisme postulait une instabilité structurelle du capitalisme qui fonctionnait en allant de crise en crise, jusqu'à ce qu'une crise un peu plus violente que les autres finisse par l'abattre définitivement. Le vingtième siècle a montré que le capitalisme non seulement était capable de digérer les crises, mais certains (pardon si je déborde au delà de 1991) commencent à penser que les crises sont l'essence même de son existence et de sa survie : un peu comme les explosions sont dans la nature de conversion d'énergie chimique en énergie mécanique dans les moteurs à explosion. Pour sourire un peu, l'analyse de Marx me parait semblable à celle d'un papou qui décortiquerait un moteur de voiture et penserait qu'une explosion un peu plus forte que les autres finira fatalement par détruire cette machine diabolique !

Au premier siècle, les chrétiens attendaient la fin du monde et le retour du Christ. Et puis il a fallu réviser un peu la doctrine et admettre que l'attente pouvait durer très-très longtemps. Le remplacement du socialisme par la social-démocratie procède un peu de la même démarche...


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Message Publié : 25 Avr 2014 7:19 
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C'est aller un peu vite que de désigner comme idiots ceux qui n'admettraient pas les crises du capitalisme comme inévitables, voire souhaitables.

Si on regarde les crises du capitalisme depuis le Jeudi Noir, il faut bien constater qu'elles étaient TOUTES prévisibles. Et d'ailleurs non seulement prévisibles, mais prévues, à chaque fois, par un nombre non négligeable d'experts refusant de céder à l'euphorie du gonflement d'une bulle.

Je me souviens d'un prof qui se gargarisait, au cours d'un DESS que j'ai passé en 98, avec les perspectives illimitées ouvertes par la "Netéconomie." A partir d'une vision forcément juste à long terme, les perspectives à court terme me semblaient grossièrement surévaluées. Par exemple, une étude de cas, réelle, sur le journal Le Monde, qui prévoyait à cinq ans un taux de 50% de lecteurs sur écran. Soit une anticipation de dix ans par rapport à ce qui s'est passé réellement. (Et encore l'étude du Monde n'incluait-elle pas la part de lecteurs occasionnels de ses articles gratuits, très importante aujourd'hui. Ils pensaient froidement que la moitié de leurs abonnés papier allaient migrer dans les cinq ans.) C'était l'époque où la capitalisation boursière d'Amazon, entreprise pourtant largement déficitaire, atteignait 1000 fois son chiffre d'affaire. La bulle était évidente.

Que des sociaux-démocrates se mettent en tête de contrôler les folies du capitalisme, qui délire dès qu'il cesse d'être réglementé et encadré, ne signe pas le retour du communisme moscoutaire. Pour l'instant le rapport de forces est en leur défaveur, mais l'idée reste et tient bon.

(L'administration Obama s'est enfin mise sérieusement à la guerre contre les paradis fiscaux : le premier état capitaliste de la planète juge qu'il y a là un biais qui fausse les règles du jeu et favorise l'argent sale, donc le crime. Evolution sur un sujet où les sociaux démocrates européens ont longtemps été seuls à prêcher. N'insultons pas l'avenir. "L'histoire, disait Marx, a plus d'imagination que les hommes.")

Incidemment, j'aime bien cette phrase d'Alain Minc :" Le capitalisme produit de l'efficacité et de l'inégalité."

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Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


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Message Publié : 25 Avr 2014 10:38 
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Salluste
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Pierma a écrit :
C'est aller un peu vite que de désigner comme idiots ceux qui n'admettraient pas les crises du capitalisme comme inévitables, voire souhaitables.

Pas forcément idiots : j'ai le plus grand respect pour les papous. Mais primitifs dans leur raisonnement, oui c'est mon avis.


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Message Publié : 25 Avr 2014 11:34 
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Georges Duby
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Pierma a écrit :
Incidemment, j'aime bien cette phrase d'Alain Minc :" Le capitalisme produit de l'efficacité et de l'inégalité."
Oui, la phrase incite même à comprendre pourquoi les socio-démocrates et socio-libéraux comme Minc ont accepté le capitalisme bien que ses progrès entrainent toujours plus d'inégalités. Ils l'ont fait pour deux raisons:
1/ la hausse des inégalités semblant toujours liée dans sa pratique à l'essor du capitalisme, le socialisme nouveau visage, social-libéral, doit corriger par le social avec ses prestations publiques, les inégalités dans l'entreprise, mais se garder d'intervenir dans l'économie en amont, sauf à faire respecter des règles de bonne conduite et d'encadrement du capitalisme comme il a été dit.

2/ Il faut savoir aussi que l'essor de l'économie compense l'accroissement des inégalités inhérent au libéralisme, en augmentant le niveau de vie des plus pauvres par rapport à des Etats refusant le libéralisme ou non développés.
C'est ce que sous-entend Rawls, philosophe américain très écouté actuellement, en le disant autrement: il vaut mieux pour un pauvre vivre en capitalisme développé avec des inégalités fortes corrigées, que dans des pays peu développés avec niveau de vie très bas. Il y gagne explique Rawls et c'est ce qui doit être mesuré et pas les inégalités.

Rawls formule ainsi son principe de différence au nom de sa théorie de la justice:
" « Second principe : les inégalités économiques et sociales doivent être telles qu'elles soient : (a) au plus grand bénéfice des plus désavantagés et (b) attachées à des fonctions et des positions ouvertes à tous, conformément au principe de la juste égalité des chances. »1.
Le principe (2a) est appelé principe de différence. Ce principe implique de maximiser les biens premiers (pouvoirs et prérogatives attachées aux différentes fonctions et positions, le revenu et la richesse, et les bases sociales du respect de soi) des plus faibles.
D'après Rawls :
« [Le principe de différence] ne demande pas à la société d’essayer d’atténuer les handicaps, comme si tous devaient participer, sur une base équitable, à la même course dans la vie. Mais il conduirait à attribuer des ressources à l’éducation, par exemple, avec comme but d’améliorer les attentes à long terme des plus défavorisés. Si ce but est atteint en consacrant plus d’attention aux plus doués, cette inégalité est acceptable, sinon, non. »
Une autre modalité concrète du principe de différence auquel songe Rawls est l'impôt négatif, aussi défendu par Milton Friedman :
« Le gouvernement garantit un minimum social soit sous la forme d’allocations familiales et d’assurances maladie et de chômage, soit, plus systématiquement, par un supplément de revenu échelonné (ce qu’on appelle un impôt négatif sur le revenu). » (wiki)

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