Ma source principale pour le commerce entre l'occident et l'orient est la magnifique étude sur
La Méditerranée à l'époque de Philippe II par Fernand Braudel disponible en 3 volumes en livre de poche. C'est une période un peu tardive par rapport au coeur du sujet de ce topic, mais d'une part c'est assez intéressant, et d'autre part, quand il est question des turcs, cela concerne, souvent, aussi les arabes.
A propos des évolutions techniques des bateaux, Fernand Braudel écrit, tome 1, page 361, et suivantes :
Citer :
l'instrument dont on se sert, le bateau de bois mû par les vents, a les mêmes limites techniques. Il ne peut dépasser une certaine grandeur, un certain équipage, une certaine surface de voile, une certaine vitesse. Autre uniformité, pas un bateau nouveau n'apparaît sur l'Océan [Atlantique] dont on ne retrouve assez vite des échantillons en Méditerranée. [...] Même le Turc, à cette époque, use du galion de type océanique, navis gravis, navis oneraria, le plus gros des navires de charge, explique Schweigger, un voyageur allemand qui les a vus à Istanbul et ailleurs en 1581. [... page 367] c'est la pratique des plus longs voyages, en mer Noire d'une part, en Angleterre de l'autre, qui a amené le grossissement des tonnages des galées (au XIVe siècle, elles jaugeaient environ 100 tonnes), puis leur multiplication. [... elles] assurent notamment les transports des volumineuses balles de coton en provenance de Chypre ou de la Syrie. Le coton, dès le XIIIe siècle, devient un textile important, il supplée à l'insuffisante production de laine et triomphe avec l'essor des futaines (chaîne de lin et trame de coton). [...] Autre avantage de ces gros navires, ils savent se défendre des corsaires. Une nave catalane de 2800 botte (soit 1400 tonnes environ), en août 1490, prend en chasse les galères de Barbarie qui se réfugient dans le port de Syracuse. [...] Entre le XVe et le XVIe siècle, il y a eu, un peu plus tôt un peu plus tard, repli des gros voiliers et large poussée des tonnages inférieurs [... page 373] Dans cette lutte les pygmées souvent l'emportent à cause de leur plus grande rapidité, de leur meilleur tenue à la mer et au vent, à cause aussi de leur artillerie, car ainsi que l'expliquera bien plus tard un contemporain de Richelieu (1626), contrairement à ce qui se passait jadis, aujourd'hui, un vaisseau de 200 tonneaux, peut "porter d'aussi gros canons qu'un vaisseau de 800..."
A propos du commerce de l'or d'Afrique, Fernand Braudel écrit, tome 2, page 143 :
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Les échanges se font à la limite entre caravanes chamelières du Nord et files de porteurs ou pirogues du Sud. Dans l'ensemble, le Nord l'emporte, c'est-à-dire l'Islam [...] C'est un évènement important que la progression des Portugais au long de la côte Atlantique d'Afrique. [...] En 1460, quand meurt Henri le Navigateur tout est à peu près en place sur les rives guinéennes.
A propos du commerce du poivre, Fernand Braudel écrit, tome 2, page 234 :
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Le commerce méditerranéen en direction de l'Orient n'ayant rien perdu de son intérêt pour les intermédiaires, seule la force eût peu l'empêcher, c'est-à-dire une surveillance aux sources du ravitaillement. Les Portugais y ont réussi à plusieurs reprises, et même chaque fois qu'ils l'ont voulu, ainsi au début de leur pénétration quand ils frappèrent les trafics prioritaires de la mer Rouge, et même plus tard : durant l'hiver 1545-1546 au large de la côte de Malabar, "l'escadre portugaise mena une action tellement efficace que toute sortie clandestine de poivre fut évitée", pour le moins la contrebande fut considérablement réduite. Mais ces rigueurs ne durèrent qu'un temps [...] le Portugal n'est pas assez riche pour entretenir ce vaste réseau, ses forteresses, ses coûteuses escadres, ses fonctionnaires. [... Mais 30 ans plus tard, page 245] Un nouveau mouvement de bascule s'amorce [...] le poivre portugais regagne du terrain
A propos de la domination des hollandais et des anglais au 17e siècle, Fernand Braudel écrit, tome 2, page 342 :
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La victoire éclatante, au XVIIe siècle, des Anglais et des Hollandais ne s'interprète correctement qu'à l'échelle du monde. Il s'agit tout d'abord de transformations techniques en chaîne dans l'art de construire et de conduire les navires ; nous en avons déjà parlé. L'avènement du voilier nordique de 100 à 200 tonnes, bien armé, sûr de ses manoeuvres, marque un tournant de l'histoire maritime du monde.
Bref, quand on retarde dans le détail, on s'aperçoit qu'il y a de nombreux retournements de situation, et que les améliorations techniques se retrouvent un peu partout. Mais globalement, l'occident va se montrer plus inventif, notamment au niveau de l'armement des bateaux, et mieux organisé militairement.