Krzysztof Meyer (Chostakovitch, éditions Fayard) s'exprime sur Volkov (Préface, page 13-14) :
" Sofia Khentova fonde sa monographie en plusieurs volumes sur de nombreux souvenirs de contemporains du compositeur ainsi que sur des documents d'archives auxquels elle a pu avoir accès (ce qui n'a jamais été chose facile en Union soviétique, où même les documents relatifs à la culture étaient considérés comme des secrets d'Etat, ou presque). Un certain nombre de détails qu'elle mentionne sont donc extrêmement précieux et jettent un jour nouveau sur la biographie de Chostakovitch. On ne peut que regretter cependant qu'elle accorde à des informations secondaires la même importance qu'à des événements d'un intérêt capital. Son étude contient en outre de nombreuses inexactitudes mais, surtout, elle est politiquement fallacieuse, car elle ne présente jamais Chostakovitch autrement que sous les traits d'un compositeur communiste, sincèrement dévoué au parti.
Quant au rôle des prétendus Mémoires de Chostakovitch publiés par Volkov, il est d'une importance exceptionnelle, car cet ouvrage est le premier à décrire de manière aussi approfondie la manière dont ce compositeur se retrouva empêtré dans les mécanismes du système totalitaire et sa dépendance à l'égard des milieux musicaux moralement corrompus que dirigeait Tikhon Khrennikov. Et même si nous contestons l'authenticité de cet ouvrage, sa valeur n'en reste pas moins estimable pour qui s'intéresse à la biographie du musicien. Il n'est cependant pas non plus sans défaut. Il n'accorde ainsi aucune place au contexte socio-politique des événements relatés, et de nombreux épisodes de la vie de Chostakovitch y sont représentés de manière tendancieuse, ce qui tient sans doute au style narratif propre aux Mémoires.
Je me suis efforcé dans mon étude d'éviter les défauts de Sofia Khentova et de Solomon Volkov et de restituer l'histoire de la vie et de la création de Chostakovitch dans le contexte des événements politiques, sociaux mais aussi musicaux de son époque. Cette préoccupation expliquera sans doute mes nombreuses digressions, ainsi que l'intérêt que j'ai accordé à des points tels que l'avant-garde artistique russe des deux premières décennies de notre siècle, qui a indubitablement influencé le jeune Chostakovitch. "
Dans l'absence d'autre source sur Chostakovitch que son biographe chez Fayard, je ne peux donc pas en dire davantage...
_________________ "L'Angleterre attend que chaque homme fasse son devoir" (message de l'amiral Nelson à Trafalgar)
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