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 Sujet du message : Re: La notion de oumma
Message Publié : 11 Août 2008 11:07 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 14 Avr 2005 10:11
Message(s) : 2082
Nous parlions de l'impact de la colonisation occidentale. En effet la colonisation ottomane n'est pas à proprement parlé occidentale vous en conviendrez. De plus c'est l'Empire Ottoman qui reprend toute la symbolique politique des empires de Bagdad.

Ma réponse portait donc bien uniquement sur la colonisation occidentale.

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« Étudiez comme si vous deviez vivre toujours ; vivez comme si vous deviez mourir demain. » Isidore de Séville


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 Sujet du message : Re: La notion de oumma
Message Publié : 11 Août 2008 13:43 
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Plutarque
Plutarque

Inscription : 03 Mars 2008 20:02
Message(s) : 182
Isidore,

Isidore a écrit :
Autant je souscris, sur un sujet que je ne prétends en aucun cas maitriser, au message du 09 Août 2008 14:12 et 10 Août 2008 18:21. Par contre sur celui du 09 Août 2008 13:23 j'ai un peu plus de mal, car nous quittons l'explication de texte pour l'émission d'une théorie. Ceci dit vous dites bien que c'est une suggestion.


Julien : Merci pour vos objections. Je ne pense pas toutefois qu'elles nous mettent en désaccord.

Citer :
En effet quand vous dites :

Citer :
l'étude occidentale des sociétés musulmanes fut d'abord une étude religieuse - "culturaliste" si l'on veut - et dans un contexte particulier : la colonisation et les réactions politico-religieuses qu'elle suscitait.


Il est important de préciser que la colonisation du monde musulman commence à la toute fin du XVIIIème siècle. Et à cette époque, quand Bonaparte arrive en Egypte, il dispose déjà de savants connaissant l'Égypte, le monde arabe, la langue arabe et même le perse. Un des premiers, si ce n'est le premier, traité latin de grammaire arabe date de 1538 en Angleterre. Nous sommes bien loin de la colonisation du monde musulman et donc le contexte colonial est à relativiser. Ou bien dans ce cas la curiosité de l'Europe vis à vis du monde extérieur est à réintégrer dans le cadre colonial, ce qui reste à démontrer.


Julien : Je suis allé un peu vite - me contentant de traiter implicitement des périodes qui ont vu les études orientales se développaient et se diffusaient le plus à l'époque contemporaine. Vous avez tout à fait raison de noter que toute curiosité européenne vis-à-vis du monde extérieur n'est pas à réintégrer dans le cadre colonial. Au moins pour deux raisons : d'une part, il y eut une curiosité précédant cette histoire coloniale ; d'autre part, la curiosité de l'historien est en partie déterminée par des enjeux propres à l'histoire en tant que domaine d'activité. (Je suis ici pleinement Paul Veyne ou Maxime Rodinson et me démarque volontiers des lecteurs de l'Orientalisme d'Edward Saïd. C'est un sujet compliqué; je me suffirai de ces deux seules remarques.) Ce qui ne signifie nullement que la curiosité pré-coloniale soit dénuée d'intéressement "pratique" - songeons au moins à la crainte que suscitaient les Turcs et, évidemment, à la polémique islamo-chrétienne. Plus encore, à l'époque coloniale, on a bien pu constater (même si la lutte a gauchi ce constat) combien le rapport de domination avait des effets sur la connaissance du monde musulman.

Citer :
De plus le parallèle entre la notion de Nation et d'Oumma dans leurs diverses acceptions ne me parait ni pertinent, ni opérant. Nous comparons ici deux termes dans deux langues et dans deux aires civilisationnels différentes. Comparaison n'est pas raison... De plus nous comparerions ici la nation qui sera construite juridiquement et politiquement, elle, et ceci même au moyen âge (cf. la naissance de la nation France de Colette Beaune). Les nations consituant l'Ordres de Malte, de la Sorbonne ou bien des troupes participants aux croisades sont assez bien désignées. A quoi pensez vous pour les nations plus mystiques ? La nation n'a jamais, à mon sens, de prétention à être ou représenter l'universel, à regrouper une communauté qui ne soit pas politique, tout du moins dans son utilisation en français. Sinon tout au plus parlons nous des nations.

Peut être un parallèle avec la notion de chrétienté serait plus valable, mais ce dernier terme n'a pas survécu à l'époque moderne.


Julien : J'essayais avec ce parallèle (qui n'était pas une vraie comparaison, auquel cas il aurait fallu que je montre en quoi elle est adéquate et inadéquate) d'imaginer la situation inverse : disons, un musulman du Yémen, à qui il faudrait expliquer la conception française de la Nation, celle qu'on enseigne dans les cours de droit public, et qui n'est pas, vous en conviendrez, dénuée d'une certaine mystique : au moins dans ce que Pierre Bourdieu nommait joliment "le mystère du ministère" par lequel on fait "parler" la Nation (dans le cas qui nous intéresse) et qu'on a fait "se lever", etc. Cette fiction de la Nation, englobant tous comme un seul homme, n'allait pas de soi, en dépit de l'étatisation précoce (qui n'avait pas réussi, même à la Révolution, l'unification culturelle et sociale de l'espace français - mais c'est un autre sujet : )) : c'était, si l'on veut, une "machine de guerre idéologique", un "idéal".

Citer :
Ma question reste toujours : pourquoi ce terme en français et en anglais n'est-il sortie que sous sa notion d'idéal de la communauté musulmane ? Car quand les fondateurs du site oumma.com choisissent ce nom je n'arrive pas à croire que ce soit à cause de Benard Lewis et des orientalistes.


Julien : Vous avez la réponse dans le petit extrait de Louis Gardet (et dans mes messages) : les fondateurs d'Oumma.com employaient ainsi une "idée-force", un mot susceptible de mobiliser, d'être reconnu et de suggérer un idéal. (Ces mots ne sont pas si nombreux et on peut imaginer que le choix s'est fait - comme pour d'autres sites, mouvements associatifs, etc. - face à une petite liste et selon des critères également esthétiques et consensuelles.) En l'occurrence, je défendrais volontiers l'hypothèse que le concept d'"oumma" a le double avantage de l'affectif et du flou (il n'engage à rien précisément - contrairement à ce qu'a pu écrire Lewis là-dessus, prenant, contrairement à Louis Gardet, l'idéal de quelques clercs pour la réalité : c'est là son erreur - que Ferjani, et d'autres, soupçonnent intéressée).

Citer :
Vous apportez une réponse à laquelle je ne souscris pas et dont j'ai relevé des points qui me paraissent prêter à discussion. Ceci dit je ne nie pas que le fait colonial et la confrontation avec l'occident aient pu jouer un rôle dans la réactivation de la notion d'Oumma mystique et universelle.

Car quand vous dites :
Citer :
l'islamisme difficilement séparable d'une lutte contre la domination occidentale


Permettez moi de ne pas voir dans l'occident, fantasmé pour le coup, l'alpha et l'oméga des causes de l'Islamisme concept qu'il resterait d'ailleurs à définir pour une acception qui soit commune et propre au débat. Ainsi le parti Baas, et plus largement le nationalisme arabe, est laic et en opposition au colonialisme, comme quoi la réponse islamiste était juste une possible et pas la seule. Mais là c'est un autre débat...


Julien: Je ne vois pas cela non plus. Je n'entendais nullement en quelques mots expliquer ce qu'on appelle communément l'islamisme (j'allais mettre des guillemets dans mon premier message mais j'ai préféré ne pas compliquer la discussion). Je notais simplement une relation difficile à rater entre ces mouvements politico-religieux et les rapports de forces et de sens internationaux. Maintenant, il est évident que l'étude des médiations entre les deux est des plus complexes, et que pour l'essentiel elles relèvent de logiques internes aux sociétés musulmanes concernées.

Citer :
Il y a donc deux acceptions; l'une passe au français et à l'anglais, pour ne pas dire au monde en tant que nom propre, mais l'autre reste en arabe exclusivement.


Julien : Parce que l'une a un sens spécifique (surtout dans le langage des clercs, objet d'étude privilégié), l'autre non ? L'histoire étant quelque chose comme la mise à jour des différences entre une configuration et une autre, il n'est pas nécessaire d'être un néoconservateur américain (comme Bernard Lewis) pour que la référence à la Umma saute aux yeux...

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"Pénétrer de présent la tradition elle-même: premier moyen de lui résister." (Lucien Febvre)


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 Sujet du message : Re: La notion de oumma
Message Publié : 08 Oct 2008 23:02 
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Salluste
Salluste
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Inscription : 01 Juil 2004 20:40
Message(s) : 240
Localisation : Paris
Pour en revenir à des notions simples, le mot ouma veux dire communauté et comme le dit très bien Kamzz tout est "oumaïsable" dans un verset le Coran parle d' "oumat el ana'am" c'est à dire communauté des animaux, ce qui veux dire en français l'ensemble des espèces animales, comme quoi la religion n'a rien n'y voire la dedans.

_________________
Ce qui m'intéresse, c'est la vie des hommes qui ont échoué car c'est le signe qu'ils ont essayé de se surpasser
Georges Clemenceau


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