Saladin a écrit :
Ce que je disais plutôt est qu'en Islam, Jésus est tout sauf quelqu'un qui appelle à une vie de renoncement et sur ce point il n'a rien à voir avec le Jésus vu par le christianisme. C'est écrit dans le Coran, où Allah dit : "Le monachisme qu'ils inventèrent (à propos des chrétiens) nous ne leurs avons nullement prescrit".
Cela n'a pas empêché des Soufis, les derviches, de vivre en ascètes, que ce soit individuellement, ou en confréries. On parle un peu plus longuement du soufisme ici :
Le soufisme et la pensée soufie.. Après, on peut toujours épiloguer sur la différence entre le monachisme chrétien et les confréries soufies...
On trouve assez facilement des hadiths où Jésus appelle au renoncement.
Issa a écrit :
N°85. Le Christ a dit : « Le signe qui montre combien ce monde est insignifiant pour Dieu est que c’est seulement en ce monde qu’on Lui désobéit, et c’est seulement en renonçant au monde qu’on peut parvenir à sa bonté. »
Rapporté par Abu Uthman al-Jahiz (mort en 868)
N°108. Un jour, un homme accompagnait Jésus, lui disant : « Je veut rester avec toi et être ton compagnon. » Ils se mirent en route et arrivèrent sur la berge d’une rivière, où ils s’assirent pour manger. Ils avaient trois miches de pain. Ils en mangèrent deux, et il restait une troisième. Alors Jésus se leva et alla à la rivière pour boire. Quand il revint, il ne trouva plus la troisième miche, aussi demanda-t-il à l’homme :
« Qui a pris la miche ? – Je ne sais pas », répondit l’homme.
Jésus reprit la route avec l’homme, et il vit une biche avec deux de ses petits. Jésus appela l’un deux, qui vint à lui. Alors Jésus le tua, le fit rôtir et le mangea avec son compagnon. Puis il dit au jeune cerf : « Relève-toi, avec la permission de Dieu. » Le cerf se leva et partit. Jésus se tourna alors vers son compagnon et dit : « Je te le demande au nom de Celui qui t’a montré ce miracle, qui a prit la miche ? – Je ne sais pas », répondit l’homme.
Les deux hommes arrivèrent alors à une étendue d’eau dans une vallée. Jésus prit l’homme par la main et ils marchèrent sur l’eau. Quand ils eurent traversé, Jésus dit : « Je te le demande au nom de Celui qui t’a montré ce miracle, qui a prit la miche ? – Je ne sais pas », répondit l’homme.
Ils arrivèrent alors à un désert sans eau et ils s’assirent sur le sol. Jésus commença à rassembler un peu de terre et de sable, puis il dit : « Transforme-toi en or, avec la permission de Dieu », et c’est ce qui se produisit. Jésus répartit l’or en trois parts et dit : « Un tiers pour moi, un tiers pour toi, et un tiers pour qui a pris la miche. » L’homme dit : « C’est moi qui ai pris la miche. » Jésus dit : « Tout l’or est pour toi. »
Puis Jésus le quitta. Deux hommes tombèrent sur l’homme par hasard dans le désert avec l’or, et ils voulurent le voler et le tuer. Il leur dit : « Partageons-le en trois parties entre nous, et envoyons l’un de vous deux en ville pour nous acheter quelque chose à manger. » L’un d’entre eux fut envoyé, et il se dit à lui même : « Pourquoi devrais-je partager l’or avec ces deux là ? Je vais plutôt empoisonner la nourriture et j’aurai tout l’or pour moi. » Il partit, et c’est ce qu’il fit.
Entre-temps, les deux qui n’étaient restés en arrière se dirent l’un à l’autre : « Pourquoi devrions nous donner un tiers de l’or ? Tuons le plutôt quand il reviendra et partageons l’argent entre nous. »
Quand l’autre revint, ils le tuèrent, mangèrent la nourriture et moururent. L’or resta dans le désert avec les trois hommes à coté de lui. Jésus passa par là, les trouva dans cette situation, et dit à ces compagnons : « Voici le monde. Gardez vous en. »
Rapporté par Abu Bakr ibn Abi al-Dunya (mort en 894)
N°248. Au cours de ses voyages, Jésus passa près d’un crâne pourri. Il lui ordonna de parler. Le crâne dit : « Esprit de Dieu, mon nom est Blawan ibn Hafs, roi du Yemen. J’ai vécu mille ans, j’ai engendré mille fils, j’ai défloré mille vierges, j’ai mis en déroute mille armées, j’ai tué mille tyrans et j’ai conquis mille cités. Que celui qui entend mon récit ne soit pas tenté par le monde, car il n‘était pas autre chose que le rêve d’un dormeur. » Jésus pleura.
Rapporté par Ibn Abi Randaqa al-Turtushi (mort en 1126)