Je voudrais évoquer une affaire étonnante
Il y a environ 2 ans, sur le site du musée du Louvre, un appel à mécène était lancé pour l'achat du Grand Noeud de diamants de l'Impératrice Eugénie. Réalisé par Kramer, il s'agit d'un chef-d'oeuvre de la joaillerie française, que le musée présentait comme Trésor national.
J'attendais que l'achat se réalise, mais il y a quelques semaines, je me suis aperçu que le joyau ne figurait plus parmi les objets à acheter...
Et pourtant il n'avait toujours pas été acheté...
Pour obtenir une explication j'ai écrit au Président directeur du Louvre, au Conservateur du département des objets d'art, aux amis du Louvre (plusieurs courriels) : Silence radio...
Voici la lettre envoyée :
Monsieur,
Je suis adhérent de la société des Amis du Louvre.
Il y a de cela, je crois, plus de deux ans, j’ai découvert avec plaisir que le musée du Louvre envisageait d’acquérir le grand nœud de diamants de l’impératrice Eugénie, et que l’Etat l’avait déclaré Trésor national.
Depuis, j’attendais semaine après semaine, l’éventuelle nouvelle que ce joyau avait été acquis et qu’il se retrouverait avec les autres éléments de parures dans la vitrine de la galerie d’Apollon.
Les mois passaient et je m’inquiétais un peu, jusqu’à ce que je découvre, il y a quelques jours, que ce joyau ne faisait plus partie des œuvres à acquérir…
J’avoue que cela m’a agacé.
Je suis conscient des achats de grande qualité faits récemment dans divers domaines touchant à la peinture ou au dessin (John Martin, William Blake, etc.), mais je pensais que la République du XXIe siècle aurait aussi le projet de réparer la vente catastrophique de 1887, monumentale erreur d’une précédente république.
Continuer à enrichir les collections de peintures, de dessins, de sculptures, c’est très bien, mais il y a un aspect qui semble échapper aux spécialistes que sont les conservateurs, c’est la fascination populaire pour les joyaux, surtout ceux qui appartiennent à l’histoire de France.
Je parcours souvent les salles du Louvre, si la Joconde est un passage obligé de tous les visiteurs, il est un autre lieu qui les attire invariablement, c’est la galerie d’Apollon et les joyaux présentés qui évoquent les ‘’Diamants de la Couronne de France’’. Les gens restent longtemps à admirer ces magnifiques parures, et à rêver devant eux. De superbes éléments ont été achetés ces dernières années, mais le nœud de diamants est un objet unique qui doit venir enrichir la vitrine, … ce qui attirerait encore plus de visiteurs.
Alors qu’un tableau de plus ou de moins touche peu la majorité d’entre eux.
A cette même vente catastrophique de 1887 (le plus bel ensemble d’Europe à l’époque), s’ajoute la destruction dans des conditions lamentables de la couronne de Charles X, alors que le joaillier, Germain Bapst, proposait de la restaurer et de l’offrir au musée…
Or, ce nœud de diamants, bradé en 1887, est le souvenir d’une parure exceptionnelle de l’impératrice, réalisée par le joaillier Kramer.
Les responsables du musée du Louvre cherchent à compléter les collections, mais ne délaissent-ils pas un espace, celui de l’imaginaire populaire et de l’Histoire ?
Pourquoi avoir fait disparaître le nœud de diamants de la liste des ‘’projets à financer’’, en en proposant l’achat à des entreprises ? Suffit-il d’attendre 30 mois pour être débarrassé de cet objet ?
Les grands projets coûteux ne doivent pas se faire au détriment de cet élément de parure.
Que le musée du Louvre laisse, une fois de plus (il est passé en vente en juin 2001), échapper ce joyau exceptionnel, me paraît une erreur révoltante.
J’espère que vous me rassurerez bientôt sur le devenir de cet objet.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président Directeur, l’expression de mes sentiments les meilleurs.
Comment obtenir une explication à ce comportement inhabituel : abandonner l'achat d'un objet exceptionnel ?
_________________ Pas d'URL dans les signatures.
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