Voici quelques vues de l'évocation de la chambre de l'Empereur, aménagée en 1808 par Percier et Fontaine et presqu'achevée ici.
Pour la réaliser, j'ai utilisé :
-pour le décor :
* les plans du palais qui fournissent l'emplacement des portes, des fenêtres, et le tapis qui indique précisément les dimensions de la pièce et l'emplacement de la cheminée
*la vue en coupe de Lefuel permet de déterminer la largeur et la hauteur des portes, la hauteur sous plafond et donne un dessin général de lambris
*pour le décor des murs : j'ai repris l'élévation proposée par le mobilier National pour la présentation des panneaux de la chambre de Louis XVIII. L'information revient souvent que Louis XVIII et Charles X ont très peu modifié les décors créés sous Napoléon (en dehors la suppression des emblèmes impériaux). J'en ai donc déduit que les panneaux de tissus de Louis XVIII avaient été calqués sur ceux Napoléon et je les ai donc reproduits aux mêmes dimensions (3 grands panneaux, 2 pour l'alcôve et un pour l'entre fenêtre, au Louvre, et 4 panneaux plus étroits, pour les trumeaux entre les portes et les miroirs).
*Les miroirs sont indiqués dans l'inventaire qui décrit les appliques et dans les travaux de Fontaine en 1808.
*Des pilastres sont également mentionnés aux angles.
*Le tissu qui recouvre les sièges et les murs est de la couleur de celui mentionné dans l'article de la Revue du Louvre (Damas ponceau) mais pour le moment celui de la chambre de l'Empereur à Compiègne (pour des raisons de cohérence) et en attendant d'obtenir une photographie de ce modèle.
*pour les miroirs, faute d'indication, j'ai repris celui de la chambre de l'Empereur à Compiègne, la forme cintrée revenant souvent au Premier Empire (et par exemple dans la salle du trône pour les Tuileries)
*le dessin du plafond a été publié par Percier et Fontaine.
Pour l'ameublement, la quasi-totalité des éléments est la modélisation du mobilier original conservé
-le lit et la commode à Versailles (chambre de l'impératrice au Grand Trianon, petite chambre du Roi au château)
-le tapis, la balustrade, les chenêts, 2 des 6 fauteuils, les 6 chaises, les 2 causeuses, le canapé au Louvre, (les deux repose pieds, les pliants, le paravent et l'écran sont des évocations)
-les appliques et la pendule sont au mobilier national.
Restent le lustre (mobilier National) et l'athénienne (Malmaison) et le plafond à faire. Ceci est pour bientôt!
Donc
Vue d'ensemble de la pièce depuis les fenêtres. Une porte (dissimulée dans la boiserie?) à gauche de l'alcôve, ouvrait sur le Grand Cabinet de l'Empereur. Rappelons que d'après l'étiquette de la Cour impériale, et malgré la présence de la balustrade, la chambre a un caractère privé. Elle fait partie de l'appartement intérieur de l'empereur. Napoléon a divisé les anciens grand appartement de la Reine et petit appartement du Roi en deux parties :
-l'appartement "d'honneur", constitué de trois pièces (salle des gardes ou antichambre, premier salon (appelé salon de service car s'y tient le Service de la Maison de l'Empereur) et second salon (ou Salon de l'Empereur) où ont lieu les moments publics de la vie de l'Empereur (audiences, Levers, Couchers, repas)
-et l'appartement intérieur (cabinet de travail, cabinet topographique, chambre et cabinet de toilette) qui est réservé à l'usage personnel du souverain. La chambre de l'empereur occupe l'emplacement de la chambre du petit appartement de Louis XIV, qui a servi à Louis XVI de chambre à coucher (mais dans une autre configuration, le lit étant dans une alcôve face à la cheminée qui n'a pas bougé de place sous Napoléon 1er) pendant son séjour aux Tuileries.
Petit rappel de la localisation de ces pièces sur le plan :
Vue depuis la porte d'entrée de la chambre donnant sur le cabinet topographique de l'Empereur
La commode de la chambre de Louis XVI à Compiègne, présente de 1809 à 1852 dans la pièce, et aujourd'hui à Versailles comme équivalence dans la petite chambre du roi de celle aujourd'hui à Chantilly
Le mur de la commode, contigu au cabinet topographique de l'Empereur sur lequel ouvre la porte de droite. La porte dans le fond ouvre sur un escalier qui mène chez l'Impératrice (la chambre de l'Impératrice étant située sous celle de l'Empereur).
Le mur de la cheminée, contigu au cabinet de toilette de l'Empereur, avec les appliques, la pendule, les chenêts et les causeuses d'origine. La porte de droite ouvre sur pièce destinée à l'huissier de l'appartement.
Vue d'ensemble du mur des fenêtres, donnant sur le jardin des Tuileries, à l'intérieur du pavillon dit "Bullant" ; les fenêtres de ce pavillon montant très haut, la vue en coupe de la chambre de l'impératrice montre qu'un faux linteau avait été placé dans l'embrasure pour pouvoir créer la corniche et la voussure du plafond ; c'est ce que j'ai réalisé pour la chambre de l'empereur
(Vue en coupe transversale de la chambre de l'impératrice, agence de Lefuel, 1860)
Le canapé et ses repose-pieds, rappelant la fonction de réception de la chambre
Et pour finir, le chevet du lit impérial reconstitué d'après le dessin du lit par Fontaine (sur le lit actuel, maintenant dans la chambre de l'impératrice au Grand Trianon, c'est le chiffre de Louis Philippe, avec des cornes d'abondance placées sous Louis XVIII pour remplacer les aigles impériales, encore conservées aujourd'hui au Mobilier National)