Cher
Narduccio, les propos de Berlioz que vous citez ne sont pas outranciers (je partage en cela l'opinion d'
eulben) et je vous sais gré de les avoir rapportés.
Citer :
C'est la seconde fois que vous tentez de me rabaisser en me faisant passer pour quelqu'un qui avalerait n'importe quelle vessie.
Loin de moi une telle tentative (avec récidive : je vous crois sur parole... bien que n'ayant aucun souvenir de la première tentative présumée)! En outre, les intervenants dans ces colonnes n'arborent pas ostensiblement leur CV culturel ; il ne s'agit pas d'opposer des personnes mais de confronter des opinions libres. Si j'ai pris la liberté de rappeler que
"Mille personnes qui répètent une bêtise n'en font pas une vérité", c'est en écho à
"La vérité sort [souvent... parfois...]
de la bouche des enfants" ; quarante années d'enseignement m'ont donné l'occasion d'en apprendre plus par une réflexion d'un enfant que par des dizaines de traités savants...
Vous rappelez avec raison l'assertion de Bernard de Chartres
"Nous sommes des nains juchés sur des épaules de géants", superbement illustrée dans un vitrail de la cathédrale de Chartres montrant les quatre évangélistes juchés sur les épaules des quatre grands prophètes de l'Ancien Testament. En outre
"A thing of beauty is a joy for ever" ("Chose belle, joie éternelle", John Keats) et il n'y a pas de progrès en art si l'on prend la peine de mettre chaque oeuvre dans son contexte historique et esthétique.
L'article de Berlioz ne contredit pas ce que j'ai pu risquer de dire en écrivant :
Citer :
L'éducation (tant générale qu'artistique) des jeunes princes, ainsi que l'émulation entre les différentes cours, maintenaient les critères du bon goût à un très haut niveau aussi bien du côté des "patrons" que des artistes.
Le succès d'une œuvre ou d'un artiste ne dépendait pas de l'opinion publique, mais d'un petit groupe de connaisseurs
En fait, je songeais plus à la musique des XVIIe et XVIIIe siècles qu'à celle du XIXe, époque de Berlioz, déjà si différente.
Citer :
Dans le cœur de tout un chacun il y a la place pour apprécier le beau. Même si tous n'apprécient pas le même "beau" que moi, je ne considère pas pour autant que ce sont des imbéciles ou des ignares. Chacun est libre d'aimer ce qui lui plaît.
Evidemment! Peut-être ce que j'ai pu écrire se ressentait-il de la relecture récente de l'ouvrage en trois volumes de René Berger
Découverte de la Peinture qui distingue si finement le fait d'adhérer spontanément et celui d'analyser afin de goûter davantage? En tout état de cause, dès que l'on entreprend d'analyser une oeuvre, il convient d'essayer de considérer des éléments objectifs recevables par chacun, et pas seulement son sentiment subjectif. A la question de Fontenelle "Sonate, que me veux-tu?", je serais tenté de répondre : "Rien de plus que de
savoir m'écouter".
Un autre paramètre à inclure dans le présent type de discussion est la distinction entre auditeurs et praticiens de la musique ; ceux-ci limitent généralement leurs commentaires à des aspects purement techniques en évitant soigneusement tous les jugements à teneur émotive si chers à ceux-là.