fils de koussaila, c'etait une façon de dire, amalgame , pas trop, plus de précisions ok:L'ISLAMISATION ET LA NAISSANCE DE LA NATION MAROCAINE•
L'Islamisation du Maghreb commença en l'an 50 de l'hégire, avec Oqba Ibn Nâfii. Il nous suffit de constater, avec MICHAUX BELLAIRE, que lorsque, vers 680, Oqba apporta l'Islam au Maroc, pour la première fois, la religion nouvelle fut "acceptée comme une délivrance par les populations". Pas plus que l'Ifriqiya, la Tingitane ne réagit contre les nouveaux conquérants qu'elle accueillit en libérateurs. Les chefs arabes étaient tout disposés à comprendre le monde berbère dont la structure sociale et les mécanismes économiques n'étaient guère différents de ceux du monde bédouin.
•Les campagnes d'Islamisation•
- La campagne d'Oqba (681-683) qui arriva aux environs de Ceuta.
- Le mythe d'Oqba: Oqba poussant son cheval dans les flots de l'Atlantique pour montrer qu'il ne peut aller plus loin.
- La campagne de Moussa Ibn Nouçayr (698-715):
- Prit Tanger, se dirigea ensuite vers le sud-ouest, prit le contrôle des
plaines atlantiques du Maroc, puis Volubilis et se dirigea vers le Draâ
et le Tafilalet.
- La résistance berbère cristallisée autour de la Kahina qui fut tuée
en 702.
- Les berbères marocains se convertirent rapidement à l'Islam, Ibn Nouçayr
confia aux 2 fils de la Kahina d'importantes responsabilités. Tarik Ibn
Zyad reçut le commandement d'une troupe de 12.000 berbères destinée
à envahir l'Espagne.
- Le Maroc passé sous la souveraineté des khalifes de Damas puis de Bagdad est administré par les gouverneurs locaux.
- En 732, arrêtés dans leur conquête à Poitiers par Charles Martel, les arabes refluent en Espagne.
L'Islam, au dogme simple, accessible à tous, sans hiérarchie, sans formalisme, a pu conquérir une grande partie de l'Humanité, dans l'espace record de quelques décades. L'histoire a rarement donné l'impression d'une spontanéité aussi nette dans la conquête pacifique des coeurs.
"Jamais l'Arabe, reconnaît E.F. GAUTIER, dans toute l'ardeur de sa foi nouvelle, n'a songé à éteindre dans le sang une foi concurrente", c'est que "la tolérance est liée, précise-t-il encore, aux concepts et aux instincts les plus profonds du Vieil Orient" (Moeurs et coutumes des Musulmans, pp. 207-214)
Les conquêtes de l'Islam ne tendaient ni à exploiter les terres conquises, ni à implanter l'élément arabe par une immigration massive. Pour toute l'Afrique du Nord, le chiffre des arabes n'a guère dépassé 110.000 jusqu'au IXème siècle, la plupart résidant en Tunisie.
Les doctes de la loi musulmane ont toujours été réfractaires à l'idée de "l'Islam religion unique d'Etat". Quand au moyen âge le Sultan Ottoman, SELIM, voulut en appliquer le principe dans l'Empire Musulman, le "Cheikh El Islam" de l'époque s'y opposa catégoriquement, invoquant le respect reconnu par l'Islam à la liberté de conscience.
Au Maghreb, les Juifs ont vécu côte à côte avec les Musulmans depuis le VIIème siècle. Ils étaient admis très tôt, dans les murailles de Fès, ville sainte pourtant. Déjà, vers l'an mil, la colonie juive de la capitale idrisside comptait 5000 âmes qui célébraient librement leur culte, dans des synagogues élevées en pleine médina. D'autre part, un des quartiers de Fès, dit "quartier de l'Eglise", semble avoir groupé, dès cette époque, les éléments chrétiens de la ville.
Les "gens du livre" (Chrétiens et Juifs) étaient admis à jouer un rôle non négligeable au sein de la société marocaine. Sous le sultan Almoravide, ALI BEN YOUSSEF BEN TACHAFINE, la perception générale des impôts au Maroc était confiée à un chrétien. Le représentant de cette dynastie puritaniste n'hésita pas à suivre ainsi l'exemple de son collègue de Cordoue, EN-NACER, qui chargea de l'Administration des contributions dans toute l'Andalousie, le Juif HASSADAL.
Le Maghreb semble avoir connu, au cours de la période anté-islamique et sous des dominations étrangères successives, un chaos indéfinissable. "Ni les Phéniciens, ni les Carthaginois, ni même les Romains, n'ont cherché, affirmait MICHAUX-BELLAIRE, à mettre de l'ordre dans cette confusion; ils ont tiré de ce pays ce qu'ils ont pu, s'occupant des produits beaucoup plus que des habitants et dans les régions où les dominations romaines et byzantines se sont exercées directement, il semble que les indigènes étaient réduits à un état voisin de la servitude, soumis aux plus dures corvées et aux charges les plus écrasantes".
Mais, si l'Afrique a pu, peut-être, bénéficier de quelques inventions carthaginoises dans la technique agricole et assurer à peine sa consommation locale, "l'Afriqua (romaine) tout entière appartenait à cinq grands personnages romains; le plus grand propriétaire foncier était l'empereur". Le pays prit alors l'aspect d'un grand domaine systématiquement exploité (André JULIEN).
Aussi, lorsque vers 680 Oqba Ibn Nafii apporta l'Islam au Maroc, pour la première fois, "la religion nouvelle fut-elle acceptée comme une délivrance par les populations les plus faibles et par conséquent les plus écrasées d'impôts" (Conférences p.2).
C'est encore MICHAUX BELLAIRE qui, établissant un parallélisme entre l'oeuvre du christianisme et celle de l'Islam, affirme que "le christianisme semble n'avoir apporté en Afrique que les luttes religieuses, les persécutions et les schismes" (Ibid p.246). C'est là ce que M. TERRASSE appelle "l'ordre latin et chrétien".
•Les grandes dynasties marocaines•
...Le Maghreb extrême, au contraire (des autres pays de l'Afrique du Nord), est fréquemment parvenu, sous la domination de puissants souverains, à prendre l'aspect d'un Etat. Les Chorfa Idrissides, les conquérants Almoravides, Almohades, Mérinides, les Chorfa Saâdiens et Filaliens, qui ont au cours des siècles, exercé successivement le pouvoir dans les mêmes lieux, non sans interruption d'ailleurs, ont réussi à y créer, malgré l'opposition de leurs sujets, la tradition d'un gouvernement de l'Occident, qui n'est pas indigne d'être comparé aux grandes monarchies de l'Islam oriental...
( Les Berbères et le Makhzen dans le Sud du Maroc, Paris 1930, p.3)
•ROYAUME SOCIO-ECONOMIQUE ET MILITAIRE•
Forte personnalité du Maroc:
"Aucun pays musulman moderne n'a eu, au cours des siècles, et n'a gardé jusqu'à présent, une personnalité politique aussi forte et aussi distincte que celle de ce pays"(Révolution du Maroc, par Robert MONTAGNE, p.375).
Un Seigneur ne fait pas la féodalité; celle-ci est un ensemble et cet ensemble n'existe pas au Maroc ( Marrakech, Edmond DOUTTE, Fasc. I, p.401).
D'ailleurs, Gustave LE BON précise dans la civilisation des Arabes (p.415)
que "les Arabes n'ont jamais connu de régime féodal ".
Les dynasties marocaines ne se contentaient pas de fonder ou de patronner des oeuvres d'assistance au Maghreb; leur action sociale se faisait sentir jusque dans les pays d'Orient où elles n'ont cessé de multiplier les habous pour subvenir aux besoins des nécessiteux. Le Sultan mérinide, Abou l'Hassan, affecta aux pauvres, dans les Lieux Saints, des biens dont la valeur vénale s'élevait à la somme (importante pour l'époque) de 16.500 dinars-or. Le Sultan Moulay Ismail en affecta de même les revenus des vastes oliveraies de Hamria, à Meknès (où on comptait 100.000 arbres). Sidi Mohammed Ben Abdallah, qui devait racheter à prix d'or 48.000 captifs musulmans dont la plupart étaient turcs, distribuait annuellement aux classes pauvres du Héjaz et du Yemen la somme globale de 100.000 mitqals. L'aide ainsi accordée aux pays du Levant, empruntait diverses formes, selon les circonstances. C'est ainsi qu'Abou Inane contribua à la libération de Tripoli par un don de 50.000 dinars. Plus tard le Sultan Moulay Slimane s'empressa de répondre à l'appel du Sultan Ottoman, en lui faisant don de quatre grandes caisses remplies de lingots d'or. A la même époque, il se porta au secours de la Tunisie où sévit une crise économique.
L'oeuvre entreprise dans le vieux Maghreb en vue de protéger l'hygiène et la santé publique, loin d'être idéale, n'était cependant pas négligeable pour l'époque. Un maristân était fondé pour la première fois à Marrakech, sous les Almohades. D'après l'auteur contemporain du " Moojib ", il aurait constitué un véritable hôpital, digne des hôpitaux d'Orient qui furent les seuls à présenter, à cette époque, les garanties requises.
Doté d'un personnel qualifié, de médecins réputés, d'un magasin pharmaceutique à jour, il s'érigeait au milieu d'un parc florissant sillonné de ruisseaux limpides, dont l'éternel et paisible murmure était parfois entrecoupé de gazouillements mélodieux. Au milieu d'un site aussi ensorcelant, les malades jouissaient d'un confort d'autant plus varié qu'ils avaient à leur disposition, un costume pour le jour, un autre pour la nuit, variant selon les saisons. En quittant hôpital, le convalescent, traité gratis, recevait une allocation qui lui permettait de subvenir à ses besoins, en attendant de reprendre ses forces.
Le transhumant atlassien était installé à demeure; les silos qui "sont plus souvent constitués par des constructions dont la réunion forme des villages", sont surveillés par des gardiens "qui exercent leurs fonctions pendant la durée de la transhumance, c'est à dire pendant trois saisons sur quatre. "Les villages, en effet, sont habités l'hiver " (SURDON, Institut p.257)
Le sens national des Marocains rebondissait chaque fois qu'une parcelle de la Patrie était menacée de l'extérieur. M. TERRASSE ne put s'empêcher de constater l'élan unanime qui soulevait la collectivité maghrébine devant le péril étranger. L'esprit national se concrétisait alors en une réaction que notre auteur qualifie de "vive et profonde"; "partout, dit-il, la résistance aux chrétiens s'organisa spontanément et sans retard. On vit sous les murs de Ceuta des guerriers de l'Extrême-Sud marocain (tome II, pp.122-123). Il reconnaît l'existence "d'une sorte de conscience nationale, presque de patriotisme marocain" ( tome II, p.147).
Comme pour les autres aspects de cette civilisation, l'armée marocaine a connu des "hauts et des bas". Grâce à une armée de volontaires berbères, le gouvernement du Maghreb appartient en entier à Idriss I. Les armées de son fils Idriss II devinrent puissantes et nombreuses. Il ne disposait pourtant que de 500 cavaliers arabes venus d'Ifriqiya et d'Espagne. (Zahrat El-As, pp.37-38). Sous les Almoravides, un millier d'hommes, entraînés à la vie militaire, constituaient de véritables moines armés. En 1086, une puissante armée occupa une partie de l'Andalousie où Ibn Tachfine laissa à la disposition d'El Motamid une garnison forte de 3.000 berbères. Une sorte de milice chrétienne se trouvait à Fès vers l'an 1145, commandée par Reverter. Pour la première fois, le premier Almoravide passa en revue ses troupes à Tlemcen en 538 H (Al Holal, p. 108 ) et en Andalousie lors de son premier passage (Moojib, p.77)
•LES IDRISSIDES: (FIN VIIIè - IXè SIECLES)•
Fondateurs du premier Etat musulman au Maghreb qui échappe à l'autorité de Bagdad.
- Principaux Rois:
- Idriss I ( 788-792)
Descendant d'El Hassan Ben Ali, réchappe au massacre de sa famille à Fakh en 786, s'enfuit jusqu'au Caire et gagne la région de Fès et de Tanger. Il s'installe à Oualili (Volubilis) et se voit reconnaître le commandement et la direction du culte, de la guerre et des biens. Il meurt empoisonné en 792 à Oualili.
- Idriss II ( 803-829)
Fils posthume d'Idriss I, sa proclamation officielle se fait très tôt en 803, à l'âge de 11 ans. Il s'installa à Fès, mata une révolte à Tlemcen et réprima le kharijisme.
La capitale Fès fut édifiée, durant la régence d'Idriss II avant l'an 185 H (801 après J.C.), si on tient compte de deux arguments péremptoires: citation de l'an 185 H par Léon l'Africain, comme date de la frappe du premier dirham idrisside, dont un spécimen se trouve, aujourd'hui parmi les archives du Musée de Kharkov, en Russie.
Après sa mort, le royaume partagé entre ses fils, livré aux guerres civiles, a été convoité par les Omayyades d'Espagne et les Fatimides d'Ifriqiya.
Même après la dislocation du Royaume idrisside, les grands princes de la Dynastie continuèrent à fonder, du Nord au Sud, de petites capitales qui devaient, à l'envie de Fès "adopter peu à peu et répandre autour d'elles, les formes de la civilisation musulmane".
Les travaux hydrauliques, indispensables à toute prospérité agricole et à tout épanouissement citadin, "comptaient, dit H. TERRASSE, parmi les grandes oeuvres des dynasties musulmanes". L'ère idrisside semble, reconnaît encore H. TERRASSE, n'avoir été ni tyrannique ni épuisante pour le pays. "A la fin du Xème siècle, IBN HAOUQAL fit état de la richesse marocaine".
Une culture riche et variée, des pâturages gras, du cheptel abondant, tels furent les aspects essentiels de l'économie à cette époque où le Maroc connut, d'après les anciens géographes, l'aisance, la dignité et la paix. L'existence, ça et là, de quelques fermes isolées, la dispersion de la population marocaine indiquent, affirme H.TERRASSE, "que le pays jouissait d'une sécurité suffisante".
-Faits saillants:
Création du premier Makhzen
- Ainsi le premier royaume marocain édifié sous l'égide de l'Islam ayant comme capitale la ville de Fès, remonte à treize siècles.
- La Mosquée AL AKHAWAYN a été édifiée en l'an 245 H (857 après J.C.), par Oum El Banine de la Qayraouane (en Tunisie), dont le nombre des émigrants, installés à la ADWA de Qaraouyène, se monte à 300 familles (800 familles andalouses s'installèrent alors à la ADWA dite Andalous, après l'insurrection de Cordoue à la fin du IIème siècle de l'hégire).
AL AKHAWAYN n'est devenue une université, qu'au IVème siècle de l'hégire, ce qui incita GERBERT, devenu Pape en 999 après J.C., sous le nom de Sylvestre II à y étudier - selon maints historiens, dont Berque- les chiffres arabes, et à les exporter, pour la première fois, en Occident.
- Vers la fin du Xème siècle commença la création de principautés diverses au Maroc.
• LES ALMORAVIDES (XIè - XIIè SIECLES) •
Berbères de la tribu des Sanhaja, originaires du Sahara marocain.
A l'avènement des Almoravides, le Maghreb présentait donc l'aspect d'un pays paisible, aux ressources abondantes et variées. Sous l'impulsion d'une idée musulmane, le fondateur de la dynastie ressouda l'unité des terres marocaines, développa un "sédentarisme" en créant de grandes villes, dont Marrakech; nouvelle capitale de l'Empire, cette cité, érigée à 30 km d'Aghmat, alors centre d'approvisionnement de tout le désert, n'empêcha nullement Fès, ancienne capitale, de bénéficier d'un regain de prospérité. Malgré les troubles que la révolution sanhajienne, devait naturellement susciter, le Maroc des Almoravides redevint rapidement dans la paix, dit M.H. TERRASSE, un Maroc prospère, riche. Les grands centres étaient déjà les foyers d'une civilisation, de teinte andalouse, dont la nouvelle dynastie fut la bienfaitrice par le large mécénat qu'elle exerçait autour d'elle. Dans l'espace de trois quarts de siècle, les frontières atteignirent la Castille et Alger, tandis que le prestige des Almoravides dépassait l'Occident pour aller rayonner jusqu'en Orient.
- Principaux Rois:
•Youssef Ben Tachfin (1060-1106)•
Roi à l'âge de 50 ans, installa vers 1060 une base d'opérations à l'Ouest de Tensift. Il prit Fès en 1063, Tlemcen en 1079, Oujda en 1081, Ténès et Oran en 1082. Vainqueur à Zalacca en 1086.
•Ali Ben Youssef (1106-1143)•
Né à Ceuta vers 1084, élevé au milieu de la culture andalouse. Désigné comme héritier présomptif dés 1103, il succéda à son père en 1106 à l'âge de 23 ans. Il poursuivit la politique de succès en Espagne: bataille d'Uclès (1108), reprit Tolède à partir de 1118-1119.
-Faits saillants:
- Un pouvoir qui contrôlait l'Afrique du Nord de l'Atlantique jusqu'à Alger
- Le pouvoir s'étendait jusqu'en Espagne suite à la bataille de Zallaca 1086.
- Ibn Toumert s'installe à Tinmel en 1125.
- Principale réalisation:
- Fondation de Marrakech: 1062.
•LES ALMOHADES (XIIè - XIIIè SIECLES)•
Berbères des tribus Masmouda, originaires du Haut Atlas (Tinmel).
Les Almohades ont procédé, dés le début, à une sorte de concentration, à base certes tribale, mais dégagée de tout particularisme.
"Ainsi, se réalisait, affirme R. MONTAGNE (dans les Berbères et le Makhzen, pp. 64-65), sous une forme entièrement originale, une nouvelle cristallisation des tribus en groupant les éléments les moins sûrs autour d'un noyau fidèle".
Même les Ghozz, d'origine étrangère, ont été intégrés dans chacune des tribus.
"Bientôt, l'Empire grandit, chacun prit sa place dans les cadres avec un ordre et une discipline qui nous paraissent unique dans l'histoire si instable et si troublée du Maghreb" (Ref. aussi aux Documents inédits d'Histoire Almohade. Trad. LEVI. PROVENCAL pp. 57, 71, 73).
"En réalisant pour la première fois, l'unité politique de l'Islam, des frontières de la Castille à la Tripolitaine, les Almohades contribuèrent à l'élaboration d'une sorte de syncrétisme de l'art musulman occidental" ( Ibid, t.I, p.305)
Principaux Rois:
•Abdel Moumen Ben Ali (1130-1163)•
Originaire de Goumia, localité du Nord-Ouest de Tlemcen, élève à Tlemcen, il
partit ensuite vers l'Orient et rencontra Ibn Toumert à Bougie. Il accéda au pouvoir en 1130, et fit la conquête des montagnes du Haut Atlas au Rif, prend Fès (1143-1144), Méknès, Salé, Tlemcen (1145), puis Marrakech (23 Mars 1147). En 1161, il franchit le Détroit, s'installa à Gibraltar et envoie des colonnes militaires en direction de Jaen. En 1162, il rentra au Maroc et mourut à Salé en préparant une nouvelle expédition vers l'Espagne.
"Chef de guerre et organisateur, il réalise pour la première fois dans l'histoire de l'Afrique du Nord, ce tour de force de tenir en sa main tout le pays de l'Atlantique à la Tripolitaine"
( Manuel d'Art Musulman, G. MARCAIS, t.I, p.296)
"Il n'est donc pas excessif de considérer Abdel Moumen, tout au moins à l'origine, comme le héros de l'unité nationale berbère."
(Les Almohades, MILLET, p.24)
•Abou Yacoub Youssef (1163-1184)•
Il prit le titre de Khalif en 1167. Esprit curieux et ouvert, il va apprécier la fréquentation des lettrés, et Ibn Tofail et Ibn Rochd vécurent à sa cour. Il entreprit la conquête de la partie orientale de l'Espagne musulmane et reprit la lutte contre les chrétiens.
En 1181, il engage une offensive en Evora.
En 1184, il fut mortellement blessé devant la ville portugaise de Santarem.
•Yacoub Al Mansour (1184-1199)•
Il regagne l'Espagne, prit Silves en 1191, défit complètement les chrétiens à Alarcos (Al Araq) le 10 juillet 1195. En 1187, il conduisit une expédition de grande ampleur en Ifriqiya, pris Alger et Bougie.
Une escadre navale de plus de 400 navires, d'après l'auteur d'El Anis, ne cessait de croiser entre Tunis, Oran et Alger, garantissant la sécurité de la côte.
Gibraltar, dont on réalisait déjà l'importance stratégique, était doté d'un puissant mécanisme de défense. La flotte almohade sera bientôt "la première de la Méditerranée", selon la propre expression d'A. JULIEN; ce qui incita SALADIN à requérir son concours, pour arrêter les expéditions chrétiennes sur la route de Syrie.
Le Maghreb s'érigea ainsi en leader du monde de l'Islam. Sa puissance, ses richesses, la réputation de son armée et de sa flotte lui valurent un prestige d'autant plus grand que les Musulmans du Caire et d'Alexandrie en arrivèrent à souhaiter, d'après l'Andalous Ibn Jobeir, un protectorat almohade.
Partout, dans l'Empire s'épanouissait une civilisation brillante, marquée d'une ampleur et d'une magnificence qui se reflétait dans la vie citadine et jusque dans le comportement rural. Dans l'architecture des grands monuments de Séville, de Rabat et de Marrakech, le souci de la qualité se doublait du sens de la grandeur. Des procédés nouveaux, empreints d'un mécanisme médiéval assez perfectionné, furent employés en matière de construction et de transport de matériaux lourds.
Un pont mobile identique, d'après la description faite par l'Istibsar, à celui édifié pendant la guerre entre Rabat et Salé, reliait déjà les deux villes. Il sera bientôt transformé en pont de "pierre et de bois", au dire d'EL MARRAKCHI, qui le décrivit plus tard.
Une Maqsoura (enceinte réservée au Khalifa dans la Mosquée ), construite à Marrakech, se déplaçait automatiquement grâce à des ressorts mécaniques. Elle aurait été au dire des chroniqueurs de l'époque, une véritable merveille, un colosse qui se mouvait par simple pression sur un bouton. De plus, la capitale était également dotée, à la même époque, d'un hôpital dont l'admirable fonctionnement fut assuré par un personnel qualifié.
-Faits saillants:
- Abdel Moumen réalisa pour la première fois l'unification politique de l'Afrique du Nord.
- Les Almohades lancèrent plusieurs expéditions en Espagne, dont celle lancée par Yacoub El Mansour qui aboutit à une victoire à Alarcos (Al Araq) en 1195.
- Principales réalisations
- Mosquée de Tinmel
- Rabat.
- La Giralda (Séville).
- La Koutoubiya:
- La tour Hassan: 1184
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