Ce sujet est né à la suite d'une de mes remarques, à l'emporte-pièce
Bien sûr, la ville est un lieu important dans la civilisation arabo-musulmane, comme dans toutes les autres civilisations et un grand nombres de villes sont certainement plus grande que les villes européennes.
Maintenant, je me demande dans quelle mesure notre vision n'est pas biaisée par le fait que, par comparaison avec l'Europe, justement, nous savons très peu de choses sur la vie dans les campagnes du monde musulman au Moyen-Âge. N'oublions pas non plus qu'à l'époque qui nous occupe, nous n'en savons pas beaucoup plus sur la vie en Europe en général : un âge obscur n'est en général pas très clair.
La population des villes, même, pose problème. D'après Albert Hourani, dans
Histoire des peuples arabes, le chiffre d'un million d'habitants pour Baghdad est très certainement exagéré. Quel est sa source ? Il penche plutôt pour le chiffre déjà fort honorable de 250 000 habitants, comparable au Caire.
Comme j'ai l'impression qu'il n'existe aucune mesure fiable de la population du monde musuman à cette époque, et peut-être même avant la colonisation, je trouve hardi d'avancer que la population est majoritairement urbaine.
Ensuite, le réseau de villes borde des étendues de steppes où l'élément nomade est présent. C'est d'ailleurs une des caractéristiques les plus marquantes des sociétés musulmanes de l'avoir conservé. En plus des soldats et du tribut, les nomades fournissent des chameaux et des chevaux indispensables à l'activité économique. C'est grâce à eux que des routes commerciales se développent et traversent le Sahara, ce que les Romains n'avait pas fait.
En s'éloignant un peu du sujet, il faut noter qu'après l'apogée du VIIIe-IXe siècle, l'urbanisation décline avec l'installation dans le Maghreb de nouvelles tribus nomades (Beni Hillel). Quant à Baghdad, elle est, comme Babylone, dépendante du système d'irrigation des deux fleuves. Dès que les difficultés politiques s'accroissent après le Xe siècle, la zone entre les deux fleuves redevient le marais qu'elle est encore aujourd'hui e la ville se contracte, laissant les chroniqueurs vanter sa splendeur passée.
Citer :
N'est-ce pas là la preuve indiscutable de la supériorité techno-civilisationnelle par exemple d'Al andalous vers 750 apJC sur le Nord de la France actuelle avec ses maisons-cabanes francques en bois disséminées dans la nature ? Et même sur l'empire de Charlemagne avec une grosse bourgade, Aix-la-chapelle, qu'on peine à qualifier de ville ?
Ne devriez-vous pas vous demander si votre source est objective ?
Ensuite, que signifie "techno-civilisationnelle" ? En prenant deux régions qui n'ont rien à voir, on peut arriver à prouver n'importe quoi. D'autre part, si je suis votre idée d'une gradation absolue des civilisations, que conclure des victoires carolingiennes et de la reconquista ?