Nous sommes actuellement le 27 Avr 2024 4:43

Le fuseau horaire est UTC+1 heure




Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 96 message(s) ]  Aller vers la page Précédent  1, 2, 3, 4, 5, 6, 7  Suivant
Auteur Message
Message Publié : 09 Juin 2009 13:44 
Hors-ligne
Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 15 Nov 2006 17:43
Message(s) : 3549
Localisation : Lorrain en exil à Paris
Limpide en effet, et c'est pour cela que nous tous apprécions Tonnerre: il est clair et défend ses idées de façon intelligente, ce qui fait de lui un intervenant tout à fait agréable.

Ceci dit, je ne peux absolument pas être d'accord avec lui sur ce sujet précis. Instaurer de la démocratie en tous lieux cela revient à dire "tout le monde est compétent". Et pour ma part, je me refuse à admettre qu'un étudiant soit aussi compétent en matière d'enseignement que son professeur. Que les professeurs soient criticables, c'est une chose. Qu'on veuille les évaluer, cela est déplaisant, mais pourquoi pas. Mais sûrement pas par les élèves! L'inversion des rôles atteint son comble avec ce genre d'idées. Si un étudiant veut juger son professeur et refuser que celui-ci ait une autorité morale liée à sa capacité intellectuelle reconnue par ses pairs et la société, alors autant qu'il cesse de faire des études, car cela est le principe même des études supérieures.

_________________
"[Il] conpissa tous mes louviaus"

"Les bijoux du tanuki se balancent
Pourtant il n'y a pas le moindre vent."


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 09 Juin 2009 13:52 
Hors-ligne
Marc Bloch
Marc Bloch
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 09 Août 2006 6:30
Message(s) : 4160
Localisation : Allemagne
Je partage votre point de vue Alfred, mais justement Tonnerre, répond par avance à vos objections. Ou, tout au moins, c'est ce qui m'apparait ;) Je crois que l'évaluation porterait plus sur la pédagogie , la manière de faire passer le savoir que sur le contenu du cours, où je suis d'accord avec vous , c'est quand même celui qui sait qui doit enseigner à celui qui ne sait pas. Ou alors, il n'y a plus qu'à tirer l'échelle lol

_________________
" Je n'oublie pas le Colonel Arnaud Beltrame "


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 09 Juin 2009 14:33 
Hors-ligne
Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 15 Nov 2006 17:43
Message(s) : 3549
Localisation : Lorrain en exil à Paris
J'ai connu des professeurs pas du tout pédagogues, et pourtant, je trouve - pour avoir bien connu pas mal d'excités - qu'évaluer sur la pédagogie va très vite entraîner des dérives du genre "ce prof est un mauvais pédagogue, la preuve si j'ai eu une mauvaise note sur son cours c'est qu'il avait mal expliqué".

_________________
"[Il] conpissa tous mes louviaus"

"Les bijoux du tanuki se balancent
Pourtant il n'y a pas le moindre vent."


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 09 Juin 2009 15:00 
Hors-ligne
Modérateur Général
Modérateur Général
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 20 Juin 2003 22:56
Message(s) : 8180
Localisation : Provinces illyriennes
Je peux comprendre aussi la position de Tonnerre.
Mais, il y a un point fondamental où il se trompe, ce qui fausse tout son postulat :

Citer :
A votre avis, quel est le professeur qui est le plus respecté des étudiants, celui qui se comporte en monarque absolu dans son cours, ou celui qui est ouvert aux vues de ses étudiants, capable de les entendre, le cas échéant de les intégrer à son travail d'enseignant, (sans toutefois tomber dans la démagogie)?

Ce ne sont pas toujours ces critiques qui viennent des étudiants, mais plutôt la notation qui est première. C'est une continuité du collège et du lycée : le prof qui est exigeant est souvent perçu comme un sale type et celui qui est (très) indulgent est un brave gars, voire un copain. A partir de là, on peut deviner facilement le système de notation qui va se mettre en place, ainsi que la démagogie que vous redoutez... :rool:
Il y a bien longtemps que les professeurs d'Université ne se comportent plus en monarque absolu Tonnerre et qu'ils tiennent compte des remarques et des demandes de leurs étudiants.
Sans doute quelques spécimen existent encore, mais ils sont en voie de disparition. :wink:

_________________
Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 09 Juin 2009 16:25 
Hors-ligne
Eginhard
Eginhard

Inscription : 01 Déc 2007 12:34
Message(s) : 899
Qu'est ce qui sépare un bon, voir un très bon enseignant-chercheur d'un enseignant-chercheur moyen pour ne pas dire mauvais. Malheureusement il y'en a encore dans le supérieur qui sont non seulement parfois hautains mais n'ont pas le recul nécessaire pour comprendre qu'en première ou deuxième année de Licence (autrefois le DEUG) ils ont en face d'eux un public d'étudiants hétéroclites n'ayant pas tous, loins s'en faut un bagage historique ou géographique suffisant sans que cela soit entièrement de leur faute. Tant sur le plan culturel que méthodologique.

(Origine du milieu social, du lycée, capacité d'analyse et de synthèse, esprit critique et raisonnement historique assez poussés)

Il y'a des enseignants dans le supéieur qui se comportent quasiment comme des robots, ayant instaurer une sorte de "mécanique" ou de "système" assez stricte et "cadré" pour ne pas dire austère. Qui aménéra forcément parfois à des échecs non voulues alors que des étudiants non sorties par exemple d'écoles de prépa échouent car ils n'ont pas compris la pensée, la réflexion historique de certains profs du supérieurs malgrès des efforts plus ou moins notables. Pourquoi seraient-ce uniquement à eux de s'adopter à ce genre de difficultés uniquement et pourquoi ne pourrait-il pas y avoir une sorte de réciprocité? L'enseignant-chercheur devrait "s'adapter" également à son public, constitués de jeunes étudiants hétéroclites, venus de divers horizons afin de rendre don cours à la fois "vivant" et clair.

Et cette manière d'enseigner l'histoire est contestable d'un point de vue méthodologique, didactique, théorique.

L'histoire est une science humaine, pas une science exacte, il y'a des enseignants du supérieur dans les universités qui devraient essayer de le comprendre. Pas étonnant dès lors que de jeunes étudiants en première ou seconde année se retrouvent désapointés et surtout déçus par cette "manière", ce "procédé" d'enseigner l'histoire dans des universités.

_________________
''L'histoire, je le crains, ne nous permet guère de prévoir, mais, associée à l'indépendance d'esprit, elle peut nous aider à mieux voir.'' Paul Valéry


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 09 Juin 2009 16:44 
Hors-ligne
Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 27 Avr 2008 14:42
Message(s) : 2320
Citer :
Ils sont considérés capables d'élire un président de la République mais pas capables d'émettre des appréciations valides sur leurs professeurs une fois par an? 8-| 8-|



Pas plus que moi je ne suis capable de noter mon médecin sur son savoir médical, je lui fais confiance.

_________________
Alceste

Que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants... ne soient pas des signaux de haine et de persécution...

La prière de Voltaire, Traité sur la tolérance, Chapitre XXIII


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 09 Juin 2009 16:54 
Hors-ligne
Eginhard
Eginhard

Inscription : 01 Déc 2007 12:34
Message(s) : 899
Votre médecin a interêt à être vraiment bon ma chère Alceste.

Car des mauvais médecins formés, diplômés cela existe. :mrgreen:

Sinon rien n'est plus insupportables que des profs de fac qui adorent s'écouter parler (en prenant un air sérieux comme s'ils étaient dans une pièce de théâtre) et ne se préoccupent guère des murmures/ chuchotements d'étudiants en plein cours d'amphi ou de T.D.

_________________
''L'histoire, je le crains, ne nous permet guère de prévoir, mais, associée à l'indépendance d'esprit, elle peut nous aider à mieux voir.'' Paul Valéry


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 09 Juin 2009 17:20 
Hors-ligne
Modérateur Général
Modérateur Général
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 20 Juin 2003 22:56
Message(s) : 8180
Localisation : Provinces illyriennes
Sortez de leurs cours mon cher ! :mrgreen:
C'est cela le baromètre lorsque j'étais étudiant : les profs nullissimes voyaient les rangées de l'amphithéâtre se vider - c'est bien mieux qu'une note établie sur des critères fantaisistes. Ce qui est gênant, c'est que leur hiérarchie n'a jamais rien fait ou dit. C'est là qu'est l'os et pas ailleurs !

_________________
Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 09 Juin 2009 18:42 
Hors-ligne
Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 27 Avr 2008 14:42
Message(s) : 2320
Citer :
Citer :
C'est cela le baromètre lorsque j'étais étudiant : les profs nullissimes voyaient les rangées de l'amphithéâtre se vider - c'est bien mieux qu'une note établie sur des critères fantaisistes. Ce qui est gênant, c'est que leur hiérarchie n'a jamais rien fait ou dit. C'est là qu'est l'os et pas ailleurs


Dans mes études les profs que l'on avait le plus envie de fuir, étaient la hiérarchie. Ils avaient fait d'excellents livres dans leur jeunesse et finissaient leur carrière en piteux état. C'est vrai qu'il n'y a pas de sanction contre un mauvais, mais on n'a pas trouvé le système qui éliminerait les vrais mauvais sans fragiliser les bons qui dérangent les autorités. Et puis s'il y en a un comme ça par université ce qui est à peu près le tarif, ce n'est pas si grave, ça remonte le moral de leurs collègues sur qui se reporte l'affection des étudiants, ça apprend à ceux-ci l'autonomie. Même parmi les profs de khâgne qui sont pourtant inspectés j'ai rencontré des nullités solennelles, mais ça fait partie des souvenirs de guerre du khâgneux.

_________________
Alceste

Que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants... ne soient pas des signaux de haine et de persécution...

La prière de Voltaire, Traité sur la tolérance, Chapitre XXIII


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 10 Juin 2009 7:08 
Hors-ligne
Polybe
Polybe

Inscription : 22 Oct 2006 19:15
Message(s) : 60
Localisation : Paris
Salut à tous,

Sujet épineux et dans l’air du temps (on ne parle beaucoup entre collègues à l’université).
Quelques remarques en passant :

- Penser que les étudiants, par le simple fait qu’ils sont nombreux et que les biens disposés compenseront les «mauvais joueurs», puissent dégager des critères de ce que doit être «un bon cours» me paraît aussi naïf que de penser que Wikipédia, parce que chacun peut y apporter sa petite touche, est une source d’informations de bonne qualité.

- Généraliser l’évaluation des experts par des non-experts, c’est souhaiter une société parfaitement horizontale. Ca signifie un certain relativisme du critère d’expertise ou alors accepter que l’on puisse évaluer une activité que l’on ne comprend ni ne maîtrise.

- On peut également penser que l’évaluation puisse prendre le tour d’une enquête de satisfaction, mais cela revient à réduire l’étudiant à un rôle de consommateur. «J’aime», «J’aime pas» seraient alors les critères de base. Tout à fait l’inverse de ce que l’on cherche à faire des jeunes esprits qui nous sont confiés (c’est peu ou prou ce que l’on souhaite savoir dans «les Ecoles», comme on dit pudiquement chez nous. A quoi ça sert ? A s’assurer par le bouche à oreille que les inscriptions continuent de s’accroître en générant un buzz positif sur le court terme).

- Suis-je un bon enseignant si mes étudiants me trouvent pédant, difficile à comprendre et que mes épreuves de fin de semestre sont jugées «infaisables», mais qu’ils en tirent bénéfices dans le cadre de leur formation et par la suite quand ils passent des concours plutôt ardus ?

J’ajouterais qu’à titre tout à fait personnel je demande systématiquement à mes étudiants d’évaluer mes TD / CM en fin d’année ou de semestre. Paradoxal ? Pas tant que ça : je me sers de leur évaluation pour faire évoluer mes cours sans jamais oublier que ces évaluations viennent de jeunes en pleine formation, peu conscients des enjeux réels (enfin, pas tous, loin de là, mais il suffit de parler orientation, méthodes de sélection et autres pour se rendre compte qu’ils ont quand même pas mal de difficultés à avoir une vision globale et effective du rôle de leur scolarité) de cette dernière. Peu fiables pour une hiérarchie qui chercherait à déterminer qui est «bon prof» ou qui ne l’est pas, mais instructif pour l’enseignant lui-même.

Mais alors, quid des tocards, des enseignants-gnants-gnants et autres bras cassés de l’université ?
D’abord, ils ne sont pas légion (où alors, ils se cachent et je ne les ai pas vu). Ensuite, pour améliorer ls choses et comme le disait Duc de Raguse, il serait très profitable que l’institution remette l’accent sur l’activité d’enseignement en interne. Qu’on arrête de regarder le jeune prof de fac avec un regard mi-amusé, mi-désapprobateur quand celui-ci se débat pour préparer des cours qui tiennent la route, que les mandarins encadrent un peu plus leurs ouailles à ce niveau et pas seulement les activités de recherche et surtout, qu’on nous donne les moyens d’enseigner dans de bonnes conditions (matériel, bonifications autres qu’anecdotiques, salles en bon état et un peu de flexibilité).

Bref, l’évaluation oui... mais non.

Ciao

OP

_________________
<i>On ne se fait pas putain comme on s'fait nonne,
C'est du moins ç'qu'on prêche en latin à la Sorbonne<i>


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 10 Juin 2009 9:30 
Hors-ligne
Modérateur Général
Modérateur Général
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 20 Juin 2003 22:56
Message(s) : 8180
Localisation : Provinces illyriennes
Citer :
On peut également penser que l’évaluation puisse prendre le tour d’une enquête de satisfaction, mais cela revient à réduire l’étudiant à un rôle de consommateur. «J’aime», «J’aime pas» seraient alors les critères de base.

Il est bien là le problème.
Ce n'est pas infantiliser les étudiants ni avoir un jugement méprisant envers eux que d'affirmer clairement que la majorité d'entre eux ne sont pas capables de juger objectivement le travail d'un enseignant avant la licence. Après c'est différent, la "majorité" change de camp, si l'on peut dire. :wink:
La plupart d'entre eux ont encore des réflexes issus du secondaire et se comportent souvent en consommateurs. Nous n'étions pas bien différents lorsque nous quittions les amphis à l'époque, mais jamais nous n'aurions demandé à noter les profs (quelle perte de temps au passage, on était là pour autre chose ! :wink: ). On bossait dans notre coin si le prof était mauvais et on n'allait pas à ses cours, point barre. Le problème, c'est qu'aujourd'hui on cherche à assister l'étudiant, alors qu'il a tout à portée de main. N'oublions pas les 50% officiels planifiés d'une classe d'âge à bac +3. 8-|
Enfin, l'"institution" connaît très bien ces "bras cassés" et c'est à elle de faire cesser cette hypocrisie, connue de tous dans les couloirs, mais elle n'assume pas tout simplement son rôle par peur d'accusation de "condamnations arbitraires", alors on préfère lancer cette horizontalité systématique aux fondements douteux. A quand l'élection des profs par les étudiants ? :mrgreen:

Citer :
Bref, l’évaluation oui... mais non.

Absolument, conclusion partagée.

_________________
Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 10 Juin 2009 10:22 
Hors-ligne
Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 04 Juin 2006 12:47
Message(s) : 2720
Localisation : Centre
C'est intéressant, pour un individu bi-culturel comme moi de voir les constantes culturelles à l'oeuvre: pour les Français, tout changement est perçu comme un danger, quelque chose qui menace une situation acquise, l'innovation est ce qui risque de vous faire perdre quelque chose. Pour les citoyens de mon autre pays, le changement est vu à priori comme progrès, amélioration, quelque chose dont on va pouvoir retirer des avantages.

Les évaluations ne changent pas radicalement la donne, il n'y vraiment aucune raison d'en faire une montagne. Et pour Alfred : il ne s'agit pas du tout d'instaurer la démocratie, même pas la monarchie constitutionnelle B) . Un vote démocratique est exécutoire, je vous rappelle que les évaluations n'ont de valeur qu'indicative: vous en faites ce que vous voulez. Libre à vous d'ignorer les remarques qu'elles contiennent; mais bien sûr ignorer une critique qui revient constamment dans un grand nombre d'évaluations serait faire preuve d'un très mauvais jugement; j'ai souligné que ces évaluations vous apportaient un feedback, et donc étaient un instrument de pilotage précieux pour mener son cours, je n'y reviens pas.
J'ai toujours eu de bonnes ou excellentes évaluations majoritairement--j'insiste sur majoritairement: ce qui est pris en considération, c'est la tendance générale, deux ou trois mécontents isolés ne signifient rien. Ces évaluations sont nominales; sont aussi relativisées celles écrites par des étudiants ayant de mauvais résultats. Réciproquement, elles ne sont connues du professeur que lorsque celui-ci a rendu toutes ses notes.
Ce qui me surprend, c'est que ne voyiez que les risques de cette pratique, dont la plupart sont majorés ou carrément illusoires, et que vous ne voyiez pas la légitimité, la validation que confèrent de bonnes évaluations au professeur qui les reçoit: c'est excellent pour l'avancement, ça réduit la dangerosité de certaines éventuelles malveillances de supérieurs, ça modifie le rapport de force avec l'administration en votre faveur: checks and balances! Quelqu'un qui a de bonnes évaluations est je ne dirais pas intouchable (personne ne l'est) mais en tout cas sérieusement protégé. De plus, en tant que responsable de département, je me suis servi plus d'une fois des évaluations pour faire pression sur l'administration pour obtenir tel ou tel crédit pour le département, amélioration, changement des règles de fonctionnement, etc. De bonnes évals font que vous ne parlez pas seulement en votre nom (et au nom des professeurs du département) dans une négociation, vous êtes en quelque sorte et dans une certaine mesure, le représentant "élu" des étudiants, et ça change tout.
Ce qui m'étonne aussi, c'est que beaucoup de posts expriment une méfiance profonde envers l'intelligence et le jugement d'étudiants adultes qui sont jugés capables d'assimiler des connaissances très complexes en cours mais incapables d'avoir une opinion pertinente sur la façon dont leur professeur leur transmet ces connaissances. J'admets volontiers l'objection que les étudiants américains sont plus responsabilisés que leurs collègues français, ne serait-ce qu'à cause du coût élevé de leurs études, mais justement, il me semble que des réformes allant dans le sens d'une plus grande responsabilisation, tant pour les professeurs que les élèves, sont ce qui devrait être recherché.
En ce qui me concerne, le bilan de ce système est globalement positif; les évaluations m'ont été indiscutablement bénéfiques et m'ont peut être même sauvé la mise une ou deux fois dans des conflits avec mon administration. En fait, je ne conçois même pas comment on peut refuser de prendre en considération le point de vue des premiers intéressés, car tout de même l'enseignement est institué prioritairement pour le bénéfice des enseignés, ce qui ne semble pas être une notion très populaire en France. Sans vouloir offenser personne, lol on dirait que, dans ce cher vieux pays, l'enseignement est conçu comme devant fonctionner avant tout pour les professeurs, la poste pour les postiers, et en général la fonction publique pour les fonctionnaires...
Pour Alceste, vous recommandez d'avoir une confiance aveugle dans son professeur comme dans son médecin; non seulement c'est une vision très hiérarchique et datée de rapports qui sont maintenant conçus--du moins sur le papier--comme moins "verticaux" et plus collaboratifs, mais c'est une attitude dangereuse: au vu du nombre considérable de décès d'origine iatrogénique, je prédis une existence assez brève aux naifs (ou paresseux) qui remettraient ainsi totalement leur vie entre les mains de l'autorité médicale. Il est heureux pour moi que je n'aie pas suivi cette ligne de conduite; si c'avait été le cas, je serais à l'heure actuelle en train d'écouter des harpes. :mrgreen:


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 10 Juin 2009 10:29 
Hors-ligne
Modérateur Général
Modérateur Général
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 20 Juin 2003 22:56
Message(s) : 8180
Localisation : Provinces illyriennes
Citer :
pour les Français, tout changement est perçu comme un danger, quelque chose qui menace une situation acquise, l'innovation est ce qui risque de vous faire perdre quelque chose.

Je pense que ce jugement s'applique mal à la question. Car, franchement, elle est où l'innovation en question ? En quoi l'évaluation des enseignants par les étudiants serait une "réforme" ? Où en serait le bénéfice ? Est-ce que cela augmenterait le niveau, le taux de réussite à l'Université ? J'ai dû mal à y voir une "réforme", un progrès ou une l'innovation quelconque...

Citer :
Sans vouloir offenser personne, on dirait que, dans ce cher vieux pays, l'enseignement est conçu comme devant fonctionner avant tout pour les professeurs, la poste pour les postiers, et en général la fonction publique pour les fonctionnaires...

Ce n'est pas ma vision des choses.

_________________
Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 10 Juin 2009 10:50 
Hors-ligne
Eginhard
Eginhard

Inscription : 01 Déc 2007 12:34
Message(s) : 899
Si des évaluatios d'étudiants sont réellement pertinentes et intéressantes d'un point de vue didactique, méthodologique, de l'organisation du cours ou est le problème?

Je n'en vois aucun! Après, il faudrait être un peu naifs (léger euphémisme) pour croire qu'elles feront "force de loi" auprès d'enseignants-chercheurs dont des cours peuvent être critiquables de manière objective et non par rancoeur à cause d'une soit disant mauvaise note à un examen au final. :rool:

S'il y'a encore des enseignants-chercheurs psychorigides ou rétrogrades, c'est leur problème, pas celui de leurs étudiants.

_________________
''L'histoire, je le crains, ne nous permet guère de prévoir, mais, associée à l'indépendance d'esprit, elle peut nous aider à mieux voir.'' Paul Valéry


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 10 Juin 2009 11:13 
Hors-ligne
Polybe
Polybe

Inscription : 22 Oct 2006 19:15
Message(s) : 60
Localisation : Paris
Re-salut,

Moi ce que je trouve étonnant ce sont les bons vieux topoi que l’on voit ressurgir et qui sont tout sauf des arguments.

Le changement. Serait-il bon en lui-même et pour lui-même ? Dans ce cas, je vais conseiller ardemment aux collègues américains de changer pour un système sans évaluation. S’ils refusent, c’est forcément qu’ils ont peur du changement...

Le mépris de l’intelligence des étudiants. C’est oublier que l’on ne parle pas de leur capacité à comprendre, mais bien de leur inexpérience des choses du travail (que ce soit l’enseignement ou autre) et des moyens d’y parvenir. Point d'intelligence en question ici.
Mon obsession de l’orthographe est souvent considérée comme une lubie par mes élèves... puis plus du tout quand ils reviennent après un ou deux ans dans le monde de l’entreprise.
Idem pour mes reprises un peu musclées qui me valent le surnom de Docteur House chez mes masters. Etrangement, ceux que je revois après un concours reconnaissent que l’entraînement était profitable.
Dans ces deux cas, les fruits d’une méthode se recueillent après le moment d’une éventuelle évaluation.
D’un autre côté, si je ne leur laisse pas le choix sur ma manière de travailler avec eux, je trouverais malhonnête de les tenir responsable de ne pas comprendre en quoi elle est efficace. Si j’étais évalué, changerais-je mon fusil d’épaule ?
Et je ne parle ici que de mise-en-scène des enseignements, j'ai laissé de côté le mariole qui se permet de trouver ma liste de fiches de lecture à faire peu digne de lui (si, si, ça existe...)

La défense d’un pseudo corporatisme. Si avoir des idées sur la meilleur manière d'enseigner c'est défendre une corporation, alors oui, je suis corporatiste ; Si c'est en espérer des avantages, là, franchement, je ne vois pas... Connaissant nos échelles de salaire et nos conditions d'enseignement, si j'avais quelque chose à défendre en premier, ce ne serait pas vraiment ces questions d'évaluation.

L'omnicompétence. Désolé, mais personnellement, je ne peux pas vraiment juger des expertises de mes médecins. Ni de mes plombiers, de mes garagistes ou de mon avocat (et pourtant, en ce qui concerne ce dernier et à propos de mes droits d'auteur j'essaie pour ne pas me faire gruger). Prétendre le contraire (et j'en connais qui sont des pluri-spécialistes de comptoir de café) ce serait effectivement militer de fait pour une horizontalité des compétences qui est une pure infatuation de l'égo. J'en reste à ce que je sais faire et je bougonne dans mon coin quand je reçois les notes de travaux / honoraires / etc. Tout au plus, j'essaie de faire jouer la concurrence et me faire une idée sur ce qu'on me raconte. Je crois que c'est de l'humilité et un peu de fatalisme.

Quant à savoir si les évaluations peuvent servir d'argument face aux collègues, à la direction ou que sais-je d'autre, pour moi, c'est très grave d'avancer de telles choses. Que ma direction me sanctionne, c'est normal, ce sont mes pairs. Mais que je puisse brandir mes évaluations faites par des étudiants pour proclamer que je suis un bon prof, là, je trouve que l'on nage en pleine démagogie.
Que chercherais-je donc à faire ? A me faire apprécier de mes élèves et non plus à enseigner. Cela servira ma carrière, pourquoi me gêner ? Un note qui dérange, hop, remontée; Un cours qui déplaît ? Hop, on en sort un autre...
C'est un système de clientélisme en quelque sorte.
Check n balances ? Système de marchand de tapis plutôt !

Alors certains diront qu'un cours qui n'est pas apprécié ne sert à rien; Je défends personnellement l'idée contraire: rien de bon ne se fait sans contraintes et efforts. Sur le moment, c'est désagréable, mais après ça paie.
C'est peut-être cette ligne de fracture (très présente dans le secondaire entre les truffes fascinées par le pédagogisme et les profs jugés réactionnaires qui faisaient encore leur boulot quand j'y enseignais) qui me paraît au centre du sujet.

A+

OP

_________________
<i>On ne se fait pas putain comme on s'fait nonne,
C'est du moins ç'qu'on prêche en latin à la Sorbonne<i>


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Afficher les messages publiés depuis :  Trier par  
Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 96 message(s) ]  Aller vers la page Précédent  1, 2, 3, 4, 5, 6, 7  Suivant

Le fuseau horaire est UTC+1 heure


Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 53 invité(s)


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas insérer de pièces jointes dans ce forum

Recherche de :
Aller vers :  





Propulsé par phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction et support en françaisHébergement phpBB