ABD77 a écrit :
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C'est tout de même étonnant qu'il n'y ait pas eu plus de reproches contre Uthman
Je rappelle aussi que le califat de Uthman a été marqué par une très grande prospérité économique (même si elle n'a pas profité à tous de façon égale, ce qui a aussi été une des causes des dissensions), et par une grande expansion de l'islam, de la Tunisie jusqu'à l'Afghanistan.
Sous son califat, les armées musulmanes n'ont connu que des victoires, sauf oubli de ma part.
Maintenir l'unité d'un si vaste territoire n'est jamais chose facile.
Effectivement, Othman a surtout eu des succès, par ailleurs sa piété islamique et sa vie privée étaient irréprochables. Cette révolte est d'autant plus surprenante. Peut-on vraiment l'expliquer par le népotisme ? Un peu léger. Les parents qu'il a nommés se sont montrés plutôt efficaces (Moawiyah avait du reste été nommé par Omar). Mais peut-être qu'on leur reprochait surtout de n'être pas assez musulmans. Le cas le plus emblématique est Abdallah Ibn Abi Sahr, frère de lait d'Othman. Cet Abdallah avait été secrétaire du Prophète, puis avait apostasié et gagné la Mecque encore païenne car il avait cru remarquer que le Prophète acceptait des modifications à la Révélation. Condamné à mort à la prise de la Mecque par l'armée musulmane, il n'avait été grâcié que très difficilement, par l'intercession d'Othman. Et Othman, devenu calife, a confié un commandement à Abdallah, qui l'a parfaitement exercé (il a été le premier chef musulman à remporter une victoire sur mer), mais n'en a pas moins été chahuté en raison de ce passé.
Il y a un livre passionnant et très documenté sur la Fitna, par Hichem Djaït (La Fitna, chez Gallimard). Sans trop insister (il est quand même musulman), il laisse entendre que les moteurs de la révolte contre Othman étaient les
qurras, les connaisseurs et spécialistes du Coran, qui devaient donc être mécontents de la façon dont Othman avait rassemblé le Coran, on ne voit guère d'autre explication.
Par ailleurs cette révolte est partie de plusieurs endroits : Egypte, Irak, et de Médine même, des parents du Prophète y ont pris part (par exemple Abdallah Ibn Abi Bakr, beau-frère du Prophète et fils du premier calife). La cassure entre sunnites, chi'ites et kharijites a donc là ses racines...