J'ai créé récemment deux fils, l'un sur le livre de François Azouvi, et l'autre sur la thèse controversée de Zeev Sternhell. Contre toute attente les deux fils se télescopent. A la page 334 de son livre, François Azouvi fait allusion aux travaux de Sternhell :
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Trois livres, presque simultanés, sont ici à considérer pour leur valeur de balises : du premier, L'idéologie française (Bernard-Henri Lévy), du second, La République et les Juifs après Copernic (Shmuel Trigano) et, du troisième, L'Avenir d'une négation (Alain Finkielkraut). Chacun des trois, selon la pente qui est la sienne, prend en compte l'un des aspects au moins que l'histoire française récente a rendus saillants : la permanence d'un antisémitisme bien de chez nous, révélé par l'affaire Darquier ; la montée du terrorisme antisémite avec l'attentat de la rue Copernic ; le fait nouveau du négationnisme, que l'affaire Faurisson a mis au jour.
Des trois livres, c'est celui de Bernard-Henri Lévy qui a eu le plus grand succès, et de loin, même si, aujourd'hui comme hier, ses faiblesses sautent aux yeux. Mais c'est qu'il surfait sur la crête d'une vague qui n'avait cessé de grandir tout au long des années soixante-dix : la dénonciation d'un fascisme à la française, longtemps occulté mais que les films et les romans récents auraient enfin obligé les Français à regarder en face. Il y avait déjà quelque chose comme cela dans le travail universitaire de l'historien israélien Zeev Sternhell, La Droite révolutionnaire, 1885-1914, publié trois ans plus tôt [1978]. Poursuivant une recherche antérieure sur le nationalisme de Maurice Barrès, Sternhell avançait l'idée non seulement que la France n'avait pas été préservée de l'infection fasciste, mais qu'elle en avait inventé le prototype dans une droite qui n'était ni contre-révolutionnaire, ni bonapartiste, mais qui opérait la synthèse insolite de l'idée révolutionnaire de gauche et de l'idée nationaliste, élitiste, hiérarchique et antisémite, de droite. Le travail de Sternhell, en dépit de ses qualités et de la nouveauté de son corpus, avait suscité beaucoup de réserves de la part des historiens qui lui reprochaient l'anachronisme de sa lecture, ses références étant toujours interprétées à la lumière des événements des années quarante.