Effectivement, c'est du hors-sujet, puisque le sujet, c'est "La Turquie kémaliste et les Arabes", c'est-à-dire, les rapports entre un Etat (la Turquie kémaliste) et une minorité ethnique/nationale (les Arabes). Alors que la quasi-totalité de vos questions concerne les rapports entre l'Etat turc et la religion musulmane. (et "musulman" ne veut pas dire "Arabe", et vice versa...)
Espérant une relocalisation de cette dernière discussion par les modérateurs, je vais essayer de répondre brièvement à vos questions.
-Pour l'écriture de la langue turque, l'alphabet arabe a été remplacé par l'alphabet latin en 1928. Du coup, c'est une réforme qui ne concerne que la langue turque ; les textes en arabe ont continué à être édités avec des lettres arabes.
Durand78 a écrit :
Est-ce que tous les textes ont été traduits?
Si vous voulez parler de la retranscription des textes en turc édités avec les lettres arabes : Non, c'était impossible, le corpus des oeuvres en turc édités avec "l'ancien alphabet" (l'alphabet arabe) était déjà trop vaste, et il était impossible de retranscrire tout ce corpus avec les lettres latines.
Si vous voulez parler de la traduction des textes arabes en langue turque : Non, il est impossible de traduire tous les textes d'une langue. Mais à partir des années 1940, le gouvernement a soutenu la traduction systématique des "classiques de l'Occident et de l'Orient" ; ainsi, les grands poètes, philosophes ou historiens arabes et persans ont été (re)traduits en turc.
Durand78 a écrit :
comment distinguer un interdit "de la sphère privé" d'un interdit "non privé" alors que l'islam ne fait pas cette distinction ?
D'abord, la politique ne respecte pas toujours la doctrine religieuse. Et le gouvernement kémaliste avait progressivement éliminé les politiciens et les religieux influents qui auraient pu remettre en cause, au nom de l'islam, cette distinction entre le sphère privé et le sphère public.
Ensuite, le système juridique mis en place pendant le dernier siècle de l'histoire de l'Empire ottoman reconnaissait plus ou moins la laïcité. Les tribunaux laïcs ("tribunaux de Nizamiye" et tribunaux de commerce) coexistaient, par exemple, avec les tribunaux de droit religieux depuis les années 1860. Les lois promulgués en Empire ottoman étaient loin d'être des manifestations strictes des lois religieuses. La Turquie républicaine/kémaliste a accéléré et radicalisé ce processus de laïcisation.
Durand78 a écrit :
peut-on parler de l'abandon d'un islam politico-religieux vers un islam strictement religieux ?
Probablement. Mais il faut re-souligner que ce processus a débuté au XIXe siècle.
Durand78 a écrit :
est-ce l'islam turque abandonne alors tout juridisme ?
Oui, pour toutes les questions régies par la législation laïque.
Durand78 a écrit :
Citer :
Le renforcement de l’islam par le pouvoir turc est surtout le fait de la junte militaire qui a pris le pouvoir en 1980. Dans le dessein de lutter contre le progrès des idées de gauche, le gouvernement militaire a misé sur les islamistes. La constitution de 1982 rend obligatoire l’enseignement coranique (dans sa version sunnite exclusivement) dans toutes les écoles et collèges public. Le gouvernement multiplie les autorisations d’ouverture d’école religieuses (officiellement prévu pour former des imams). ..
Est-ce exact ?
Oui, tout à fait.
Bernard Lewis a écrit :
La séparation du spirituel et du temporel a donc été considérée par les musulmans comme un remède chrétien à un mal chrétien qui ne les concernait pas.
Dans la Turquie contemporaine on ne met pas en cause les racines chrétiennes de la laïcité, mais plutôt les paradoxes et les conséquences de ses modes d'application.
Durand78 a écrit :
Est-ce qu'on peut dire qu'en laïcisant la turquie, M. Kemal a emputé l'islam des hadiths traitant de la Charia ?
Est-ce´que l'on peut dire que la laïcisation de la Truquie par Kémal s'est accompagné d'une réforme religieuse ?
Il n'y a pas eu de réforme religieuse, il y a eu une transformation sociale et politique qui a changé les rapports entre la politique et la religion.
Durand78 a écrit :
Est-ce exact ? Du temps de M.kemal ?
http://www.cafebabel.fr/article/26845/trans-dve-turecka-v-jednom.htmlCiter :
Le kémalisme signifie bien plus que la simple séparation de l’Eglise et de l’Etat. « En Turquie, l’Etat contrôle toutes les activités et les organisations religieuses. Les imams sont payés par l’Etat »
...
(ndr:Le Coran).. contient également des instructions concrètes sur les relations civiles et la vie en société. L’islam implique la soumission absolue et inconditionnelle à Dieu. La loi islamique, la sharia, est supérieure à toute loi temporelle, façonnée par les hommes.
Oui, c'est exact.