Inscription : 13 Mars 2006 11:38 Message(s) : 2476 Localisation : Lorraine
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Sujet restitué (avril 2007)
Citer : Florian Une personne s'interroge:
Citer : Au début du XXe siécle il y'avait presque un tiers de la population qui était chrétienne (arméniens, grecs, etc...). Où sont ils passés ? Comment a t on put passer d'un tiers de chrétien à une population de moins de 1% ? Les trois principales minorités non musulmanes de Turquie (mais il ne faudrait pas négliger le cas des nombreuses minorités musulmanes) sont les Arméniens, les Grecs et les Juifs. Ces minorités représentent aujourd'hui 2% de la population turque, soit beaucoup moins qu'au début du XXe siècle (mais je n'ai pas trouvé de chiffre exact sur le pourcentage de chrétiens à cette date dans les limites de la Turquie actuelle).
Cela s'explique par plusieurs causes:
-La chute de l'empire ottoman est l'apogée d'un mouvement de déclin territorial qui depuis la fin du XIXe siècle a vu l'extension du pays diminuer beaucoup du fait des indépendances nationales. Nombre de ces régions perdues été peuplées de populations chrétiennes. Il convient donc de manier les chiffres avec prudence car les statistiques ne tiennent que rarement compte des variations territoriales, or on ne peut pas comparer les pourcentages de confession à partir de deux entités territoriales différentes, fussent-elles éponymes: la Turquie de 1914 n'est pas celle de 1925.
-Pour les Arméniens, la chose est bien connue quoi que très débattue dans le détail et quant à sa qualification de "génocide": il y a eu une politique d'extermination durant la Première Guerre Mondiale, même s'il est encore difficile d'en établir les tenants et les aboutissants (je vous renvoie sur le sujet aux discussions déjà existantes). Ce qui est sûr, c'est que la population arménienne turque est passée d'environ 1 500 000 personnes à environ 100 000. Quelles qu'aient été les causes et l'objectif de ces massacres, les résultats sont là.
-Pour les Grecs orthodoxes, leur quasi-disparition est liée aux échanges de populations dans les années 1920 effectués en vertu du traité de Lausanne: près d'un million de Grecs d'Anatolie ont alors été échangés contre près de 500 000 Turcs de Grèce, chacun de ces deux "nouveaux" pays souhaitant assurer une cohésion confessionnelle en son sein.
Je n'ai pas trouvé les chiffres mais il me semble qu'en 1930, on ne doit donc pas être très loin de la situation actuelle (98% de musulmans en Turquie), le kémalisme ayant de toute façon mis un terme au problème confessionnel avec l'abolition du califat.
Skipp
Citer : La chute de l'empire ottoman est l'apogée d'un mouvement de déclin territorial qui depuis la fin du XIXe siècle a vu l'extension du pays diminuer beaucoup du fait des indépendances nationales. Nombre de ces régions perdues été peuplées de populations chrétiennes. Il convient donc de manier les chiffres avec prudence car les statistiques ne tiennent que rarement compte des variations territoriales, or on ne peut pas comparer les pourcentages de confession à partir de deux entités territoriales différentes, fussent-elles éponymes: la Turquie de 1914 n'est pas celle de 1925. Mais je pense que ces chiffres du passage d'un tiers de la population à un maximum de 2% correspond aux calculs fait pour la Turquie actuelle sans fausser les chiffres en prenant en comptes les anciens territoires turques.
Citer : Pour les Arméniens, la chose est bien connue quoi que très débattue dans le détail et quant à sa qualification de "génocide": il y a eu une politique d'extermination durant la Première Guerre Mondiale, même s'il est encore difficile d'en établir les tenants et les aboutissants (je vous renvoie sur le sujet aux discussions déjà existantes). Ce qui est sûr, c'est que la population arménienne turque est passée d'environ 1 500 000 personnes à environ 100 000. Quelles qu'aient été les causes et l'objectif de ces massacres, les résultats sont là. L'on ne peut reprocher aux turcs les erreurs du Passé que tout peuple à malheureusement commis. Ce que l'on peut par contre reprocher c'est que les turcs n'ont fait aucun travail de mémoire et qu'ils sont même dans le révisionnisme historique... Et là c'est tout aussi grave que le révisionnisme de certains concernant le génocide juif de la 2e guerre mondiale.
A savoir, que le massacre avait déja commencé puisqu'entre 1894 et 1896 200 à 250 000 arméniens avaient été massacrés (j'ai bien écrit massacrés et pas déportés). L'Américain George Hepworth enquêtant sur les lieux deux ans après les faits, écrit : «Pendant mes déplacements en Arménie, j'ai été de jour en jour plus profondément convaincu que l'avenir des Arméniens est excessivement sombre. Il se peut que la main des Turcs soit retenue dans la crainte de l'Europe mais je suis sûr que leur objectif est l'extermination et qu'ils poursuivront cet objectif jusqu'au bout si l'occasion s'en présente. Ils sont déjà tout près de l'avoir atteint».
A la fin de l'été 1915, les deux tiers des Arméniens de Turquie, soit environ 1,2 million de personnes, auront péri dans des conditions généralement épouvantables. Les nationalistes turcs se sont emparés du pouvoir quelques années plus tôt à Istamboul. Après l'entrée du pays dans la Grande Guerre, les Russes envahissent l'Asie mineure. Les Turcs battent en retraite et, exaspérés, multiplient les violences à l'égard des Arméniens de Turquie, coupables à leurs yeux d'être favorables aux envahisseurs chrétiens. La ville de Van se soulève et proclame un gouvernement arménien autonome. Les nationalistes saisissent ce prétexte pour accomplir leur dessein d'éliminer la totalité des Arméniens. Le ministre de l'Intérieur Talaat Pacha ordonne l'assassinat des Arméniens d'Istamboul puis des Arméniens de l'armée. C'est ensuite le tour des nombreuses populations arméniennes de l'est du pays. Voici le texte d'un télégramme du ministre : «Le gouvernement a décidé de détruire tous les Arméniens résidant en Turquie. Il faut mettre fin à leur existence, aussi criminelles que soient les mesures à prendre. Il ne faut tenir compte ni de l'âge, ni du sexe. Les scrupules de conscience n'ont pas leur place ici». En 1923, le général-dictateur Moustafa Kémal a parachevé la «purification ethnique» de la Turquie en expulsant les Grecs qui y vivaient depuis la haute Antiquité. Istamboul, ville aux deux tiers chrétienne en 1914, est devenue exclusivement turque et musulmane après cette date.
Les crucifiés que vous voyez sur la photo sont des arméniens: http://www.libertepolitique.com/images/ ... ix-III.jpg
Citer : Je n'ai pas trouvé les chiffres mais il me semble qu'en 1930, on ne doit donc pas être très loin de la situation actuelle (98% de musulmans en Turquie), le kémalisme ayant de toute façon mis un terme au problème confessionnel avec l'abolition du califat. Effectivement... En 1930 le sort des minorités turques non musulmanes étaient réglées. Je ne suis pas anti-turc mais il faut bien reconnaître que les turcs ont délibérément choisi de ne pas se souvenir du massacre (il n'y a pas d'autres mots) de plus d' un million de ces habitants pour le simple fait de ne pas être ethniquement turc et de ne pas être musulman. L'on reproche souvent aux occidentaux leurs erreurs du Passé mais ceux qui nous le reprochent oublient bien vite les erreurs qu'ils ont eux même commis... Il y'a moins d'un siècle de celà. Pour ceux qui nierait toute existence même de ce génocide voilà quelques photos: http://www.cdca.asso.fr/cdca/cdca-photo ... nocide.htm
Florian
Citer : Mais je pense que ces chiffres du passage d'un tiers de la population à un maximum de 2% correspond aux calculs fait pour la Turquie actuelle sans fausser les chiffres en prenant en comptes les anciens territoires turques. Où prenez-vous vos chiffres? Je ne les conteste pas mais je n'en ai pas trouvé pour ma part, et comme le sujet est polémique, mieux vaut citer nos sources.
Citer : L'on ne peut reprocher aux turcs les erreurs du Passé que tout peuple à malheureusement commis. Ce que l'on peut par contre reprocher c'est que les turcs n'ont fait aucun travail de mémoire et qu'ils sont même dans le révisionnisme historique... Et là c'est tout aussi grave que le révisionnisme de certains concernant le génocide juif de la 2e guerre mondiale. Ce que l'Etat turc ne reconnaît pas, c'est le terme de "génocide", mais le massacre est officiellement reconnu, même si le nombre de morts est minimisé. Je pourrai vous dire que la France ou le Japon ont exactement la même attitude vis-à-vis d'une partie de leur passé, ou que les Arméniens tiennent le même discours que l'Etat turc aux Azéris qui les accusent du massacres de Khojaly , mais on se lancerait dans des discussions sans fin et surtout sans intérêt pour l'historien. Le rôle de l'historien n'est pas de "compter les points" pour décerner la médaille du peuple le plus barbare : malheureusement la barbarie est humaine et pas turque.
Pour le reste, une fois de plus, le comportement de l'Etat turc aujoud'hui vis-à-vis de son passé n'a guère à voir avec les discussions historiques qui nous occupent sur Passion Histoire. Tous ces débats sur la repentance et la culpabilité des grandes puissances (tantôt ce sont les afrocentristes qui accusent la France de tous les maux, tantôt ce sont les chavistes qui accusent l'impérialisme étasunien, etc.) ont des raisons politiques bien compréhensibles, mais je ne souhaite pas qu'ils aient lieu ici car ils sont sans fin et par nature source de polémique voire d'insultes, et au final, personne ne change d'avis.
PS: Sur des sujets aussi polémiques que ceux-ci, mieux vaut être très prudent avec ce qu'on trouve sur internet (cf. le site auquel vous renvoyez) ou chez de petits éditeurs. Mieux vaut se tourner vers des livres écrits par des universitaires reconnus, sans en faire des paroles d'évangiles pour autant.
Skipp Sources : entre autres: http://www.bibliomonde.com/pages/fiche- ... donnee=116
Citer : Les Arméniens étaient plus de 2 millions au début du XXe siècle, soit 15 à 20 % de la population de l’époque sur le territoire actuel. Ajoutez y les grecs (1,2 millions au début du siècle), les Assyro-Chaldéens (250 000), et autres minorités chrétiennes et vous atteindrez grosso-modo les 25% à 33%. Bien sûr une bonne partie de ces minorités n'ont pas été massacrées mais toutes ont été expropriées, expulsées... et expulsées dans quelles conditions...
Citer : Ce que l'Etat turc ne reconnaît pas, c'est le terme de "génocide", mais le massacre est officiellement reconnu, même si le nombre de morts est minimisé Je cite
Citer : Le ministre de l'Intérieur Talaat Pacha ordonne l'assassinat des Arméniens d'Istamboul puis des Arméniens de l'armée. C'est ensuite le tour des nombreuses populations arméniennes de l'est du pays. Voici le texte d'un télégramme du ministre : «Le gouvernement a décidé de détruire tous les Arméniens résidant en Turquie. Il faut mettre fin à leur existence, aussi criminelles que soient les mesures à prendre. Il ne faut tenir compte ni de l'âge, ni du sexe. Les scrupules de conscience n'ont pas leur place ici». Est ce que "détruire tous les arméniens" ne signifit il pas une volonté de génocide ? D'autre part, 50% des arméniens auront été supprimés... Le chiffre est colossale non ? Ce n'est pas une simple expulsion.
Citer : Je pourrai vous dire que la France ou le Japon ont exactement la même attitude vis-à-vis d'une partie de leur passé Les japonais ne reconnaissent pas les massacres de Nankin... Pour ce qui est de la France, il me semble qu'elle a déjà reconnue beaucoup de chose non ?
Citer : Le rôle de l'historien n'est pas de "compter les points" pour décerner la médaille du peuple le plus barbare : malheureusement la barbarie est humaine et pas turque. Le rôle de l'historien n'est pas de "compter les points" bien entendu mais au moins de rappeler les faits pour éviter qu'un jour ils ne se reproduisent.
Citer : Tous ces débats sur la repentance et la culpabilité des grandes puissances (tantôt ce sont les afrocentristes qui accusent la France de tous les maux, tantôt ce sont les chavistes qui accusent l'impérialisme étasunien, etc.) ont des raisons politiques bien compréhensibles, mais je ne souhaite pas qu'ils aient lieu ici car ils sont sans fin et par nature source de polémique voire d'insultes, et au final, personne ne change d'avis. Il est important de dénoncer les horreurs du Passé. Mais sans pour autant s'accuser continuellement et culpabiliser le voisin. Ce qui m'a surtout fait réagir c'est le message qui précédait le mien et qui faisait l'apologie de la Turquie laïque et démocratique d'Atatürk alors que cette même Turquie est très loin d'être aussi exemplaire... Elle a encore beaucoup de chemin à faire avant de se déclarer laïque et démocratique (et on ne parlera pas des minorités kurdes et alévis)... du moins dans notre définition européenne de laïcité et de démocratie... et les femmes n'y sont pas aussi bien traitées que celà. A ce sujet voici un article d'un journal algérien: http://www.algerie-dz.com/article1834.html
Skipp
Citer : Ajoutez y les grecs (1,2 millions au début du siècle), les Assyro-Chaldéens (250 000), et autres minorités chrétiennes et vous atteindrez grosso-modo les 25% à 33%. Bien sûr une bonne partie de ces minorités n'ont pas été massacrées mais toutes ont été expropriées, expulsées... et expulsées dans quelles conditions... Erreur... Les Assyro-Chaldéens étaient un 1/2 millions à la veille de 1915. Les "250 000" ne représentent pas la population assyro-chaldéenne en Turquie mais le nombre de morts assyro-chaldéens suite aux massacres de 1915.
Florian Je le répète, je ne tiens pas à polémiquer sur ces questions, donc je ne réponds pas à tous ce que vous dites, car je partage largement votre avis. Je suis simplement surpris que la condamnation de crimes, normale, débouche sur des haines, condamnables : force est de constater que les plus virulents dans la condamnation du génocide arménien sont aussi souvent les premiers à critiquer l'islam et les Turcs en général. On peut condamner le nazisme sans être germanophobe, on peut condamner les crimes turcs en Arménie sans être turcophobe ou islamophobe.. Je relève seulement quelques points de désaccord:
Citer : Bien sûr une bonne partie de ces minorités n'ont pas été massacrées mais toutes ont été expropriées, expulsées... et expulsées dans quelles conditions... Pour les Grecs, parler d'expropration ou d'expulsion me semble faux. Il s'agit d'échange de populations en vertu d'un traité international en bonne et due forme.
Citer : A ce sujet voici un article d'un journal algérien: http://www.algerie-dz.com/article1834.html Là encore, attention aux sources: il est notoirement connu que les Arabes n'apprécient guère les Turcs, surtout les maghrébins qui ont été colonisés par les Ottomans. Pour le reste, la Turquie demeure sans doute l'un, si ce n'est le, des Etats à majorité musulmane les plus tolérant.
Skipp
Citer : Je suis simplement surpris que la condamnation de crimes, normale, débouche sur des haines, condamnables : force est de constater que les plus virulents dans la condamnation du génocide arménien sont aussi souvent les premiers à critiquer l'islam et les Turcs en général. On peut condamner le nazisme sans être germanophobe, on peut condamner les crimes turcs en Arménie sans être turcophobe ou islamophobe.. Attention... Il y'a bien sûr des turcs tolérants et très bien tout comme il y'a des salops parmi les arméniens. Turcs et arméniens sont comme tout les peuples du monde. Ni meilleur, ni pire. Ce que je n'apprécie guère c'est lorsque quelqu'un déforme la réalité et fait de sa nation (car il s'agit bien alors de nationalisme) une nation exemplaire... sous entendez meilleur que les autres. Il y'a quelques temps, je suis intervenu sur un forum kabyle où quelqu'un faisait une violente critique de l'occident et affirmait que kabyles et arabes étaient purs et innocent... de vrais brebis... Je lui ai rappelé de nombreux fait historique... et j'ai même reçu des messages d'autres intervenants kabyles de ce forum qui m'ont soutenu. Et pourtant, j'appréci les kabyles et la minorité amazhig qui a bien souffert (jusqu'à un passé récent) d'avoir à cacher leur culture et leur langue. Et ce que les kabyles ont endurés en Algérie est ce que les bretons ont put endurer en France il y'a encore 1 ou 2 siècles. Nul n'est innocent, nul besoin de s'apesentir sur les erreurs du Passé, mais également nul besoin de glorifier un passé qui au final... n'était pas si glorieux que celà.
Citer : Pour les Grecs, parler d'expropration ou d'expulsion me semble faux. Il s'agit d'échange de populations en vertu d'un traité international en bonne et due forme. Je doute que ces grecs de Turquie tout comme ces turcs de Grèce rêvaient tous de retourner dans leur "patrie".
Citer : Là encore, attention aux sources: il est notoirement connu que les Arabes n'apprécient guère les Turcs, surtout les maghrébins qui ont été colonisés par les Ottomans. Pour le reste, la Turquie demeure sans doute l'un, si ce n'est le, des Etats à majorité musulmane les plus tolérant. Sauf que ces histoires de femmes turques assassinées par leur famille ont fait l'objet de reportages TV et d'autres articles. Par contre, il y'était précisé que la majorité de ces cas provenaient de familles originaires des campagnes conservatrices de Turquie. Il est probable que les turcs d'Istanboul soient plus tolérants. Le vieux
Citer : Il est probable que les turcs d'Istanboul soient plus tolérants. Les gens des villes sont en général plus ouvert que ceux des campagnes, quel que soit le pays concerné, les gens de la terre étant moins progressistes. Je pense que le caractère d'Istambul s'est fortement modifié, (Plusieurs villes Turques ont connu le même sort) lorsque j'y suis passé en 74, la population était de près de 2,5 millions d'habitants, chaque fois qui j'y passait un millions d'habitant s'ajoutait (je le sais car en Turquie à l'entrée des villes on y indique habituellement le nombre d'habitants et l'altitude, (Nufus et rakim) actuellement, les Stambouliotes seraient aux nombre de 12 ou 14 millions. Ce qui veut dire que les gens des campagnes se sont installés dans cette superbe ville, modifiant sans doute l'esprit qui y regnait. La Turquie est un pays en pleine mutation.
Foulques
Citer : En 1923, le général-dictateur Moustafa Kémal a parachevé la «purification ethnique» de la Turquie en expulsant les Grecs qui y vivaient depuis la haute Antiquité. Istamboul, ville aux deux tiers chrétienne en 1914, est devenue exclusivement turque et musulmane après cette date. Non, Skipp, les populations grecques de Constantinople (ainsi qu'Imbros et Ténédos) n'étaient pas concernées par le traité de Lausanne (l'échange obligatoire de populations), ce fût un point très durement négocié par Vénizelos. On dit qu'il y restait alors environ 300.000 Grecs (enfin Roums), c'est difficilement vérifiable mais ça me paraît crédible. De même, il ne faut pas oublier que toutes les populations chrétiennes n'étaient pas concernées par ce traité, les Assyro-Chaldéens par exemple, qui n'avaient aucun rapport avec la Grèce.
Citer : Je n'ai pas trouvé les chiffres mais il me semble qu'en 1930, on ne doit donc pas être très loin de la situation actuelle (98% de musulmans en Turquie), le kémalisme ayant de toute façon mis un terme au problème confessionnel avec l'abolition du califat. Non, pas plus et nous allons y venir. L'expression "mis un terme" étant à retenir. Reprenons les choses dans l'ordre chronologique :
Le génocide arménien est l'arbre qui cache la forêt en matière de répression religieuse dans l'empire Ottoman d'hier et dans la Turquie moderne. Je vous invite à prendre connaissance du document suivant :
http://lygeros.free.fr/Le_miracle_de_Le ... makis.html
Ce témoignage apporte des informations importantes. Il revient sur la persécution dont ont été victimes les Grecs restants sur la terre de leurs ancêtres, à Constantinople. Ils seront pourchassés, rackettés, expulsés, jusqu'à ce qu'il n'en reste pratiquement rien, à peine 3000 personnes actuellement, d'une moyenne d'âge élevée.
Camps de travaux forcés pendant la seconde guerre mondiale, persécution fiscale, pogrom de septembre 1955, expulsions de 1964 et 1967, pressions sur les derniers lors de l'invasion turque de Chypre en 1974, terreur, pressions sur la conversion à l'Islam…Voila qui dépasse très largement dans le temps la problématique des massacres de 1915 et fait bien apparaître une volonté moderne d'éradication des chrétiens, ce processus s'étalant tout au long du XXe siècle. Parler du génocide des Arméniens en 1915 est une bonne chose mais il ne faut pas se focaliser dessus : la réalité de la persécution anti-chrétienne en Turquie est beaucoup plus vaste et plus récente.
Ces sources arméniennes confirment une partie de ce qui est dit dans le témoignage de Koumakis : http://eo.tchobanian.org/protected/comm ... 1005e.html
http://www.crda-france.org/fr/6histoire ... _47_55.htm
La continuité du pouvoir turc kémaliste dans la volonté d'éradication de la présence hétérodoxe (et donc surtout chrétienne), l'obsession d'un Etat ethniquement et religieusement pur, est confirmée par cette étude :
"Tachjian nous livre une précieux historique de la législation sur la confiscation des terres et des immeubles entre 1915 et 1932 (p. 202-216), qui place la politique kémaliste dans la succession directe de celle du régime jeune-turc (commanditaire des massacres d’Arméniens de 1915). D’une manière générale, l’étude de Vahé Tachjian atteste, à partir de 1924, d’une « radicalisation et d’une généralisation des mesures de vexation » à l’encontre des populations non turques, chrétiennes surtout, des agglomérations proches de la frontière avec la Syrie : Malatia, Harpout (Kharpert), Diarbékir, Ourfa, Mardin. Tous les chrétiens, Syriaques, Grecs-orthodoxes, Arméniens, citadins et ruraux, sont concernés par cette politique nationale de nettoyage racial par le vide. Quant aux Arabes alaouites de Cilicie, en raison de leur trop grande proximité avec le Sandjak d’Alexandrette et surtout avec la Montagne syrienne qui porte leur nom, ils n’ont pas d’autres choix que l’assimilation ou l’exil. Éloigner tous ceux qui résistent à la turquisation devient en effet la seule politique des kémalistes à l’égard des minorités musulmanes, une fois que Mustafa Kémal a appliqué la séparation des identités turque et musulmane (p. 188) : 1922, abolition du sultanat, 1923, proclamation de la république et 1924 (3 mars), suppression du califat. Comme l’affirme Bernard Lewis, cité par Tachjian, « l’État-nation territorial » est désormais « fondé sur le peuple turc et formé par la Turquie » (ibid)." http://remmm.revues.org/document2847.html
Tachjian Vahé, "La France en Cilicie et en Haute-Mésopotamie. Aux confins de la Turquie, de la Syrie et de l’Irak (1919-1933)", Paris, éditions Karthala, 2004.
Spécifiquement sur les Assyro-Chaldéens, cette très intéressante synthèse : http://www.cerclesyriaque.fr/Informatio ... ticle1.htm
Dans laquelle je relève : "Soumis aux persécutions et brimades de leurs voisins kurdes et à l’indifférence des autorités turques, près de 100 000 Assyro-Chaldéens ont quitté la Turquie après le coup d’Etat militaire de 1980. Cet exode massif s’est poursuivi jusqu’en 1993"
et : "Jusqu’en juin 2001, date à laquelle le Premier ministre de l’époque, M. Bülent Ecevit, a placé, dans une circulaire, les Assyro-Chaldéens sous la protection de l’Etat turc en cas de retour dans les villages, afin de montrer aux Européens que la Turquie considérait ses chrétiens comme la prunelle de ses yeux, les membres de ce peuple historique n’ont pas cessé de faire l’objet d’une intense politique d’assimilation avec notamment impossibilité d’accès à la fonction publique et à la carrière militaire, mention de la religion sur les cartes nationales d’identité, cours théoriques et pratiques de religion musulmane obligatoires jusqu’au début des années 1990, demandes de conversion à l’islam au cours du service national, interdiction ou limitation de l’enseignement de la langue araméenne et de la formation du clergé. Nous faisons bien sûr abstraction du déni de leur identité et de leur mémoire : la Turquie n’a jamais fait mention du génocide (ni même, ne serait-ce que de massacres) des Assyro-Chaldéens, alliés des puissances occidentales comme la France."
Une communauté exilée est en France : http://www.aacf.asso.fr/
Florian Une fois de plus, je rappelle que se fier à des sites internet plus ou moins partisans sur de tels sujets me semble tout sauf rigoureux: comme chacun le sait, on trouve de tout, et pas toujours du meilleur, sur internet. Pour le reste, qu'il y ait eu des pogroms et des crimes racistes en Turquie au XXe siècle est indubitable, mais il me semble que vous en exagérez largement l'ampleur. Une fois de plus, en 1923, après les massacres arméniens de 1915 et l'exode des Grecs en 1923 suite au traité de Lausanne, la situation se stabilise. Elle ne s'envenime de nouveau qu'en 1955 avec l'émergence de la crise chypriote qui conduit de nombreux Grecs à quitter la Turquie par crainte des représailles. La diminution de la communauté juive s'explique pour sa part par une forte émigration en direction d'Israël (par ailleurs allié stratégique de la Turquie).
Citer : Alors si ce que vous dites est vrai, si passer de 300.000 à 3.000 chrétiens pour la seule Istambul en moins d'un siècle est une démonstration de tolérance, qu'est-ce que ça doit être pour les autres Etats … Je ne sais pas d'où vous tirez ces chiffres. Selon Thiery Zarcone (CNRS), il y aujourd'hui 50 000 Arméniens à Istanbul formant une communauté "intégrée de longue date et plutôt commerçante". Pour ce qui est de la tolérance turque, il suffit de s'y rendre pour la constater: c'est un des peuples les plus ouvert et accueillant au monde, quelle que soit votre couleur ou votre foi.
Skipp
Citer : Pour ce qui est de la tolérance turque, il suffit de s'y rendre pour la constater: c'est un des peuples les plus ouvert et accueillant au monde, quelle que soit votre couleur ou votre foi. A condition de n'être ni kurde, ni arménien, ni grec, ni chypriote grec, ni non-musulman, ni... je m'arrête là. J'ai bien plutôt l'impression que la laïcité et la démocratie turc ne sont qu'une facade. Si demain vous voulez bâtir une église en Turquie d'après vous qu'est ce que celà va donner ? Aurez vous droit à la case prison ? Tout les articles pro-turc que vous trouverez sur le Net seront des articles turcs. Il faut bien sûr se méfier des articles qui sont trop anti-turc... mais il faut également se méfier de l'excès inverse. Oui la Turquie a de sérieux problème de tolérance avec ses minorités religieuses et ethniques... Ne nous leurrons pas.
Le vieux
Citer : Pour ce qui est de la tolérance turque, il suffit de s'y rendre pour la constater: c'est un des peuples les plus ouvert et accueillant au monde, quelle que soit votre couleur ou votre foi. Je suis entièrement d'accord avec vous. Lors de mes passages en Turquie je n'ai eu que de très bons contacts, ce sont des gens très acceuillants et qui recherchent le contact, j'ai toujours regretté de ne pas savoir parler le turc.
Personnellement j'ai toujours été mieux acceuillit en Turquie que dans nos pays soi disant tolérant. Chez nous, France ou Belgique, plutôt que de tolérance je parlerai d'indiférence qui donne en façade un semblant de tolérance. Un exemple lorsque vous êtes au bord de la route en difficulté combien de temps attendrez-vous qu'une bonne âme s'arrête ? longtemps soyez en sure, or en Turquie, comme j'avais souvent de vieux véhicules je me suis trouvé en panne plusieurs fois et bien, je n'ai jamais eu a attendre le passage de 2 voitures pour que l'une d'entre elle s'arrête et me propose ses services. La politique menée par un pays n'est pas souvent représentative de la population qui y vit.
Skipp
Citer : La politique menée par un pays n'est pas souvent représentative de la population qui y vit. Nous sommes d'accord.
Sakellarios
Citer : La politique menée par un pays n'est pas souvent représentative de la population qui y vit Je suis d'accord aussi ... dans les événements de 1955 on ne comptent plus les familles Turques qui ont fait réfugier dans leurs maisons des Grecs victimes de l'expulsion par le gouvernement. Cependant ceux qui haïssent ces minorités sont ceux qui n'ont pas appris à les connaître, ceux qui se font tirés par le bout du nez et acquiescent des moindres paroles proférés par les dirigeants Turcs.
Le vieux
Citer : la Turquie est pour les Turcs point barre. De fait, et les Kurdes minorité très importante pourtant en savent aussi quelque chose.
_________________ Tous les désespoirs sont permis
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