TOCCATA ET FUGUE EN RE MINEUR
"La toccata et fugue en ré mineur BWV 565 de Johann Sebastian Bach est l'œuvre pour orgue seul la plus connue à travers le monde. Cette dernière est datée entre 1703 et 1707. Il pourrait donc s'agir d'une œuvre de jeunesse du génie allemand.
L'inspiration d'une telle œuvre n'est pas si difficile à trouver. A ses débuts, Bach fut un très grand admirateur de Dietrich Buxtehude, au point de s'absenter plusieurs mois, alors qu'il travaillait pour la ville de Arnstadt, afin d'aller l'écouter à Lübeck. Les œuvres pour orgues de Buxtehude, comme la plupart des œuvres de cette époque, sont caractérisées par la présence du Stylus Fantasticus, un style dérivé de l'improvisation. Ce dernier comprend des passages héroïques, aux harmonies recherchées et aux changements soudain de rythme. Ces pièces débutent généralement par une partie où le compositeur fait preuve de beaucoup de liberté. Dans sa composition, la toccata de Bach utilise énormément le stylus Fantasticus.
Certains musicoloques avancent l'hypothèse que l'œuvre de Bach a été écrite afin de mettre à rude épreuve la mécanique des orgues ainsi que le son et la jouabilité de l'instrument. En effet, on a souvent affirmé qu'avant de jouer sur un instrument, Jean Sébastien Bach tirait tous les jeux de l'orgue afin d'en évaluer la puissance et la suffisance de vent produite par les soufflets. La toccata et fugue BWV 565 de Bach aurait été une œuvre permettant de tester les orgues: il n'y a qu'à écouter l'ampleur, la puissance, la magnificence des premières notes de l'œuvre pour comprendre.
L'œuvre a un succès immense auprès des auditeurs. Pas seulement en raison du génie dont a fait preuve son compositeur, mais également à cause de ses nombreuses apparitions dans divers films ou bandes originales :
Fantasia, arrangement pour orchestre symphonique par Leopold Stokowski ; 20 000 lieues sous les mers, un extrait de la toccata est jouée par le capitaine Nemo à l'orgue du Nautilus ; Il était une fois... l'Homme, générique ; Le Fantôme de l'Opéra (1962)...) ; Rollerball, générique (1975 et remake de 2002) Le Sens de la vie (1982) pour souligner avec humour le côté dramatique du match de rugby profs-élèves; Aviator de Martin Scorcese, 2005. Cette toccata et fugue n'est pas facile à jouer, pourtant, paradoxalement, elle est l'une des plus simples, comparée aux œuvres que Bach composera par la suite.
Dans son livre « BWV 565, une œuvre de Bach ? », Peter Williams expose divers arguments remettant en cause la paternité de Bach sur la fameuse œuvre :
L'œuvre n'est pas signée ; La personne détenant la plus ancienne version du manuscrit est l'élève d'un élève de Bach possédant une réputation douteuse qui aurait très bien pu faire passer l'œuvre comme étant celle de Bach ; L'œuvre abonde de points d'orgue et autres articulations qui seraient peu caractéristiques de la musique que Bach a composée. Il pourrait s'agir d'un concerto pour violon transcrit par Bach ou un de ses élèves, car la tessiture de l'oeuvre correspond parfaitement à celle du violon. Il en va de même du point de vue technique.
Si quelques musicologues aiment se livrer à de savantes spéculations dont on pourrait imaginer à terme qu'elles finissent par douter de l'existence même de Bach, il n'en demeure pas moins qu'un très large consensus, porté par de grands organistes comme Lionel Rogg et Marie-Claire Alain[2], ne s'est jamais départi de l'idée que le BWV 565 est bien une œuvre originale de Jean Sébastien Bach. Certes, œuvre de jeunesse, elle est particulièrement empreinte des influences dont Bach aimait à s'imprégner. Mais les preuves ne manquent pas pour démontrer que l'œuvre la plus célèbre du Cantor est bien de lui :
Aucun compositeur contemporain de Bach ni aucun de ses élèves ou de ses enfants musiciens n'aurait été capable d'écrire un œuvre aussi solidement charpentée, avec une aussi longue fugue. Contrairement à ce qu'affirme Peter Williams, de nombreux traits d'écriture sont caractéristiques de Bach et ne se retrouvent nulle part ailleurs chez d'autres compositeurs. On entend facilement des similitudes d'articulation avec la toccata en mi majeur BWV 566 et la toccata en do majeur BWV 564. Trois toccatas commencent par la même formule de trois notes, un aller-retour descendant sur deux notes voisines : la-sol-la dans la BWV 565 ; ré-do♯-ré dans la BWV 538 ; fa-mi-fa dans la BWV 540. Le petit labyrinthe contrapuntique allant des mesures 97 à 109 est indéniablement la signature de Bach et préfigure le génie du compositeur qui s'affirmera comme le maître incontesté de la fugue. Il faudra attendre le XXe siècle et un grand compositeur comme Marcel Dupré pour entendre à nouveau de vraies grandes fugues comparables."
Source: http://fr.wikipedia.org/wiki/Toccata_et_Fugue_en_r%C3%A9_mineur_de_Bach[/b]
_________________ «Le but de la musique devrait n’être que la gloire de Dieu et le délassement des âmes. Si l’on ne tient pas compte de cela, il ne s’agit plus de musique mais de nasillements et beuglements diaboliques.»
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