Bonsoir,

Je viens juste d'apprendre en feuilletant le tout nouveau dictionnaire des châteaux forts et fortifications médiévales d'Alsace qu'un tronçon de remparts médiévaux d'une soixantaine de mètres accoler a des maisons a été détruit pour construire un parking et tout ça sans observation archéologique dans la ville Alsacienne d'Ingwiller !

Il n'y a bien sûr aucune trace de tout ça sur internet mais dans ce fameux dictionnaire qui date de cette fin d'année, il y a un texte qui en parle et des photos a l'appui qui montre clairement la destruction.

Il y a aussi la destruction de mottes médiévales dans des champs de cultures et le fait de laisser s'écrouler les derniers vestiges d'un château qui a déjà presque disparu qui sont signalés dans le dictionnaire.

Qu'on laisse faire tout ça dans l'indifférence me laisse vraiment perplexe... Je ne pensais pas qu'on pouvait encore de nos jours détruire des tronçons de remparts médiévaux en France dans l'indifférence totale pour y construire un parking.

Tu n'es pas le seul que cela choque, mais notre époque est dirigée par la loi du porte-monnaie et des gros sous. Des remparts vite détruits pour un bénéfice maximum. J'avais entendu parler de cette histoire et je la déplore...

Plus sérieusement, l'argent est compté. Et tous ceux qui payent des impôts pensent qu'il faudrait les réduire. Donc, les services d'archéologie préventive se concentrent de plus en plus sur les fouilles qui ont un intérêt. Si la loi n'avait pas été respectée, je pense qu'il y aurait pas mal de monde pour porter l'affaire devant un tribunal administratif. Il me semble que ça n'a pas été le cas.

Fouiller pour le plaisir de fouiller n'apporte pas grand chose. De plus, de nombreux "remparts médiévaux" ne sont que des reconstructions ultérieures. Si c'est le cas, il n'y a plus rien à fouiller. Les chantiers précédents ayant effacé ce qui était intéressant de trouver.

Mais, rien ne vous empêche, avant de râler, de poser la question à l'INRAP ou aux autorités compétentes.

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie

Vu le sérieux des 2 auteurs du dictionnaire, je pense que c'est la vérité quand ils disent que c'est totalement incompréhensible que cette démolition ait eu lieu surtout que ce n'était pas du tout un tronçon de rempart dangereux et que de plus il présentait un magnifique chaînage en pierre a bosse.

En plus de tout ça, dans une autre section du rempart, les archéologues ont trouvé un four de potier au pied de celui ci alors de la a dire qu'il n'y avait certainement rien a n'y découvrir...

A l'inverse, certaines villes en prennent grand soin, comme Clermont-Ferrand (et Montferrand), dont les remparts médiévaux étaient plus grands que ceux de Carcassonne :
http://www.clermont-ferrand.fr/spip.php?page=video-une&id_article=12235

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"L'histoire serait une chose merveilleuse si seulement elle était vraie."
Léon Tolstoï.

En tout cas je viens d'envoyer un mail a l'INRAP pour en savoir plus. Je vais pas me gêner pour en parler a mes contactes dans le patrimoine médiéval en Alsace que j'ai pas mal développée cette année même s'il y a de forte chance qu'ils soient déjà informés.

Je connais bien le problème des vestiges archéologiques pour avoir entre autres actions de préservation, contribué à annuler un permis de construire détruisant le bord de vestiges oubliés d'un ancien monastère.
Ce n'est pas la recherche d'un bénéfice maximum qui est la raison de la destruction de vestiges archéologiques mais l'ignorance de ce qu'ils représentent et la naissance d'un projet de construction qui est jugé positif pour la collectivité, comme un parking municipal, une salle des fêtes, une rue nouvelle ...
C'est au niveau de la municipalité qu'il faut d'abord protester car c'est elle qui souvent de bonne foi décide de détruire et croit qu'un équipement municipal sera plus utile que "des vieilles pierres".
Quand j'ai annulé un permis de construire, l'opinion était contre moi, presque personne ne comprenait ce qui arrivait pour stopper la construction d'une boulangerie et de logements nouveaux sur la place centrale de la petite ville. Il faut donc changer l'opinion en expliquant ce que la commune risque de perdre de ce patrimoine sur le plan culturel, historique et touristique. Il faut positiver le vestige menacé pour changer l'opinion.
Après le maire, il faut avertir la presse locale, L'ABF et la DRAC-sous-direction de l'Archéologie. Ce dernier service n'a pas les crédits pour déclencher une fouille mais il peut par lettre comminatoire avec menace de poursuites stopper un projet de destruction de vestiges même non classés ni inscrits. Ils adorent protester avec copie à leur ministère, au préfet ... contre les bévues d'élus ou de services de l'Equipement.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.

Je déplore cela parce que j'habitai pas loin et que les remparts étaient vraiment magnifiques mais il me semble qu'ils étaient abimés par endroits ... C'est pour cela que je parle d'affaire de gros sous

Bonjour,

je rejoins Alain G. dans ses propos. Pour avoir travaillé dans une DRAC, plus précisément dans un SRA, j'ai pu me rendre compte à quel point les municipalités tentaient de passer en douce pour réaliser leurs projets urbanistiques, quitte à détruire des pans entiers de leur patrimoine. Elles n'ont aucun complexe, surtout si dans le court terme ça ne leur rapporte rien d'entretenir quelques vieilles pierres et encore plus quand une échéance électorale se profile à l'horizon...
Dans la grande majorité des cas, hélas, les DRAC se retrouvent devant le fait accompli. Il n'y a que dans les régions où un réseau associatif veille au grain que ce genre d'abus peut être évité. Même les STAP (peu connus du grand public, ils sont les relais de la DRAC dans les départements) n'arrivent pas à tout surveiller : dans un département que je connais bien, le STAP n'était par exemple pas au courant de terrassements réalisés tout autour de l'abside d'une église du XIe siècle, église pourtant située dans la même ville que là où le STAP se trouve. La même année, ce même STAP n'avait pas été informé qu'une association vaguement à vocation de protection du patrimoine (toutes les associations en la matière ne se valent pas, hélas!), allait dégager assez sauvagement un vieux lavoir et creuser autour à la pelleteuse dans l'espoir de trouver quelques vestiges anciens (sous la houlette d'une "archéologue" anglaise à la retraite installée dans le village concerné). Les agents du Ministère de la Culture ne sont pas assez nombreux (et ça ne s'arrange pas puisque le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux a été scrupuleusement respecté ces dernières années, bien plus que dans d'autres secteurs publics) et les collectivités territoriales, hors les départements, ne prennent pas la peine de recruter des personnes compétentes pouvant jouer un relais efficace dans la protection et la valorisation du patrimoine ancien. Cette tâche, généralement considérée comme "honorifique" est souvent confiée par copinage à des époux ou épouses de conseillers municipaux dont le seul but est de se faire valoir (je pense que toutes celles et ceux qui ont mis le nez dans ce domaine ont été confrontés à ce genre de pratique...).

Bref, quand tout se passe bien, le dossier d'aménagement est sensé remonter au niveau de la préfecture de région qui le confie à la DRAC pour examen. Ensuite, il est décidé selon les cas, soit de mesures de protection, soit de diagnostics archéologiques etc.

Mais il est malheureux qu'encore aujourd'hui il faille dans bien des cas une veille citoyenne pour que les municipalités ne fassent pas n'importe quoi avec leur héritage historique ou archéologique. Donc, si parmi vous, certain(e)s se trouvent confronté(e)s à un abus, saisissez sans tarder le STAP de votre département (Service Territorial de l'Architecture et du Patrimoine) : non inféodé aux élus locaux et dépendant du Ministère de la Culture, il sera d'un secours efficace.

Hervé

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"L'histoire, qui est le juge du monde, a pour premier devoir de perdre le respect" Michelet (J.)