Il existe une querelle historiographique, et pas seulement sur PH, sur le statut des juifs dans l'Espagne musulmane ; wiki en donne une approche qui me parait pouvoir ouvrir des pistes :
La situation des non-musulmans dans le califat de Cordoue a donné lieu à de nombreuses controverses parmi les spécialistes et commentateurs de la période, en particulier ceux qui souhaitent établir des similitudes avec la coexistence des musulmans et des non-musulmans dans le monde moderne.
Il a été dit que les Juifs, ainsi que les autres minorités religieuses, étaient nettement mieux traités dans la péninsule ibérique sous contrôle musulman qu'en Europe chrétienne, et qu'ils y ont vécu une période unique dans l'histoire de tolérance de respect et d'harmonie. Pour d'autres, bien qu'al-Andalus ait été l'un des pôles majeurs du judaïsme pendant le haut Moyen Âge, et le berceau de communautés stables et prospères, il n'est pas certain que les relations entre Juifs et musulmans aient été un modèle de dialogue inter-religieux, et le traitement des Juifs pourrait n'avoir pas été très différent de celui qui leur était réservé ailleurs.
María Rosa Menocal, spécialiste de la littérature ibérique à l'université Yale, est d'avis que la tolérance était un aspect inhérent à la société andalouse, et que les dhimmis juifs vivant dans le califat de Cordoue étaient, bien que considérés comme des citoyens de seconde classe, mieux traités qu'ailleurs dans le monde. Al-Andalus était considérée par les Juifs, ainsi que par des chrétiens adhérant à des sectes jugées hérétiques par Rome, comme une terre d'accueil.
Bernard Lewis, professeur émérite des études sur le Moyen-Orient à l'université de Princeton, considère cette image comme largement faussée, et sa comparaison avec le monde moderne comme anhistorique et apologétique. Les prétentions de l'islam à la tolérance seraient, selon lui, très récentes et ne se retrouvent pas parmi les partisans d'un retour à l'islam. Les sociétés islamiques traditionnelles n'auraient jamais accordé une telle égalité, ni même prétendu le faire, celle-ci allant à contre-courant de leur vision théologique du monde.
Selon Mark Cohen, professeur d'études proche-orientales à l'université de Princeton, le « mythe d'une utopie inter-religieuse, » déjà rencontré dans le Moyen Âge tardif, aurait été fortement développé par les historiens juifs allemands du XIXe siècle, dont Heinrich Graetz, qui critiquaient de la sorte le traitement subi par les Juifs en Europe chrétienne, particulièrement en Europe orientale. Cette vision aurait été récupérée par les Arabes lors de la création de l'état d'Israël, comme une « arme de propagande contre le sionisme, » lequel serait responsable d'avoir brisé l'harmonie qui aurait régné jusqu'alors entre Juifs et Arabes dans la Palestine ottomane. Cette mythisation de l'histoire aurait généré un « contre-mythe » présentant une « conception néo-lacrymale de l'histoire judéo-arabe » par des historiens comme Bat Yeor, aussi éloignée que la première de la réalité[7].
Frederick Schweitzer et Marvin Perry pensent eux aussi que la vision traditionnelle de l'âge d'or a été fortement exploitée par les Arabes musulmans après 1948 dans un but polémique contre l'état d'Israël, et qu'elle ignore une série de manifestations de haine et de massacres moins connus, comme le massacre de Grenade, mais aussi celui de Cordoue en 1011[8].
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%82ge_d ... 2ge_d.27or