Habillé avec l'aide de votre domestique, vous voila donc pret pour la soirée.Ce dernier va d'ailleurs rejoindre ces collègues à l'office pour le diner servi dans la salle des gens.
Vous empruntez le chemin inverse: escalier B, galerie de stuc et antichambre double, c'est encore le chemin le plus court pour rejoindre les salons. Vous rencontrez au passage de nombreux invités, hommes en habit et dames en grand décoletté.Une duchesse vous conte d'ailleurs ses déboirs à traverser ces longs couloirs glacés les épaules nues: n'oublions pas que nous sommes au mois de novembre!
Arrivé dans l'antichambre, vous empruntez une large porte à votre gauche et pénétrez dans la galerie des cartes.Cette pièce, nommée également salon des aides de camps, peine à contenir , malgré sa longueur, tous les invités. Un huissier à l'entrée vous prie aimablement de vous ranger sur le coté, avec les autres messieurs, les dames étant alignées de l'autre coté: ainsi se déroule la présentation aux souverains.
On converse doucement, on se dévisage quelque peu, on note la présence de tel dignitaire, artiste ou ambassadeur.On devine alors à quelle "Série" vous appartenez:"Elégante"?,"Sérieuse"?.
Un quart d'heure plus tard, la porte donnant dans le grand salon s'ouvre, un huissier apparait, se range sur le coté et annonce gravement: "l'Empereur".
Le couple impérial apparait enfin, suivi des membres de la famille impériale présents au palais.Le petit prince n'est pas la, il est en effet en train de diner dans sa salle à manger particulière.
L'Empereur et l'Impératrice font le tour du salon, en commençant par les dames qui esquissent une révérence.Le grand chambellan et la grande maitresse qui suivent le couple indiquent discretement noms et titres.L'Empereur et l'Impératrice, quis se sont renseignés au préalable sur leurs invités, ont un mot aimable pour chacun.
La cérémonie dure une petite heure puis le cortège pour le diner se forme.Il n'y a pas d'hote à honorer ce soir, c'est donc un un couple désigné à l'avance, qui va etre renouveler chaque jour, qui va conduire l'empereur et l'Impératrice au diner.La procession, l'Empereur et sa compagne d'un soir en tete, se met en marche à travers l'antichambre, la salle des gardes, le salon antichapelle .Des valets, placés de chaque coté des portes, saluent au passage, de meme que les musiciens placés dans la galerie des revues.Enfin vous arrivez dans la galerie de bal.
Cette dernière n'a en fait de bal que le nom, c'est en effet la salle à manger principale du palais.Une longue table se déroule sur toute sa longueur, recouverte d'une nappe blanche brodée d'abeilles et du chiffre impérial, assortie aux serviettes de table bien sur. Le surtout en métal argenté, Christofle, présente le déroulement d'une chasse.La porcelaine est naturellement de Sèvres, la verrerie en cristal, brillant sous les chandelles des multiples lustres.D'épais bouquets occupent le centre de la table: le coup d'oeil est réellement splendide.
Une armée de valets attend de cahque coté de la table, derrière les chaises légères des invités.L'Empereur et l'Impératrice prennent place au centre, de chaque coté.Ils sont entourés par deux personnes désignées, les autres se plaçant selon leur volonté.
Vous attendez que les souverains prennent place puis vous vous asseyez a votre tour.Vous observez le menu: la chaire est abondante.Un valet, un pour deux invités, vous conseille discretement sur les plats et note votre choix: le service est en effet "à la Russe" et non plus "à la française", jugé trop incomode.
Le service est impécable et efficace. Les valets s'affairent entre la longue table de service placée contre les fenetres et la galerie des cerfs qui ,avec ses rechauds, sert d'office.
La discussion s'anime peu à peu, on parle des affaires de Paris, du voyage, de son logement au palais.... tout cela bercé par la musique militaire qui se fait entendre de la galerie des revues.
Après le déssert arrosé de champage, l'Empereur pose ses couverts, c'est le signe que le repas est terminé. Sa Majesté se lève, tout de suite immité par le reste de l'assemblée.
Ce soir il n'y a pas de représentation au Théatre, la soirée va donc se dérouler dans les salons vers lesquels tout le monde se dirige à nouveau.
L'Empereur et l'Impératrice se dirgent dans le Grand salon avec leur suite et les invités importants, vous restez avec les autres hotes dans la galerie des cartes.Ne vous inquiétez pas,plus tard dans la soirée l'Impératricevous fera appeler auprès d'elle, comme elle s'attache à le faire avec chacun des invités.
Vous vous installez donc dans un de ces confortables fauteuils néo Louis XVI recouvert de tapisserie, auprès de cette meme duchesse qui bat violemment de son éventail: les salons sont en effet surchauffés! Vous vous attardez sur cette longue pièce blanche, meublée de fauteuils et consoles Louis XVI supportant de lourds vases en sèvres fleuris. Vous remarquez les grandes cartes de a foret de Compiègne tendues sur les murs.
On ne tarde pas à servir le café. On bavarde, on joue au billard chinois au jeu de galets , aux cartes sur l'une des nombreuses tables disposées à cet effet, on baille un peu aussi...
On vous appelle, c'est à votre tour d'etre admis dans le grand salon!Ily a déja beaucoups de monde:chambellans, dames d'honneur. L'Empereur, entre deux réussites, fait le tour des groupes en fumant ses éternelles cigarettes.Le Prince Napoléon discute avec un ambassadeur, la princesse Mathilde lutte contre le sommeil dans un des fauteils Néo Louis XV en bois doré....L'Impératrice est la, a coté de la cheminée, entourée de quelques dames, elle vous prie de vous asseoir, vous demande si vous avez fait bon voyage, si votre chambre est à votre gout.Après une quinzaine de minute, elle vous remercie en vous invitant le lendemain à son thé de 17 heures, rendez vous à ne pas manquer bien sur....
Vers dix heures, l'Empereur, victime peut etre d'une cigarette de trop au yeux de son épouse qui en déteste l'odeur, rallie les autres fumeurs pour se rendre au fumoir.Vous joignez le petit groupe et empruntez le chemin maintenant bien connu vers le deuxième étage, le fumoir se trouve en effet à quelques pas en face de votre appartement.
Laa pièce est très confortable, ouvrant sur la nuit de la cour d'honneur pas de nombreuses baies.La dominante est rouge et bleue avec un plafond à la française décoré.Des tetes de cerfs donnent un caractère pittoresque à l'endroit .Un feu crépite dans l'immense cheminée placée contre le mur du fond, derrière un gros pouf recouvert de velours rouge qui occupe le centre de la pièce. Un mobilier en bois noir entoure des tables à jeux, placées sur un épais tapis moquette.Les discussions reprennent de plus belle, dans les volutes de fumée qui s'échappent par le système d'aération situé au cetre du plafond, au dessus du lustre de style hollandais. On sert quelques liqueurs.
L'Empereur, après quelques cigarettes, décide de rejoindre ces dames.Il insiste cependant pour que les invités qui le désirent restent.Le prince Napoléon et les joueurs invétérés ne se font pas prier.
Vous voila donc de retour dans les salons ou l'on sert le chocolat dont l'Impératrice raffolle.Les discussions se sont détendues et des rires provenant du grand salon se font entendre.Sur proposition de l'Impératrice, l'Empereur tourne la manivelle du piano mécanique, un petit bal improvisé commence alors dans la galerie.
Vers onze heures et demi, l'Empereur se retire après avoir salué l'assemblée.Une demi heure plus tard l'Impératrice se dirige à son tour vers la porte des appartements impériaux et, apres une élégante révérence, sort de la pièce, cloturant ainsi la soirée.
Les invités se dispersent, vous suivez un petit groupe qui se dirige lui aussi vers le deuxième étage, les huissiers de service vous souhaitent bonne nuit à votre passage.
A la porte de votre appartement, vous entendez les conversations étouffées provenant du fumoir.Attendu par votre domestique, vous passez votre tenue de nuit et vous installez pour la première fois dans l'immense lit en acajou.
Le palais de Compiègne s'endort enfin