Bonsoir Jean,
Concernant les hadiths, voici le peu que je sache.
Les "dits du Prophète" (
Hadith) ont été si nombreux qu'il a fallu les trier selon leur fiabilité avant de les fixer dans l'écriture.
Leur présentation fut systématisée avec, d'un côté, le contenu (
matn) et de l'autre "l'appui" (
isnad) à savoir la chaîne (
silsila) de ses principaux transmetteurs (toujours nommés).
De nombreux recueils de hadits sont établis dont 6 jouissent de la plus grande légitimité, les
Sahih ("authentiques" ou "solides"), composés au IXème BC.
Les plus célèbres de ces recueils sont ceux de Moslim (816-873) et d'Al-Bokhâri (810-870). Leur autorité vient après celle du Coran.
Le
Sahih obitient l'aval de tous les spécialistes ou "traditionnalistes" ; il est suivi du
Hassan ("bon") et du
Dha'if ("faible" ou "douteux"). Dieu est censé parler directement dans certains hadiths -ils sont qualifiés de
Qudsi ("saints"),
Ilâhi ("divins") ou
Rabbâni ("seigneuriaux") quand tous les autres (les
Nabawî, du "Prophète") sont considérés relever d'un degré secondaire d'inspiration.
Certains hadiths demeurent "litigieux" entre les différentes sensibilités musulmanes. Les Chiites recueillent également les "traditions" de leurs principaux imams : "
Celui qui Me cherche, Me trouve. Celui qui Me trouve, Me connait. Celui qui Me connait M'aime. Celui qui M'aime, Je l'aime. Celui que J'aime, Je le tue. Celui que Je tue, c'est à Moi de le racheter. Celui que Je dois racheter, c'est Moi qui suis sa rançon" (attribué à Sidna Ali, gendre du Prophète).
Vu sa complexité et son importance, le Hadith constitue une science traditionnelle à part entière.
La difficulté de nos jours à évoquer l'islam est bien souvent que l'on ne sait quel islam évoquer, celui de la tradition et des textes fondateurs, regroupés dans cette anthologie qui forme le "charialand", qu'il soit fantasmé ou réel ou celui de l'islam dialectique et moderne avec son cortège d'adaptations au monde réel ? Ce n'est parce-que l'islam est "un" au niveau de la dévotion qu'il est uniforme quant aux allégeances.
On vérifie dans la plupart des pays des micro-ajustements à tous les niveaux de la vie sociale. Ceci étant, l'exigence fondamentale est toujours bifide (bi-raisin... humour...) :
1) reconnaître le désir des croyants et le respecter
2) refuser l'aliénation idéologique et la violence menées au nom d'Allah.
Tel est le vrai combat, tel est l'enjeu véritable du réformisme musulman : gérer des contradictions sans faire table rase du passé. Le statique ayant pris le dessus sur le mouvant, chaque siècle a assisté passivement au délitement de l'esprit de l'islam au profit d'une ossification de plus en plus grande. L'islam est loin d'avoir atteint la qualité spéculative du siècle d'Averroès. A quand son siècle des Lumières ?
Cordialemnt.