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Message Publié : 12 Juin 2009 13:33 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 04 Juin 2006 12:47
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"En vertu de quoi les étudiants peuvent-ils évaluer leurs enseignants ? Les apprécier, pourquoi pas, mais les évaluer ? Cela ne paraît pas être la même chose. La seule justification que vous apportez pour justifier cette évaluation, c'est leur statut de "clients" ou "d'usagers" du cours. Cela me parait un peu léger. On évacue complètement le problème de la compétence de celui qui évalue."

Vous confondez évaluation des connaissances enseignées et évaluation de l'approche pédagogique et de la conscience professionnelle du professeur, qui seules sont du ressort des étudiants. Ceux-ci n'ont bien évidemment aucune qualification à évaluer la compétence du professeur pour ce qui est des connaissances enseignées puisque justement, ils sont là pour les acquérir.
Par contre, il n'y a besoin d'aucune compétence particulière pour déterminer si le professeur arrive à l'heure, s'il est bien préparé à ses cours ou s'il improvise en se raccrochant aux branches, s'il explique clairement ou s'il est tellement confus ou abscons qu'on ne comprend rien à ses explications, s'il rend les devoirs dans un délai raisonnable ou deux mois plus tard, s'il endort ou s'il passionnne, s'il encourage les étudiants à parler ou s'il coupe systématiquement la parole etc. C'est le propos très limité des évaluations, et c'est tout ce sur quoi le point de vue des étudiants a à être pris en considération.
Il s'agit uniquement de la réception du message, et seuls ceux à qui il est destiné peuvent dire s'il passe, ou pas.
Avant de partir aux Etats-Unis, j'ai suivi des cours de Licence et de Maîtrise en France; j'y ai eu quelques professeurs niveau cours magistral d'une désinvolture professionnelle rare (les maîtres de conférence par contre étaient très bons dans leur vaste majorité), sans parler de sénilité pure et simple, parce que, justement, ils étaient arrivés au sommet de la hiérarchie et n'avaient plus aucun compte à rendre à personne.
Je n'ai vu ce niveau avancé de carence professionnelle toléré dans aucune des trois universités américaines où j'ai ensuite suivi des cours, ni dans celle où j'ai enseigné: et c'est du en partie aux évaluations, qui évitent à des professeurs titularisés de s'endormir sur leurs lauriers et de se complaire dans l'autosatisfaction.

"La majorité des questions ressemblent quand même beaucoup à une enquête de satisfaction d'un Burger King"

Croyez-vous vraiment que ces remarques aux relents d' antiaméricanisme primaire rehaussent le niveau de votre argumentation? >:) >:) Et en quoi serait-il déshonorant par principe de se préoccuper du point de vue des "usagers", fut-ce dans un domaine aussi spécifique que l'enseignement supérieur?


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Message Publié : 12 Juin 2009 17:30 
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Polybe
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Re-Re-Salut,

C'est vrai qu'en matière de pédagogie, les étudiants sont compétents pour évaluer nos pratiques :
Citer :
Vous confondez évaluation des connaissances enseignées et évaluation de l'approche pédagogique
:rool: et qu'ils ne sont donc pas dans le registre de l'opinion... grands connaisseurs et praticiens qu'ils sont tous de la première à la dernière année d'Université.
De la même manière qu'aucun étudiant n'a jamais "oublié" de préparer le sujet du cours comme on le recommande chaudement, ni "oublié" de lire les passages d'ouvrages donnés par l'enseignant et que donc, jamais, je dis bien jamais, on ne trouvera le propos parfaitement incompréhensible. Son évaluation à ce sujet sera parfaitement objective et informée... et malheur aux collègues qui ne seraient pas compris, c'est de leur faute. Evaluations faisant foi.

Citer :
Il s'agit uniquement de la réception du message, et seuls ceux à qui il est destiné peuvent dire s'il passe, ou pas.
et donc ce n'est pas de leur faute s'il est mal réceptionné, mais de celui qui émet. Tout le monde sait ça !

Quant au reste, la ponctualité, la politesse, cela va de soi. Faut-il rappeler que les enseignants du supérieur en France sont - s'ils ne sont pas évalués - placés sous l'autorité de leur directeur d'UFR auquel nos étudiants ne manquent pas de se plaindre quand un manquement se produit à ce niveau (et de plus en plus ; pour des motifs valables, parfois pour des broutilles).


Bref, je reste convaincu que ces évaluations sont un pur gadget dont le but principal est d'assurer une bonne réputation à un département et au-delà à une université. C'est essentiellement cosmétique et ça semble avoir le mérite de calmer les originaux en les soumettant à l'appréciation de leur public.


Toute l'opposition entre les deux modèles semblent en fait reposer sur l'idée que l'on se fait de l'étudiant. En France, c'est un usager d'un service public qui s'assure de sa qualité par le vote et l'expression politique collective ; dans le monde anglo-saxon, c'est un client qu'il faut satisfaire, dans le cadre de structures sur le marché concurrentiel de l'enseignement supérieur. A tout prendre, je préfère notre système et ses dérives que celui d'en face avec les siennes.


Ciao

P.S. Pas de procès en anti-américanisme primaire, merci. Burger King aurait très bien pu être remplacé par une autre marque qui adore faire traîner des questionnaires de satisfaction sur les nappes en papier qui couvrent les plateaux...
Après tout, là aussi on me demande mon avis "éclairé" alors que je n'ai aucune idée de comment on fabrique un whooper... C'était donc un avis qui allait dans votre sens.

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C'est du moins ç'qu'on prêche en latin à la Sorbonne<i>


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Message Publié : 13 Juin 2009 9:33 
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Jean Mabillon
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Inscription : 04 Juin 2006 12:47
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Les remarques que vous émettez mettent en évidence que vous connaissez mal le système d'enseignement américain. Lorsque vous écrivez par exemple que les évaluations ne sont qu'un gadget grâce auquel les universités se font de la publicité, c'est faux à plus d'un titre:
- les universités d'etat n'ont pas besoin de se faire de la pub; elles n'ont aucun problème à attirer beaucoup (trop) d'étudiants, vus leurs tarifs très réduits par rapport aux universités privées. Et faut-il le rappeler, leur statut légal est celui de "non profit institution";
- le système des évaluations existe aussi dans les écoles secondaires (high schools) tant publiques que privées. Les lycées français, que je sache, n'ont pas besoin de faire de la publicité pour attirer les élèves; idem pour les high schools publiques américaines.
- les évaluations, comme je l'ai indiqué plus haut, jouent un rôle important dans le fonctionnement des institutions d'enseignement à tous les niveaux: elles sont prises en considération pour l'avancement, les augmentations, les responsabilités dans les différents comités de faculté, et les embauches (elles font obligatoirement partie du dossier de candidature d'un postulant à un poste d'enseignement ayant déjà exercé).

Sur la base de ce manque d'informations, ne devrais-je pas trancher, comme vous le faites plus haut avec une belle assurance, que vous n'êtes pas compétent pour porter un jugement? >:)


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Message Publié : 13 Juin 2009 10:24 
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Pierre de L'Estoile
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Tonnerre a écrit :
C'est intéressant, pour un individu bi-culturel comme moi de voir les constantes culturelles à l'oeuvre: pour les Français, tout changement est perçu comme un danger, quelque chose qui menace une situation acquise, l'innovation est ce qui risque de vous faire perdre quelque chose. Pour les citoyens de mon autre pays, le changement est vu à priori comme progrès, amélioration, quelque chose dont on va pouvoir retirer des avantages.

Ceci est une véritable antienne des libéraux français qui ne cessent de nous présenter des modèles extérieurs. Dire que le changement est à priori un progrès c'est stupide. Certains changements sont des progrès et d'autres des régressions et il se trouve que les promoteurs de régression n'ont d'autre argument que ce procès en ringardise. Ce qui est drôle pour le système scolaire, c'est que même si beaucoup de membres de la communauté scolaire étaient critiques ou disaient que ces réformes amèneraient un déclin, beaucoup d'entre elles sont passées.
Or, quelle réforme pourriez-vous me citer pour laquelle le temps m'a donné raison? Laquelle depuis 40 ans a constitué un progrès? Et puis même quand elles n'étaient pas trop délétères , elles changeaient pour changer, faisant perdre du temps à mettre en place de nouvelles structures, de l'argent et de l'énergie (y compris au sens propre qui a évalué le coût de la réformite aigüe en CO2) à faire changer des manuels. Je ne dis naturellement pas qu'il ne faut jamais le faire, mais depuis dix ans, un étudiant a toujours subi une réforme en cours de cursus et jamais plus une génération ne peut parler de son cursus à la précédente et être comprise. Pour ce qui est de l'évaluation des profs pour les étudiants, ce n'est pas pour les profs que je la crains mais pour les étudiants toujours plus confortés dans l'idée que s'ils échouent ce n'est pas de leur faute, que le prof miracle qui leur permettra de réussir sans bosser existe. Hier en attendant le bus j'étais au milieu d'un groupe d'étudiants qui parlaient de leur profs et la superficialité de leurs jugements m'a semblé confondante. On n'aurait jamais l'avis éclairé d'individus mais le résultat de la rumeur.

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Alceste

Que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants... ne soient pas des signaux de haine et de persécution...

La prière de Voltaire, Traité sur la tolérance, Chapitre XXIII


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Message Publié : 13 Juin 2009 12:05 
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Polybe
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Citer :
Sur la base de ce manque d'informations, ne devrais-je pas trancher, comme vous le faites plus haut avec une belle assurance, que vous n'êtes pas compétent pour porter un jugement?

Argument massue. Je m'incline lol

Cela efface d'un seul coup mes interrogations sur la compétence des étudiants en matière de pédagogie, le fait que nos directions d'UFR s'assurent de la ponctualité, de la bienséance et autres de nos collègues (ce que vous sembliez ignorer) et l'honnêteté toujours éclatante des étudiants quand ils doivent juger de la qualité de leurs enseignants...

J'en reste là. Le naïf corporatiste anti-américain et opposé au progrès :rool: pense que la discussion ne peut continuer sur de telles bases.
Au moins, les éventuels lecteurs pourront se faire une idée sur les gadgets proposés et cette belle discussion "sur le fond" et non sur la qualité des intervenants :wink:

Ciao, ciao

OP

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Message Publié : 13 Juin 2009 13:24 
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Jean Mabillon
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Inscription : 04 Juin 2006 12:47
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Citer :
Ceci est une véritable antienne des libéraux français qui ne cessent de nous présenter des modèles extérieurs. Dire que le changement est à priori un progrès c'est stupide. Certains changements sont des progrès et d'autres des régressions


Modéré
Si on tire les conséquences de la globalisation (c'est-à-dire de l'émergence instoppable de pays qui nous font désormais une dure concurrence économique, phénomène qui a permis lui-même l'émergence du néolibéralisme), on comprend qu'il est absolument insensé d'affirmer que tout peut rester comme au temps des trente glorieuses et qu'on n'aura pas à penser une inévitable évolution.
Modéré
Et en effet, Alceste, vous avez raison de rappeler ce truisme: tous les changements ne sont pas des progrès; je ne suis pas persuadé que la globalisation en soit un, du moins qu'elle en soit un pour nous. Néanmoins, il existe des "changements-qui-ne-sont-pas-des-progrès" auxquels on est contraint de s'adapter.
Modéré
Quel rapport avec les évaluations? Il y en a un: suite (entre autres) à cet immobilisme autosatisfait érigé en système, les poussièreuses universités françaises attirent peu d'étudiants extra-européens--Chinois, Indiens, MOx vont massivement dans des universités américaines ou anglaises (le cas des grandes écoles est à part).
Dans le classement mondial annuel le plus récent des universités publié par l'université Jiao Tong de Shangaï (basé sur les publications de chercheurs, le nombre de prix Nobel, de médailles Fields, etc.), la première université française (Paris 6) n'apparait qu'en 41ème position, après une liste d'universités américaines bien sûr, mais aussi après plusieurs universités anglaises, canadiennes, japonaises, et même une université suisse et une hollandaise!
Même à titre indicatif, ce palmarès est préoccupant: la France ne figure même pas dans les 100 premières universités pour les sciences sociales, c'est dire.
C'est d'autant plus regrettable qu'il y a beaucoup d'individualités de valeur dans l'université française.
Ce blocage disproportionné à propos d'une réformette comme l'introduction des évaluations (uniquement au niveau universitaire qui plus est) est, je le crains, le symptôme des problèmes systémiques affectant l'université française.

Des passages ont été modérés, car évoquant des partis et des débats politiques actuels. Cette conversation peut bien sûr opposer des idées, mais nul besoin d'y mettre des étiquettes politiques pour le seul plaisir de polémiquer.
JC


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Message Publié : 13 Juin 2009 14:16 
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Eginhard
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Alceste a écrit :

Pour ce qui est de l'évaluation des profs pour les étudiants, ce n'est pas pour les profs que je la crains mais pour les étudiants toujours plus confortés dans l'idée que s'ils échouent ce n'est pas de leur faute, que le prof miracle qui leur permettra de réussir sans bosser existe. Hier en attendant le bus j'étais au milieu d'un groupe d'étudiants qui parlaient de leur profs et la superficialité de leurs jugements m'a semblé confondante. On n'aurait jamais l'avis éclairé d'individus mais le résultat de la rumeur.


Savez-Vous ma chère Alceste qu'il y'a des milliers d'étudiants dans chacune des 83 universités publiques, selon leur filière, ayant des opinions sur leurs profs de fac très dissemblables pour ne pas dire opposées ou fort différentes.

Si des étudiants échouent en première année c'est fort probablement de leur propre faute mais un léger, tout léger facteur du rôle de certains enseignements de certains de leurs profs peut entrer en ligne de compte dans cette échec. Un prof "miracle" cela n'existe pas et n'a jamais existé! Je n'en ai jamais rencontré au cours de mon cursus universitaire en tout cas, tout bon prof, voir très bon prof a toujours un "talon d'Achille".

Votre exemple avec le groupe d'étudiants et de la superficialité de leurs jugement sur leurs profs n'est pas un exemple franchement judicieux ou révélateur, navré.

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''L'histoire, je le crains, ne nous permet guère de prévoir, mais, associée à l'indépendance d'esprit, elle peut nous aider à mieux voir.'' Paul Valéry


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Message Publié : 13 Juin 2009 15:02 
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Tite-Live
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Je n’ai pas d’avis arrêté sur la question.
Si l’évaluation est fondée sur des critères précis tels que ceux présentés par Tonnerre,
Si son appréciation par les autorités responsables reste pondérée afin d’éviter tous débordements démagogiques et règlements de compte,
Je ne vois pas en quoi elle serait à bannir !
Dans la mesure où elle donne à l’étudiant un sentiment de reconnaissance qui le flatte et apaise, j’y verrai même un avantage !

Je me pose toutefois quelques questions, non pas sur la procédure elle-même qui ne peut être foncièrement mauvaise en soi ! Seuls ceux qui en abusent sont mauvais !

Ce préambule posé, j’en viens au fait !

Et d’abord à propos de ceci, Tonnerre :
Citer :
Dans le classement mondial annuel le plus récent des universités publié par l'université Jiao Tong de Shangaï (basé sur les publications de chercheurs, le nombre de prix Nobel, de médailles Fields, etc.), la première université française (Paris 6) n'apparait qu'en 41ème position, après une liste d'universités américaines bien sûr, mais aussi après plusieurs universités anglaises, canadiennes, japonaises, et même une université suisse et une hollandaise!

Sur ce point, j’avoue ne plus très bien comprendre !
Le sujet de ce fil concerne l’évaluation par les étudiants et là, d’un coup de torchon, vous semblez soudain saper tous vos efforts antérieurs, nous renvoyant à une évaluation des performances qui ignore radicalement celle-ci, la valeur de l’universitaire étant calculée d’après ces classements sur les critères de la recherche et non de l’enseignement lui-même.
Que les universités françaises soient mal classées sur le plan de la recherche, c’est fort regrettable ; mais quel rapport avec l’évaluation en matière de pédagogie ? L’obtention d’un prix Nobel fait-il de vous un bon pédagogue ?

Notez bien, cher Tonnerre, que ma remarque n’entend pas remettre en cause le bien fondé de l’évaluation des enseignants par les étudiants ! Je me demande seulement si l’agacement que vous éprouvez à la lecture des propos qui vous sont opposés ne nous a pas écarté du sujet !

Et moi, je profite du dérapage pour poser la question qui me turlipine !
Mon questionnement est le suivant – et je le soumets à tous, pas à Tonnerre en particulier :

Sur quels critères les enseignants sont-ils recrutés dans les Universités ?
Et quels sont, en retour, les motivations qui poussent un enseignant à postuler dans telle ou telle université et à en changer s’il en a l’opportunité ?

Je m’imagine président d’une Université en recherche d’un bon enseignant pour pourvoir un poste. Comme j’ai le souci de la performance, je cherche le meilleur et repère le plus respecté par ses pairs, productif en matière de publications, dont les élèves sont reconnus comme étant bien formés et très bien noté par ses étudiants. Le meilleur, je vous dis. Je le contacte et je lui offre le poste.
Mais j’imagine que je ne suis pas le seul à vouloir compter une telle perle dans mon établissement. Pourrait-on m’expliquer ce qui se passe en pareil cas ?

Et j’en reviens au sujet du topic : qu’apporte l’évaluation des étudiants dans cette affaire ? A-t-elle vraiment de l’effet sur la carrière de l’enseignant ?

NB : Pour moi, l’art de transmettre ne se mesure pas à la façon dont un orateur expose ses savoirs mais à sa capacité d’écoute. Un bon professeur est un bon récepteur avant que d’être émetteur ! On ne peut bien transmettre que si on a évalué d’abord son public pour se mettre à son niveau d’attente et à sa capacité d’écoute. C’est beau ce que j’écris là, hein ?
Cela signifie surtout qu’un enseignant « ordinairement compétent », parce qu’il est « ordinairement compétent », sait – même s’il ne l’avoue pas – très précisément s’il est bon ou pas et pourquoi. Tous ceux qui ont déjà enseigné ont l’expérience de ce savoir qui permet de distinguer les jours « sans » des cours qui ont marché. Et un prof qui ne « passe pas » - donc non « ordinairement compétent »-, le sait aussi ! Enfin, il me semble ! Je peux me tromper, bien sûr.
Dès lors, si je ne me trompe pas trop, l’évaluation par ses étudiants ne lui apportera pas grand-chose qu’il ne sache déjà !

Dans la mesure où elle est bien encadrée, je ne vois pas d’inconvénient à l'évaluation par les étudiants : elle permet à l’enseignant de vérifier qu’il s’auto-analyse bien, d’affiner ce travail aux marges ; mais je doute qu’elle lui apporte autant qu’il est avancé par ceux qui en font un outil indispensable... Je doute ; mais peut-être y a-t-il un argument qui m'aurait échappé ?


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Message Publié : 13 Juin 2009 15:18 
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Pierre de L'Estoile
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Artigas a écrit :

Votre exemple avec le groupe d'étudiants et de la superficialité de leurs jugement sur leurs profs n'est pas un exemple franchement judicieux ou révélateur, navré.

Je n'ai pas cherché à en faire une démonstration, je reconnais que c'est anecdotique, il y avait juste une mise en perspective avec notre débat. Si tant d'étudiants échouent en première année, c'est la suite logique de tant de magnifiques et prometteuses réformes du primaire et du secondaire. Ce n'est pas en un an que l'on peut remédier à l'absence totale de culture générale, au niveau de français très bas etc...S'il n'y avait pas cette sélection au moins à ce niveau là il n'y aurait plus du tout d'enseignement d'un niveau acceptable dans nos disciplines. D'ailleurs cette sélection ne se fait pas par des coups tordus. Ceux que l'histoire intéresse vraiment et qui sentent qu'il faut maintenant travailler pour combler ces lacunes s'en sortent et on fait ce qu'on peut pour les y aider. Mais si mettre l'étudiant au coeur du dispositif comme naguère l'élève, c'est chercher à la séduire et abandonner toute exigence disciplinaire, c'est non.

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Message Publié : 13 Juin 2009 19:39 
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Jean Mabillon
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Inscription : 04 Juin 2006 12:47
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Localisation : Centre
Baudolino, merci pour votre réponse. Pour moi, cette résistance disproportionnée à la mise en oeuvre d'une réforme mineure comme celle des évaluations renvoie à un problème plus vaste: le fait que l'université française (disons certaines grandes universités) malgré le fait qu'elle compte beaucoup d'enseignants et chercheurs de valeur, est rétive à se moderniser et se pénalise elle-même par sa résistance aux réformes.
Mes posts ont simplement pour but de dédramatiser un peu le débat et de glisser quelques informations dans la polémique.
Il me semble en effet que, si certains se font une montagne d'une taupinière, c'est parce qu'ils sont insuffisamment informés sur cette pratique, qui je le répète, est mise en oeuvre dans de nombreux pays d'Europe; j'ai vérifié que c'est également le cas de l'Espagne.
J'ai voulu en particulier mettre en évidence que:
- le propos de ces évaluations est limité (essentiellement pédagogie, méthodologie du cours, sérieux professionnel), il ne s'agit en aucun cas d'évaluer la compétence du professeur dans sa matière (qui est l'affaire des pairs).
- qu'elles sont systématiquement relativisées par l'administration: lorsqu'il s'agit de quelques opinions négatives isolées, cela n'a pas d'impact, les avis exprimés sont pris en considération seulement lorsqu'ils sont convergents et répétés sur plusieurs semestres. Et même dans ce cas, si vous avez une activité de recherche importante et distinguée, les universités, du moins celles où la recherche est très importante, c'est-à-dire les plus cotées, peuvent ignorer des évaluations plutôt négatives et répétées.
Par contre, de très mauvaises évaluations peuvent être la justification du licenciement d'un professeur non titularisé s'il est aussi faible en recherche. Enfin, un professeur qui a obtenu sa "tenure" (titularisation) ne peut guère être renvoyé sur la base de ces évaluations (et les étudiants s'en plaignent, parce que certains profs titularisés s'endorment sur leurs lauriers, c'est un phénomène bien connu). Elles comptent donc surtout pour un professeur non titularisé (la titularisation est obtenue, ou non, sur revue de la performance, au bout de cinq ans).
- en particulier dans le cours du processus de titularisation, l'évaluation du professeur est holistique; elle inclut le feedback des étudiants, une évaluation par les pairs(avec visites de classes, discussions de la pédagogie/méthodologie, de la recherche etc) et celui de l'administration. Cela pourra vous surprendre mais ce que beaucoup de professeurs redoutent le plus, c'est l'évaluation de l'administration.
- bien qu' il y ait des opinions peu articulées et sans utilité, du genre "ce professeur est formidable", il y a presque toujours dans le lot des remarques judicieuses qui permettent de peaufiner son cours et m'ont amené à corriger des erreurs, des biais inconscients que je n'aurais pas vus si un oeil extérieur (et étudiant) ne me les avait signalés. Elles sont ainsi un instrument supplémentaire pour piloter sa classe et permettent de rester plus ouvert aux suggestions des étudiants.
- elles confortent (si elles sont bonnes) l'autorité du professeur dans sa classe et dans son (éventuel) rapport de force avec l'administration, elles sont une considération pour ce qui est de l'avancement et des augmentations.Il est important en particulier d'avoir de bonnes évaluations pour accéder à un poste à caractère administratif.


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Message Publié : 18 Juin 2009 6:50 
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Tonnerre a écrit :
Baudolino, merci pour votre réponse.


C'est moi qui vous remercie.


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Message Publié : 23 Juin 2009 11:48 
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Thucydide
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Tonnerre a écrit :
Citer :
Etre capable d'écouter des avis et éventuellement d'en tenir compte n'est pas une preuve de faiblesse et de manque d'autorité, tout au contraire; c'est la peur de se soumettre à un jugement extérieur qui est indicative d'un manque de confiance en soi professionnel.


Il y a un véritable blocage culturel franco-français : la cascade des "mépris". L'enseignant dispose d'une autorité morale qui va bien au-delà de ses compétences et de ses connaissances, de laquelle il toise le Français moyen. Une quelconque remise en cause de sa suprématie morale de l'enseignant est vécue comme une atteinte grave contre la profession. Fort heureusement, il existe des enseignants (parfois) plus ouverts que le système dans lequel ils travaillent, à qui il arrive de discuter avec des étudiants à la sortie du cours, et parfois même d'adapter leur enseignement !

Mais la notation pure et dure des enseignants par leurs étudiants est quelque chose d'assez compliqué à mettre en place dans des établissements de la taille des universités : une notation très favorable entrainera nécessairement une légitimité tous azimuts pour l'enseignant, renforçant son invulnérabilité au lieu de la réduire. Qui empêchera un enseignant d'être saisi d'un élan de populisme pour être auréolé d'une bonne notation de la part de ses étudiants ?

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"Les médiocrités croient égaler le génie quand elles dépassent la raison." (Lamartine)


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Message Publié : 23 Juin 2009 16:36 
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Citer :
L'enseignant dispose d'une autorité morale qui va bien au-delà de ses compétences et de ses connaissances, de laquelle il toise le Français moyen.

lol
De quelle époque parlez-vous ? Autorité morale ?? :rool: Il y a belle lurette qu'un compte en banque bien garni fait office d'autorité morale. Il y a belle lurette que le prof est un Français moyen comme les autres, et même moins moyen lol que les autres; je verrais plutôt une situation exactement inverse: "Quel gâchis, un gars si intelligent! comment ça se fait qu'il est prof !?"
Le plus ironique, c'est que si les 3/4 des Francais en savent autant que lui, c'est grâce à lui... Voilà une profession qui porte en son propre succès les causes de sa dévalorisation et de sa dégringolade sociale. Il y a 35 ans, quand je disais que j'étais prof, j'en avais plein la bouche, et je n'avais même pas de licence; notre époque était pourtant déjà passée, mais je n'en avais pas conscience; aujourd'hui, je suis agrégé, et j'aurais plutôt tendance à raser les murs.
Toiser le Français moyen ? Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre... :rool:

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Message Publié : 23 Juin 2009 17:06 
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Pierre de L'Estoile
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Citer :
Toiser le Français moyen ? Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre... :rool:

Merci Plantin! Et on s'étonne que nous ne voulions pas être évalués par les usagers avec tout ce qui traîne de ces vieilles rancœurs antiprofs.

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Message Publié : 23 Juin 2009 17:23 
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Thucydide
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Plantin-Moretus a écrit :
Citer :
Toiser le Français moyen ? Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre... :rool:

Premièrement, on n'entend pas, on lit.
Deuxièmement, vous démontrez mieux que mon précédent message ce que je voulais dire, la précaution de ne pas généraliser en moins.
Troisièmement, la discussion traitant de la notation des profs par leurs étudiants, je m'étonne que vous rapportiez le débat sur l'enseignement secondaire (les 3/4 des Français,...) Longez-vous aussi bien les sujets que les murs ?

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"Les médiocrités croient égaler le génie quand elles dépassent la raison." (Lamartine)


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