Alceste a écrit :
Oui mais dans ce cas, elle n'a aucun intérêt à payer l'historien puisque ce salaire risque de jeter le discrédit sur ce travail qu'elle aurait voulu honnête.
Voila une curieuse vision de l'argent : si ce travail est payé alors il est malhonnête ou sans crédibilité !
Quand vous payez la visite de votre médecin, pensez-vous que les honoraires que vous lui versez rendent son diagnostic suspect ?
Je ne parlais pas de salaire, mais d'honoraires, pour une mission d'étude dont les objectifs sont définis au préalable et en commun.
C'est comme cela que tous les consultants en entreprise travaillent, et ça s'accompagne d'une certaine éthique : tout consultant peut refuser une mission d'étude dont les conclusions lui sont fortement suggérées, et à l'inverse l'entreprise choisit le consultant qui lui convient.
Il y a bien sûr des consultants qui pipeautent ou des entreprises qui achètent des conclusions dictées, mais la majorité des consultants ont l'honneur de leur métier. Pour moi les risques se posent dans les mêmes termes pour les historiens. (Et dans les deux sens également.)
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Elle contentera d'ouvrir ses archives à des thésards comme l'on déjà fait de grandes entreprises. Ou alors il arrive qu'elle offre tout de même des bourses mais pour des travaux sous contrôle universitaire.
Où est la différence ? Si c'est en libre-accès et sans restriction sur les infos qu'on peut exhumer des archives, quelle différence entre un thésard et un historien professionnel ? (à part le prix...)
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Il ne s'agit à aucun moment de s'intégrer à l'équipe de marketing.
L'historien ne peut pas être un salarié de l'entreprise, ça me semble évident.
Pour une raison d'éthique, mais aussi pour une raison économique : peu d'entreprises ont les moyens de salarier un historien à plein temps, et c'est forcément pour un travail limité dans le temps. Pour moi l'historien d'entreprise intervient en indépendant. (qu'il soit universitaire facturant son savoir-faire pour le compte de son labo, ou professionnel indépendant.)
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Ceci dit je ne vois pas Renault payant un historien pour étudier "Renault et la collaboration".
Sous cet angle, non. Mais si Renault veut écrire son histoire, passer l'Occupation sous silence serait la pire des solutions.
La question est plutôt : les archives de Renault pour la période de l'Occupation sont-elles disponibles ? (Que se passe-t-il aujourd'hui si un universitaire va frapper à la porte de Renault en expliquant qu'il travaille sur la collaboration économique pendant l'Occupation ?)
De plus, le cas de Louis Renault est intéressant : c'est au moins autant un ingénieur passionné, qui ne vit que pour ses produits et ses machines, qu'un collabo. Enfin si on regarde cette période, il faut parler du sabotage organisé des matériels. Le nombre d'entreprises où les ouvriers, voire les cadres, apportaient quelques "modifications mineures" destinées à abréger la durée de fonctionnement du matériel livré...
Oh, ça marchait à la livraison ! Mais après deux milliers d'heures de fonctionnement en Russie... (On m'en a déjà raconté de belles, sur ce sujet...)
Pas certain que Renault fermerait ses archives à une étude sur l'entreprise pendant la guerre. Et s'il s'agit de mettre en cause la "collaboration économique" de Renault, il y a bien d'autres sources.