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Message Publié : 07 Nov 2006 20:58 
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Et pourtant, cher Plantin-Moretus, l'effacement des intermédiaires est si prometteur ! Démocratie directe, démocratie participative, ce sont autant de théories à creuser. Je ne suis pas contre, par exemple, qu'un président, un premier ministre, ou même un ministre, s'adresse directement aux Français, sans questions de journalistes, sans utopie de la représentativité qui conduit l'Assemblée à s'estimer seule compétente pour écouter le gouvernement (alors que ses membres ne siègent jamais, qu'ils dorment, et n'écoutent que d'une oreille). Un rapport plus intime, une république moins républicaine dans ses institutions (pas plus monarchique, mais plutôt de "tribun").

Je serais beaucoup plus réservé dans mon appréciation de ce type de régime, Verchinine, que d’après votre exemple, je m’imagine comme une sorte de césarisme moderne s’appuyant sur le plébiscite (mais peut-être interprétè-je mal votre pensée ?). Vous considérez les corps intermédiaires comme des écrans, je les défends en tant que contre-pouvoirs.
Si cette utopie de la représentativité peut aveugler une assemblée, ne peut-elle pas tout autant s’appliquer à un seul homme ? Le « vertige du pouvoir » est en outre selon moi une dérive personnelle, et rarement collective : dans notre histoire, voire au-delà, seule la Convention montagnarde a pu y succomber, mais combien d’individus ?
Qu’entendez-vous par « rapport plus intime » ? Affectivité ? Dans des temps pas si lointains, des « tribuns » ont su à la perfection jouer sur ce registre pour séduire les foules.
Quant à l’absentéisme et au désintérêt des parlementaires que vous déplorez, c'est un peu plus compliqué; il faut savoir
- Que le travail parlementaire s’élabore avant tout en commission, les fastes de l’hémicycle n’étant que la partie immergée de l’iceberg, un théâtre pour la télévision.
- Que le député dont l’absence est remarquée et critiquée est probablement présent dans la permanence de sa circonscription, au contact de ses concitoyens, les mêmes qui un autre jour y déploreront son absence alors qu’il siège à Paris. Là est, pour moi, avec le cumul des mandats, le vrai problème de la représentativité : le représentant du peuple doit représenter le peuple, chacun d’entre eux tout le peuple, et pas à la fois la nation et une fraction d’entre elle.

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Message Publié : 08 Nov 2006 13:37 
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Mais l'existence du référendum prouve qu'il est possible de ménager des procédures où gouvernants et gouvernés se rencontrent.

A condition que les citoyens répondent réellement à la question posée, non pas comme en 1969 ou en 2005... :?
C'est une arme qui ne fonctionne véritablement que dans le cadre d'un régime proche du césarisme politique, lorsque la personne qui détient l'exécutif est omniprésente - voire omnipotente - et se tient à ses engagements devant le peuple des citoyens.
Le problème actuel de notre vie politique est qu'une grande partie des citoyens français pensent que ni l'un ni l'autre de leurs hommes politiques ne fera changer leurs situations individuelles. Un certain désintérêt et une sorte de fatalité s'imposent quant à la posibilité du bulletin de vote de faire changer quoique soit - surtout lorsqu'on observe la manière dont la prochaine élection est vendue ! :roll:
Ce n'est pas un bon état d'esprit, car l'Histoire nous a montré qu'en de telles circonstances, les régimes autoritaires avaient plus de chance de s'imposer.

Pour le reste, Plantin vous donne quelques précisions, que je ne vais pas recopier, puisque je suis de son avis ! :wink:

Bien à vous,

duc de Raguse.

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Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine


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Message Publié : 08 Nov 2006 16:35 
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Plutarque
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Plantin-Moretus a écrit :
Je serais beaucoup plus réservé dans mon appréciation de ce type de régime, Verchinine, que d’après votre exemple, je m’imagine comme une sorte de césarisme moderne s’appuyant sur le plébiscite (mais peut-être interprétè-je mal votre pensée ?). Vous considérez les corps intermédiaires comme des écrans, je les défends en tant que contre-pouvoirs.

Pas vraiment des écrans, mais des filtres qui absorbent beaucoup trop. La vie politique a ceci de particulier qui fait que les Français ne savent pas ce que font leurs représentants. La communication est coupée car elle est un vecteur de mécontentement. Plus de 1 000 actes législatifs sont promulgués chaque année : qui en connaît ne serait-ce qu'1% ? Certes, il y a le JO, mais se posera alors la question de l'intelligibilité.

Les corps intermédiaires, au lieu de représenter la communauté, ont de plus en plus tendance à se substituer à elle.

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Si cette utopie de la représentativité peut aveugler une assemblée, ne peut-elle pas tout autant s’appliquer à un seul homme ? Le « vertige du pouvoir » est en outre selon moi une dérive personnelle, et rarement collective : dans notre histoire, voire au-delà, seule la Convention montagnarde a pu y succomber, mais combien d’individus ?
Qu’entendez-vous par « rapport plus intime » ? Affectivité ? Dans des temps pas si lointains, des « tribuns » ont su à la perfection jouer sur ce registre pour séduire les foules.
Quant à l’absentéisme et au désintérêt des parlementaires que vous déplorez, c'est un peu plus compliqué; il faut savoir
- Que le travail parlementaire s’élabore avant tout en commission, les fastes de l’hémicycle n’étant que la partie immergée de l’iceberg, un théâtre pour la télévision.
- Que le député dont l’absence est remarquée et critiquée est probablement présent dans la permanence de sa circonscription, au contact de ses concitoyens, les mêmes qui un autre jour y déploreront son absence alors qu’il siège à Paris. Là est, pour moi, avec le cumul des mandats, le vrai problème de la représentativité : le représentant du peuple doit représenter le peuple, chacun d’entre eux tout le peuple, et pas à la fois la nation et une fraction d’entre elle.

Si justement la représentativité devient une illusion, c'est avant tout la faute à l'établissement d'une politique technique plus que théorique. Je suis de ceux qui remettent fortement en cause l'ENA dans sa formation des élites publiques. Un savoir normatif, technique, coupé des fondements mêmes de la politique qui sont la question du "vivre ensemble" et des rapports de pouvoir.

Par rapport plus intime, j'entends retrouver la proximité qui lie gouvernants ou gouvernés. La question "La France, une monarchie sans roi ?" est loin d'être infondée. La République telle que nous la vivons actuellement est une république aux pratiques monarchiques : les fondements de la République visaient à rapprocher le pouvoir du peuple. L'une des manifestations les plus évidentes de cette "monarchisation" de la République est le procès qu'on fait aux élites : le pouvoir est confisqué par les élites, aristocratiques ou bourgeoises, énarques et normaliennes. Versailles a explosé en une myriade d'autres "cours", les tours d'ivoire restent les mêmes. Je pense même que cette vision a dû être particulièrement acerbe dans les campagnes radicales qui ont vécu le dépeuplement et la perte d'activité à partir des années 70-80.

Le vertige du pouvoir est certes individuel, mais il est entretenu par un consensus collectif. La politique a ceci de difficile à admettre qu'un homme ne peut changer les pratiques. Il y a une complaisance évidente dans l'état de fait. Je ne donnerais qu'un exemple : Pierre Mendès France. Ce constat est ce qui est à la racine de deux mouvements d'opinion :
+ La défiance envers la classe politique
+ L'espérance en des jours meilleurs, d'où la volonté de renouveler et de rajeunir la classe dirigeante

Quant à l'absentéisme des députés, c'est certes une énigme complexe : des députés trop assidûs ne seront jamais dans leurs campagnes ; mais quand les lois sont votées par 100 députés sur près de 700, la démocratie s'exprime-t-elle vraiment ?

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Message Publié : 08 Nov 2006 17:04 
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Un savoir normatif, technique, coupé des fondements mêmes de la politique qui sont la question du "vivre ensemble" et des rapports de pouvoir.

Par rapport plus intime, j'entends retrouver la proximité qui lie gouvernants ou gouvernés

J’adhère tout à fait à ce constat et à ce souhait, mais pas totalement aux remèdes que vous proposez. Est-il besoin pour retremper la République dans la réalité, de réformes institutionnelles lourdes, et dangereuses selon moi ?
La suppression de l’ENA serait un premier pas, c’est cette vision intellectuelle et trop technique des problèmes qui sont le véritable filtre, bien davantage que les assemblées élues qui ont au contraire l’avantage de promouvoir périodiquement des hommes et des femmes non formatés par ces institutions.
Le cumul des mandats que j’évoquais serait un second pas, la politique doit perdre son caractère de professionnalisation : un homme qui est entré à l’ENA dans les années 50, puis dans les palais de la République (« ces tours d’ivoire », bonne image) en 1962, et qui ne les a jamais quittés depuis, peut-il encore effectivement comprendre ses concitoyens, les plus jeunes en particulier ?

Mais je prends comme exemple les démocraties scandinaves, pourtant des modèles de régime parlementaire, monarchies ou pas; en Finlande, on peut croiser la présidente dans les rayons d’un supermarché. Ce ne sont pas les institutions qui sont responsables du divorce entre les citoyens et leurs représentants, mais bien la formation et l’ «enkystement» de ces véritables «groupes professionnels» au sommet.

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Message Publié : 08 Nov 2006 17:09 
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J'ai lu une nouvelle, il y a plus de 25 ans (ce qui exxplique que je ne me souviens plus du nom de l'auteur). L'auteur racontait une histoire dans une société où régulièrement, (tous les 5 ans ?) les citoyens allaient se faire faire une empreinte informatique de ce qu'ils pensaient. Cela était intégré à un ordinateur qui gouvernait. Le gouvernement était donc l'image de ce que pensaient réellement les gens. Je ne me souviens pas des péripéties, mais il me semble que l'auteur dénoncait la dérive dictatoriale de cette machine.


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Message Publié : 08 Nov 2006 20:46 
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Grégoire de Tours
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Il n'y a pas d'"illusion de la représentativité". Cela fait 5 siècles que la théorie politique en Occident discute de la représentativité, et elle n'a que rarement penché du côté du mandat impératif ou du tirage au sort, seuls principes à même d'assurer une "vraie" représentativité du "peuple".

Pour avoir un bon aperçu de ces question, on peut se reporter avantageusement aux "Principes du Gouvernement Représentatif" de B.Manin, un classique.


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Message Publié : 08 Nov 2006 21:31 
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Plutarque
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Cher Plantin, j'ai dit plus haut que la crise profonde n'était pas institutionnelle mais relationnelle. Je suis pour un changement des pratiques politiques, car je sais pertinemment qu'aucune forme gouvernementale ne sera satisfaisante si la classe politique n'aborde pas différemment son rapport à la population. Mais, comment redéfinir les bases du contrat, comme je le propose ? Je n'ai pas vraiment d'idées. Une nouvelle Constitution serait le moyen le plus simple (mais écarté) ; des Etats Généraux sont un peu archaïques ( :D ) ; le renouveau peut être une solution : nouveaux hommes, nouveaux discours...

La République manque peut-être de discours : les hommes politiques parlent de problèmes, parlent en bons gestionnaires énarques, mais on a l'impression qu'il leur manque tout un fonds idéologique, philosophique, et théorique, qui pourrait permettre de créer un lien avec la population. Malheureusement, dans le régime si cloisonné et strict des partis, c'est souvent vu comme de la dissidence ou de la démagogie que de se lancer dans de grands discours extra-gouvernementaux. Reste la presse écrite et le secteur libraie : mais très honnêtement, sans avoir lu toutes les professions de foi de nos hommes politiques, il est quand même clair que leurs livres sont affligeants de conformisme et de démagogie. Entre les tirages dignes d'un volume d'Harry Potter, relayé par une campagne de com' complètement disproportionnée par rapport à l'événement relayé, Sarkozy n'a plus grand chose d'un homme politique ; le dernier bouquin de Jack Lang est une vulgate politique, dont le fonds n'est pas sot en soi (il parle de changer les pratiques, en s'éclairant à la lumière de Mendès, puis de nouvelle République), mais qui tranche avec le personnage : je me souviens d'un reportage sur lui diffusé il y a quelques semaines sur Canal + où on le voyait dans son restaurant préféré discuter avec le patron. Le journaliste demande au patron : "Quel est son plat préféré à Jack ?" [On est dans un restau italien]. Et Jack d'anticiper, en bon socialiste simple et sans fioritures bourgeoises : "J'aime les pâtes avec une bonne petite sauce tomate, toute simple". Et, hilarant, le patron de renchérir : "Vous ne les préférez pas au homard ou au crabe ?". "Non, non, à la tomate, tout simplement."

Politique stratégique plus que politique de conviction, cela doit sûrement jouer sur la défiance. Les Français ne sont pas stupides et savent reconnaître une langue de bois. Ils savent aussi qu'elle est parfois nécessaire à la sûreté de l'Etat. Je me souviens de l'affaire "Suzy et Gros loup, où la place Beauvau négociait avec une organisation terroriste via des petites annonces amoureuses : cacher qu'une organisation terroriste planifiait des attentats sauf rançon, c'est par abstraction une faute politique. Mais en ce cas précis, entre le respect absolu d'une morale et la crainte justifiée d'une psychose (on a vu ce qu'a donné les prévisions de grippe aviaire sur le stock de masques et de Tamiflu), l'Etat a su être pragmatique, et les Français n'ont pas protesté outre mesure. Mais dans la majorité des cas, la langue de bois sert à ménager des sympathies partisanes ou à cacher des vérités qui vous mettent en position indélicate. Qu'on taxe Chirac de langue de bois quand il refuse de répondre aux journalistes qui lui demandent s'il va se présenter, c'est abusif ; mais quand il s'agit de broder de fil d'or un canevas troué ou de mentir par omission, c'est autre chose.

On pourra qualifier cette lutte pour l'établissement d'une morale d'archaïque, surannée et utopique, mais au moins elle n'est pas démagogique car elle se place au-dessus des partis : curieusement, mis à part les extrêmes, qui parce qu'ils se savent exclus des rouages du pouvoir tiennent des discours de rupture clairement conçus (on pensera ce qu'on voudra du fond, je laisse ça aux débats idéologiques, qui n'ont pas leur place ici soit dit en passant), tous les autres partis n'ont pas de ligne par peur de la division. Or, la concorde politique est une illusion, sauf quand elle est circonstancielle : il y a toujours des thèmes que l'on rejette dans un parti sans remettre en cause notre appartenance à celui-ci ; tout comme, lorsqu'on vote un texte de loi, on rechigne toujours sur un article, mais on vote pour un global qu'on estime satisfaisant par-delà une somme de particuliers.

Il y a là peut-être une forme de renouveau. J'ai l'impression que les Français recherchent de plus en plus à dépasser un clivage gauche-droite. Sans doute une résurgence (trop ?) tardive d'un vieux fonds de mentalité français, comprimé entre une conscience de Tiers-Etat et de classe moyenne, et une fierté absolue de son pays, sa culture et ses valeurs. Il y a un mouvement de recomposition actuellement : à gauche, Pascal Lamy tente de faire ingérer au PS l'acceptation de l'économie de marché ; à droite, le gouvernement Villepin renoue avec les accents gaulliens en promouvant la République sociale.

C'est en allant dans le troisième sous-sol braudélien qu'on se rend compte que la Révolution Française a été un demi-échec. Elle a contribué à l'établissement de nouvelles valeurs, mais n'a pas vraiment aboli le fossé des élites : l'aristocratie privilégiée a été remplacée par une bourgeoisie du capital. Parfois même, on retrouve les mêmes personnes : d'Orléans, Lafayette et Rochambeau, par exemple. C'est ce qu'on retrouve aujourd'hui : à côté des quelques derniers aristocrates, dont la moitié sont des faux fieffés, comme VGE, coexiste la frange plus large de ceux issus des grandes familles, parfois déjà introduites. Jack Lang le fils d'une riche famille de Nancy, Ségolène Royal fille d'un colonel et fonctionnaire de l'administration, Laurent Fabius, l'émoulu de Janson-de-Sailly, Balladur fils de banquiers, Villepin le fils de hauts fonctionnaires, Sarkozy, l'aristocrates hongrois... Toutefois, gare à la tentation de comparaison à la IIIe République : le tableau est un peu plus homogène, avec Jospin, Bayrou, notamment.

Là où nous sommes aussi en cause, c'est que nous avons tendance à taper sur l'ENA pour en faire un bouc émissaire. Or, sous quelque République qu'on se place, les hommes politiques ont toujours été issus d'un cercle d'élite. Il y avait sans doute plus d'intellectuels sous la IIIe que maintenant, mais les temps ont aussi changé. Si bien qu'au final, ce n'est pas tant d'où viennent nos hommes politiques qui est problématique, c'est la composition des promos. Que nos dirigeants posent le pied dans les ministères en étant sortis par le petit trou de l'entonnoir, c'est somme toute logique : la focale se porte sur le côté évasé de l'entonnoir.

C'est pourquoi je suis assez réservé sur un vrai distinguo entre politique théorique et politique pratique. Le métier politique demande des compétences techniques indéniables, surtout dans certains ministères ciblés, à plus forte raison en ces temps de globalisation. Mais à trop s'engouffrer dans la voie de la technique, de la rationalité, on en oublie que la gouvernance est dans le sublunaire, dans l'insoumission aux lois scientifiques. Voilà pourquoi l'ENA me semble avoir sa place : elle professe un savoir utile, bien qu'à repenser. D'ailleurs, le débat que posent les anciens élèves des promotions (Chevènement, un rapport d'étudiants de la promotion Senghor) ou les sociologues (Bourdieu) portent plus sur le renouvellement des élites plus que sur l'utilité même de l'ENA.

Si l'on nous faisait confiance à nous, historiens... :cry:

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Message Publié : 08 Nov 2006 21:48 
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Grégoire de Tours
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Localisation : Allauch
La question de fond est: peut il avoir encore une politique?
Depuis quelques années, notre politique se fait dans le panier^^

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"La France n'est plus qu'un simple simulacre. On ne peut plus parler de déclin, ni de décadence. Nous sommes devant la mort et la disparition." Jean de Viguerie


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Message Publié : 08 Nov 2006 22:09 
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Grégoire de Tours
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Verchinine a écrit :
Là où nous sommes aussi en cause, c'est que nous avons tendance à taper sur l'ENA pour en faire un bouc émissaire.

Ce que l'on reproche au fait que la quasi totalité de notre classe politique soit issue de l'ENA, c'est non seulement qu'elle soit coulée dans le "même moule", mais aussi que ce moule soit celui de la fonction publique ; à tort ou à raison, je ne sais pas, faute de connaître les programmes de l'ENA.
Mais dans le principe, si l'ENA comme son nom l'indique sert à former des fonctionnaires, ceux qui en sont issus font carrière dans l'administration (inspection des finances, préfectures, etc.), mais quelle expérience ont-ils de ce que d'aucuns appelleraient la "vraie vie", c'est-à-dire (en matière d'économie) celle de l'entreprise ?
C'est d'autant plus gênant si l'on considère que, depuis 1945, l'emprise de l'Etat sur la société est allée en s'affaiblissant.


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Message Publié : 08 Nov 2006 22:44 
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Plutarque
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Il arrive quand même que les passerelles privé - public existent : Thierry Breton est passé par France Télécom avant d'arriver à Bercy ; Aillagon est allé s'échouer à TV5 après avoir été ministre de la Culture. Sans doute les frais émoulus de l'ENA vont-ils aussi s'aguerrir ailleurs. Mais c'est vrai que l'ENA fait considérer qu'il y n'y a qu'un certificat d'aptitudes aux affaires publiques, c'est le sien.

Mais les cursus honoris sont partout : il n'y a qu'à voir la maxime "faut être normalien pour être prof en fac"... :wink:

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Message Publié : 08 Nov 2006 22:58 
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Salluste
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Localisation : TOULOUSE
Je pensais que JJ Aillagon avait été prof d'histoire-géo. Je ne suis pas certain qu'il soit sorti de l'ENA, mais je peux me tromper.
Et avant d'être ministre de la culture, il était déjà président du Centre Pompidou...

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Nous sommes des nains juchés sur des épaules de géants...


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Message Publié : 08 Nov 2006 23:37 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 01 Nov 2006 16:49
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Localisation : Triangle des bermudes
J'ai l'impression que la discussion tourne autour du vide concernant le renouvellement de la classe politique.
La démographie, l'émigration des élites et la prédation politique me semblent être des causes probable de cet appauvrissement.
Sinon, l'ENA m'apparaît être la voie prestigieuse. Certes, elle est sous le feu des critiques mais il y a fort à parier que ses administrateurs sauront en tirer les leçons pour l'avenir.

"Il faut savoir baisser la tête pour éviter de piétiner les fruits dessous ses pieds"

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Liberté, Egalité, Fraternité


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Message Publié : 09 Nov 2006 9:17 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 23 Avr 2005 10:54
Message(s) : 604
sénéchal a écrit :
Je pensais que JJ Aillagon avait été prof d'histoire-géo. Je ne suis pas certain qu'il soit sorti de l'ENA, mais je peux me tromper.
Et avant d'être ministre de la culture, il était déjà président du Centre Pompidou...


Ce n'est pas non plus le cas de P.Bourdieu, qui était plutôt Normalien.


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Message Publié : 09 Nov 2006 17:34 
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Plutarque
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Localisation : Paris et Toulouse
Ca n'a pas empêché Bourdieu de critiquer l'ENA dans un ouvrage. :wink:

De toute façon, le procès est difficile : quand les énarques deviennent des fonctionnaires, on ne remet pas en cause l'ENA. C'est quand ces fonctionnaires ont des ambitions politiques qu'on la trouve inadaptée. Etre auditeur à la Cour des comptes, ça ne s'apprend pas dans des livres, quand même.

Après, qu'est-ce qui empêche de nos jours un individu brillant qui n'est pas énarque d'entrer en politique et de s'y faire une place ? Probablement le reste de la classe politique...

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