Elle était prévue pour le bicentenaire de sa mort, au printemps de cette année, mais elle fut retardée indéfiniment quelques semains avant la date prévue. Il ne s'agit pas du premier essai, une petite pression avait déjà été faite sur de Gaulle, mais sa démission en 69 mis le projet en suspension. Il aurait été le premier compositeur au panthéon, en plus d'avoir été un des seuls compositeurs français à faire partie du mouvement romantique, et l'aurait très probablement mérité, alors pourquoi ces retards? Une théorie avancée autant par les opposants à cette panthéonisation que par ses partisans, serait son engagement royaliste, puis plus tard en faveur de l'empire, tant qu'il ne s'agissait pas de la république.
Trouvé parmi les textes de la ligue communiste révolutionnaire (ce mouvement ne représente probablement pas une grande partie de la population, mais il clame probablement tout haut ce que les idéologues de la république pourraient bien penser tout bas en pensant à la panthéonisation de Berlioz):
" Un compositeur antirépublicain
Progressiste en art, Berlioz est effroyablement conservateur en politique. Sa participation à la révolution de 1830 l'amène à soutenir le roi Louis-Philippe. Il obtient d'ailleurs des commandes du régime : le Requiem, dédié aux soldats français disparus lors de la prise de la ville de Constantine en 1837, et la Symphonie funèbre et triomphale en 1840. En 1848, il s'effraie de la révolution qui chasse Louis-Philippe et instaure la IIe République. Il ne cesse de faire des remarques acerbes dans ses mémoires et sa correspondance contre la République. En 1851, il s'empresse de féliciter le futur Napoléon III pour son coup d'Etat qui la renverse ! Berlioz n'a donc rien à faire dans un Panthéon destiné aux "grands républicains".
La célébration du génie de Berlioz doit nous conduire à voir les faiblesses de l'homme et à refuser toute confusion réactionnaire entre l'artistique et le politique. Il faut donc être particulièrement vigilant face à l'opération qui se prépare. Berlioz a déjà sa place au Panthéon des artistes : cela lui suffit." (tiré de "Pas de panthéon pour Berlioz!", par Jean-Marie Jacono, "débat" publié le 20 février de cette année sur le site en-ligne de la LCR (sis au
http://www.lcr-rouge.org))
Ainsi donc la Panthéonisation serait bêtement politique. Un peu comme Alexandre Dumas pour qui le discours du président pouvait laisser croire qu'il était panthéonisé plus pour la couleur de sa peau que pour son oeuvre monumentale, avoir préféré la monarchie pourrait être une raison d'arrière-scène pour empêcher Berlioz d'y entrer. À croire que, si Marie Curie avait été panthéonisée dans la décennie actuelle, elle l'aurait été parce qu'elle est une femme, ou une polonaise, plutôt que par son oeuvre scientifique. Y a-t-il quelqu'un dans la salle qui puisse rétablir mes illusions que le panthéon n'est pas une simple affaire politique?