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Message Publié : 02 Oct 2009 23:26 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Helios a écrit :
A mon avis, les "histoires d'entreprises" porteraient en fait sur des points techniques, et sûrement incroyablement rébarbatifs pour les non-initiés.
Il y a déjà des exemples : je connais une revue pour les ex-PTT (Poste et France Telecom aujourd'hui) avec des articles, écrits souvent par des retraités de la boîte, sur les anciens téléphones, sur l'installation d'une ligne téléphonique dans tel endroit inaccessible grâce à des innovations techniques, etc. Rien de très idéologique là dedans.
Mais je pense que la demande pour ce type d'histoires, destinées au personnel plus qu'au client, va augmenter et que la disparition des anciens employés, couplée à la masse croissante d'archives conservée par les entreprises, nécessitera l’appel à des professionnels du travail en archive et de la reconstitution du passé, c’est-à-dire à des historiens.

Peut-être suis-je à côté de la plaque, mais j'imagine bien d'autres travaux possibles pour les historiens d'entreprises, et autrement plus intéressants ! Si une entreprise embauche des historiens, c'est aussi et même surtout pour avoir des gens apte à les aider à se projeter d'avantage dans l'avenir ou à résoudre les problèmes du présent. Ainsi, si jamais je devenais un jour chef d'entreprise, je pense que j'envisagerais sérieusement de prendre un historien comme conseiller dans l'équipe qui gère la stratégie à long terme, car sa culture et sa connaissance des événements passés sont censés lui permettre de savoir relever la tête du guidon et de savoir discerner les effets de modes des effets de fond. Il pourrait même être utile pour résoudre les problèmes du présent en établissant des parallèles avec des situations équivalentes du passé.

De même que si jamais je faisais un jeu sur telle ou telle civilisation reculée, je serais tenté de prendre un historien pour m'aider dans la reconstitution de l'ensemble afin de ne pas faire quelque chose de ridiculement à côté de la plaque...

Tout ça ne fera pas des millions d'embauches, mais je pense qu'il y aura quelques places à prendre quand même.

_________________
« Il me paraît essentiel qu'il y ait des gueux ignorants. Si vous faisiez valoir comme moi une terre et si vous aviez des charrues, vous seriez bien de mon avis ; ce n'est pas le manœuvre qu'il faut instruire, c'est le bon bourgeois. »
Voltaire, 1766.


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Message Publié : 03 Oct 2009 8:17 
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Jules Michelet
Jules Michelet
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Inscription : 29 Déc 2003 23:28
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Eneru a écrit :
Il pourrait même être utile pour résoudre les problèmes du présent en établissant des parallèles avec des situations équivalentes du passé.


Si seulement ça pouvait être aussi facile, on prendrait les historiens pour aider à résoudre bien des situations en politique comme en économie. C'est sûr que les historiens ne sont pas forcément moins bien placés que d'autres pour ce genre de choses, mais il ne faut pas trop croire que connaître le passé peut aider à mieux envisager le futur, il a beaucoup trop d'autres paramètres qui rentrent en compte. Les chefs d'entreprises peuvent plutôt utiliser ce genre de démarche pour faire ressortir un "esprit" de leur entreprise, à travers son passé, ses évolutions, quelque chose qui pourrait lui donner une identité supplémentaire, et participer à la culture d'entreprise. Cela peut aider leurs orientations futures s'ils sont attachés à un ancrage dans le passé de l'entreprise. Mais on peut également vouloir rompre avec le passé ... Mais c'est vrai que pour l'historien-chercheur, être rémunéré par un chef d'entreprise pour produire un tel travail doit avoir un intérêt surtout financier, pas vraiment professionnel vu que ça risque de produire un travail biaisé, de donner un droit de regard à l'entreprise sur ce qu'on dit d'elle.


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Message Publié : 03 Oct 2009 8:30 
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Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant

Inscription : 17 Oct 2003 18:37
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Ce terme "historien d'entreprise" pourrait en fait recouvrir pas mal de tâches et d'esprits très différents.
Par exemple, quand Dupleix dit
Citer :
Elles ont tendance à préférer valoriser l'avenir et effacer le passé ; pas du tout pour occulter des épisodes plus ou moins honteux (le cas échéant), une entreprise n'est pas un être moral ; mais tout simplement parce que, en com' interne, il faut motiver le personnel pour la nouvelle organisation et éviter le syndrome de "c'était mieux avant" ; et en com' externe, faire remonter l'histoire d'une entreprise au-delà de 20 ans lui donne une allure vieillote que justement, elles cherchent à rajeunir (typiquement en changeant de nom).


Ce n'est pas vrai partout. Dans certains secteurs, il est au contraire très prisé d'inscrire à son fronton "Depuis Trèstrèslongtemps" et de se targuer d'une "culture d'entreprise" ancrée dans le passé. C'est le cas des clubs de football où le dernier cri en matière de logo est l'écusson très à l'ancienne, des entreprises du domaine alimentaire, ou toute autre activité aux origines pré-industrielles.

Mais, je pense que c'est l'aspect comm qui dominera : il s'agira d'écrire quelque chose qui ait un impact positif sur le dynamisme de l'entreprise, avant tout.


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Message Publié : 03 Oct 2009 8:41 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 26 Déc 2005 21:13
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Localisation : Metz
Helios a écrit :
Il y a déjà des exemples : je connais une revue pour les ex-PTT (Poste et France Telecom aujourd'hui) avec des articles, écrits souvent par des retraités de la boîte, sur les anciens téléphones, sur l'installation d'une ligne téléphonique dans tel endroit inaccessible grâce à des innovations techniques, etc. Rien de très idéologique là dedans.


Vous plaisantez là, j'espère? Ces retraités sont tout sauf des historiens. L'érudition locale c'est bien, mais ça ne fait pas un historien. Ces travaux sont utiles, mais ne peuvent pas être considérés comme des travaux d'historiens.

Tout ce qui a été écrit sur ce fil de discussion me conforte dans ma position: en l'absence d'indépendance de l'historien, ce ne sera que du publi-reportage. Et qu'on se moque par avance de l'avis des historiens universitaires montre bien que ce n'est pas le même métier.

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(Martin Luther)


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Message Publié : 03 Oct 2009 11:23 
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Eginhard
Eginhard

Inscription : 25 Mai 2004 21:35
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Localisation : Paris
Jean-Claude a écrit :
Vous plaisantez là, j'espère? Ces retraités sont tout sauf des historiens. L'érudition locale c'est bien, mais ça ne fait pas un historien. Ces travaux sont utiles, mais ne peuvent pas être considérés comme des travaux d'historiens.

Pourquoi je plaisante? Je me suis sûrement mal exprimé, je ne veux pas dire que ces gens sont des historiens. Mon père était retraité des PTT et il a contribué quelques fois à ces revues en écrivant des articles sur des choses vraiment vieilles, pour lesquelles il a d'ailleurs fait des recherches. Mais il n'a jamais prétendu être un historien (bien qu'il fût très intéressé par l'histoire par ailleurs).
Ce que je veux dire, c'est juste que cet exemple prouve qu'il existe une demande pour des histoires d'entreprises, à laquelle les universitaires ne peuvent répondre et n'ont d'ailleurs pas vocation à répondre, et qui est comblée par l'érudition d'anciens de la boîte. Mais je suis sûr que ces boîtes seraient ravies de payer quelqu'un d'extérieur, rompu au travail d'archives, pour écrire cette histoire.
C'est pour ça que je dis que l'avis de la "communauté historienne" n'est pas recherché, car il s'agit avant tout de viser un public interne.

Il y a une demande qui, je pense (mais c’est une opinion contestable), va aller croissant, de la part des entreprises pour savoir des choses sur leur passé. Mais pour l’instant il n’y a pas d’offre de la part des gens formés à l’étude du passé.
Je ne veux pas que les universitaires se mettent à ça, mais pour des étudiants en histoire qui n’ont pas trouvé de débouché dans le monde universitaire ou qui ont échoué aux concours, je soutiens qu’il y a un marché pour mettre en pratique leurs compétences.
Ce n’est pas parce qu’on est au service du privé qu’on vend son âme au grand capital. Je maintiens que la plupart de ces histoires d’entreprise seraient relativement objectives, car consensuelles : cela ne serait pas une histoire des conflits sociaux, mais sûrement des points techniques, et même je suis sûr que les dirigeants actuels sont tout à fait prêts à admettre qu’il y a eu des conflits sociaux dans leur entreprise dans les années 20 ou 50. Bien sûr, il y a une possibilité que ces histoires soient orientées, et utilisées à des fins peu louables par des dirigeants ; mais il n’y a pas besoin d’être payé par de l’argent privé pour faire une histoire orientée, et on voit tous les jours des thèses très idéologiques, et qui servent des groupes ethniques, religieux ou sociaux, publiées par des universitaires. Bref ce danger est inhérent à la pratique de l’histoire.
Il y a plusieurs façons de faire l’histoire qui peuvent coexister. Je n’aime pas trop l’idée de « communauté historienne », formée par des universitaires qui garderaient jalousement le titre d’historien pour eux-mêmes et le refuserait à toute personne qui n’est pas de leur milieu. Et ne me dîtes pas que je dis ça par ressentiment, étant moi-même en voie de devenir universitaire, et tout à fait intégré dans ce milieu (et j’ai pas du tout envie de faire de l’histoire d’entreprise, car je trouverais ça incroyablement ennuyeux).


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Message Publié : 03 Oct 2009 11:48 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 06 Fév 2009 16:01
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Merci Helios, voilà du positif. Par contre si vous regardez du coté des entreprises impliquées dans la politique, cela ne devrait pas être ennuyeux.
Cuchlainn a écrit :
Mais, je pense que c'est l'aspect comm qui dominera : il s'agira d'écrire quelque chose qui ait un impact positif sur le dynamisme de l'entreprise, avant tout.
Vous avez certainement raison pour la majorité des cas. Néanmoins si le produit final peut être biaisé, le métier au départ est le même. Pour les universitaires, travailler sur les entreprises seraient un plus. Cela permetrait d'obtenir des fonds pour la recherche et ils comprendraient peut-être que ce sont les rapports humains qui dominent la vie d'une entreprise.


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Message Publié : 03 Oct 2009 12:08 
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Pierre de L'Estoile
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Il y aurait peut-être une nuance à faire entre historien d'entreprise et archiviste d'entreprise. L'historien d'entreprise aurait une crédibilité nulle. En revanche, on ne peut que se féliciter du souci de certaines entreprises de conserver leurs archives et donc d'embaucher des gens pour les gérer. Je crois que Pont à Mousson a créé un dépôt d'archives privées par exemple.

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Alceste

Que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants... ne soient pas des signaux de haine et de persécution...

La prière de Voltaire, Traité sur la tolérance, Chapitre XXIII


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Message Publié : 03 Oct 2009 13:09 
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Grégoire de Tours
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Zunkir a écrit :
Si seulement ça pouvait être aussi facile, on prendrait les historiens pour aider à résoudre bien des situations en politique comme en économie.

Je ne parlais pas des historiens comme du saint graal, mais il me semble qu'un historien au milieu d'une grosse équipe composée essentiellement de marketeux (au sens large) ne pourrait pas faire de mal à l'ensemble.

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Message Publié : 03 Oct 2009 14:09 
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Pierre de L'Estoile
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Eneru a écrit :
Zunkir a écrit :
Si seulement ça pouvait être aussi facile, on prendrait les historiens pour aider à résoudre bien des situations en politique comme en économie.

Je ne parlais pas des historiens comme du saint graal, mais il me semble qu'un historien au milieu d'une grosse équipe composée essentiellement de marketeux (au sens large) ne pourrait pas faire de mal à l'ensemble.

Je ne sais pas si un publiciste déguisé en historien pourrait faire du bien à l'équipe, c'est leur problème, mais s'il persistait à se prendre pour un historien ça ferait du mal à l'histoire.

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Message Publié : 03 Oct 2009 14:42 
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Grégoire de Tours
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Localisation : La Lune
Alceste a écrit :
Je ne sais pas si un publiciste déguisé en historien pourrait faire du bien à l'équipe, c'est leur problème, mais s'il persistait à se prendre pour un historien ça ferait du mal à l'histoire.

Pourquoi cela lui ferait-elle du mal ?
Je crois cependant qu'il y a un malentendu : l'intérêt de prendre un historien serait d'avoir quelqu'un étant supposé avoir une grande culture et ayant une vision différente des choses par rapport au reste de l'équipe (qui a suivit peu ou prou les mêmes formations et est formaté de la même façon), et ce afin de provoquer une émulsion en favorisant une certaine diversité. Il n'est pas question pour cet historien de faire un travail d'historien, mais de faire profiter un autre domaine de sa formation.

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Message Publié : 03 Oct 2009 15:54 
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Pierre de L'Estoile
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Eneru a écrit :
Alceste a écrit :
Je ne sais pas si un publiciste déguisé en historien pourrait faire du bien à l'équipe, c'est leur problème, mais s'il persistait à se prendre pour un historien ça ferait du mal à l'histoire.

Pourquoi cela lui ferait-elle du mal ?
Je crois cependant qu'il y a un malentendu : l'intérêt de prendre un historien serait d'avoir quelqu'un étant supposé avoir une grande culture et ayant une vision différente des choses par rapport au reste de l'équipe (qui a suivit peu ou prou les mêmes formations et est formaté de la même façon), et ce afin de provoquer une émulsion en favorisant une certaine diversité. Il n'est pas question pour cet historien de faire un travail d'historien, mais de faire profiter un autre domaine de sa formation.

Il est intéressant pour tout le monde d'avoir une culture historique. Mais un historien c'est plus que quelqu'un a une culture historique. C'est quelqu'un qui écrit l'histoire à partir des archives. Il est donc possible que certaines entreprises embauchent des historiens pour écrire leur histoire à partir de leurs archives. Ce serait cela un historien d'entreprise.

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Message Publié : 03 Oct 2009 23:57 
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Alceste a écrit :
Il y aurait peut-être une nuance à faire entre historien d'entreprise et archiviste d'entreprise. L'historien d'entreprise aurait une crédibilité nulle.

Un peu comme un journaliste qui publie la biographie autorisée d'un homme politique.

Il me semble que l'historien doit être un intervenant extérieur indépendant, comme un consultant. ça permet en particulier de phaser son étude : si ce qu'il ramène à la fin de l'étape 1 (la collecte des données, et une première sélection des thèmes, par exemple) déplaît à son client, il facture ce qui est déjà réalisé, et le client se trouve d'autres plumes... mercenaires, pour prendre la suite.

Cela dit il n'est pas certain que toutes les entreprises souhaitent que le récit de leur histoire soit hagiographique. On peut très bien imaginer qu'une entreprise demande et publie son passé, avec une part de ses zones d'ombre. Après tout, les employés - et même le grand public - savent repérer un document de propagande émanant de leur DG : ils ont déjà l'exemple du journal de l'entreprise. :mrgreen:

Et puis, quelle est l'entreprise qui peut se vanter qu'on nageait dans le bonheur au travail, avant-guerre ? La vérité est bien plus intéressante.

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Message Publié : 04 Oct 2009 8:25 
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Pierre de L'Estoile
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pierma a écrit :

Cela dit il n'est pas certain que toutes les entreprises souhaitent que le récit de leur histoire soit hagiographique. On peut très bien imaginer qu'une entreprise demande et publie son passé, avec une part de ses zones d'ombre. Après tout, les employés - et même le grand public - savent repérer un document de propagande émanant de leur DG : ils ont déjà l'exemple du journal de l'entreprise. :mrgreen:


Oui mais dans ce cas, elle n'a aucun intérêt à payer l'historien puisque ce salaire risque de jeter le discrédit sur ce travail qu'elle aurait voulu honnête. Elle contentera d'ouvrir ses archives à des thésards comme l'on déjà fait de grandes entreprises. Ou alors il arrive qu'elle offre tout de même des bourses mais pour des travaux sous contrôle universitaire. Il ne s'agit à aucun moment de s'intégrer à l'équipe de marketing. Ceci dit je ne vois pas Renault payant un historien pour étudier "Renault et la collaboration".

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Message Publié : 04 Oct 2009 16:05 
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Message(s) : 9071
Alceste a écrit :
Oui mais dans ce cas, elle n'a aucun intérêt à payer l'historien puisque ce salaire risque de jeter le discrédit sur ce travail qu'elle aurait voulu honnête.

Voila une curieuse vision de l'argent : si ce travail est payé alors il est malhonnête ou sans crédibilité !

Quand vous payez la visite de votre médecin, pensez-vous que les honoraires que vous lui versez rendent son diagnostic suspect ?

Je ne parlais pas de salaire, mais d'honoraires, pour une mission d'étude dont les objectifs sont définis au préalable et en commun.

C'est comme cela que tous les consultants en entreprise travaillent, et ça s'accompagne d'une certaine éthique : tout consultant peut refuser une mission d'étude dont les conclusions lui sont fortement suggérées, et à l'inverse l'entreprise choisit le consultant qui lui convient.

Il y a bien sûr des consultants qui pipeautent ou des entreprises qui achètent des conclusions dictées, mais la majorité des consultants ont l'honneur de leur métier. Pour moi les risques se posent dans les mêmes termes pour les historiens. (Et dans les deux sens également.)

Citer :
Elle contentera d'ouvrir ses archives à des thésards comme l'on déjà fait de grandes entreprises. Ou alors il arrive qu'elle offre tout de même des bourses mais pour des travaux sous contrôle universitaire.

Où est la différence ? Si c'est en libre-accès et sans restriction sur les infos qu'on peut exhumer des archives, quelle différence entre un thésard et un historien professionnel ? (à part le prix...)

Citer :
Il ne s'agit à aucun moment de s'intégrer à l'équipe de marketing.

L'historien ne peut pas être un salarié de l'entreprise, ça me semble évident.

Pour une raison d'éthique, mais aussi pour une raison économique : peu d'entreprises ont les moyens de salarier un historien à plein temps, et c'est forcément pour un travail limité dans le temps. Pour moi l'historien d'entreprise intervient en indépendant. (qu'il soit universitaire facturant son savoir-faire pour le compte de son labo, ou professionnel indépendant.)

Citer :
Ceci dit je ne vois pas Renault payant un historien pour étudier "Renault et la collaboration".


Sous cet angle, non. Mais si Renault veut écrire son histoire, passer l'Occupation sous silence serait la pire des solutions.

La question est plutôt : les archives de Renault pour la période de l'Occupation sont-elles disponibles ? (Que se passe-t-il aujourd'hui si un universitaire va frapper à la porte de Renault en expliquant qu'il travaille sur la collaboration économique pendant l'Occupation ?)

De plus, le cas de Louis Renault est intéressant : c'est au moins autant un ingénieur passionné, qui ne vit que pour ses produits et ses machines, qu'un collabo. Enfin si on regarde cette période, il faut parler du sabotage organisé des matériels. Le nombre d'entreprises où les ouvriers, voire les cadres, apportaient quelques "modifications mineures" destinées à abréger la durée de fonctionnement du matériel livré...

Oh, ça marchait à la livraison ! Mais après deux milliers d'heures de fonctionnement en Russie... (On m'en a déjà raconté de belles, sur ce sujet...)

Pas certain que Renault fermerait ses archives à une étude sur l'entreprise pendant la guerre. Et s'il s'agit de mettre en cause la "collaboration économique" de Renault, il y a bien d'autres sources.

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Message Publié : 06 Oct 2009 18:26 
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Hérodote
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Si l'on passe le débat sur l'intégrité des historiens embauchés par des entreprises, le procédé ne me dérange pas plus que cela, bien au contraire.
Il est dans la culture d'entreprise de chercher à fédérer ses employés autour de symboles, d'un esprit, et pourquoi pas d'une histoire commune. Engager un historien produisant par la suite un ouvrage, ou faisant partager le fruit de ses recherches ne procède pas forcément d'une volonté d'hagiographie, mais plus sûrement d'une stratégie de rassemblement des différentes composantes de la firme (d'ailleurs, les stratégies de mécénat d'entreprise procèdent en partie de la même origine).

J'aurais aussi tendance à rapprocher ces initiatives de la création, relativement récente en France, de la notion de patrimoine industriel. L'entreprise prend peut être conscience d'avoir une histoire à valoriser au travers d'archives, de bâti. Qui mieux qu'un historien peut légitimer la valeur d'un tel patrimoine ?
La conservation autant que la mise en valeur du patrimoine industriel pose de vrais problèmes tant financier, pour cause de coût d'entretien et de surfaces parfois immenses à restaurer, que de lisibilité, parce que visiter des usines ou des machines n'est pas forcément quelque chose d'évident dans l'esprit du public.

Avec l'appui de travaux d'historiens, ce travail de valorisation, ainsi que la question de la matière à exposer, transmettre, travailler, ne pourront être que facilités.


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