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Je suis intéressé de savoir si les conquérants musulmans dans les zones fortement christianisées comme par exemple les territoire du pourtour méditerranéen, utilisaient le fait que Jésus était un des prophêtes les plus importants dans l'Islam afin de soumettre voir convertir de nouvelles populations a l'Islam?
Pour ce qui est de "soumettre", je ne vois pas trop pourquoi ni comment une telle chose pourrait être utile. Au premier siècle de l'Islam, une armėe réalisait la conquête d'un pays en le soumettant au pouvoir politique califal, sans vraiment toucher aux organisations internes des peuples soumis : il devaient reconnaitre l'autorité du pouvoir en question et la supériorité du groupe conquérant, payer ce qui a été convenu et puis c'est tout. Chrétiens ou Juifs, ils n'étaient pas obligés de se convertir à l'Islam ni d'agréer les visions islamiques de Jésus ou de Moïse.
Donc, pour ce qui est de "convertir", il n'y avait pas de démarches systématiques. Naturellement, on incitait les gens à rejoindre la communauté nouvelle et il se peut que des initiatives privées produisent des débats entre musulmans et chrétiens ou autres. C'est dans ce contexte là que les aspects que vous citez sont évoqués et il est tout a fait possible (voire logique) de voir le musulman à cette occasion faire valoir le statut priviligié de Jėsus et de Marie dans le Coran en guise d'argument incitateur ou de défense ... etc.
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Qu'en est t'il de Noel? Est-ce que dans certaines régions les musulmans se joignaient aux festivité avec les chrétiens pour l'hypothétique date de naissance de 'Isa?
Tout d'abord, il faut savoir que la position des juristes musulmans a toujours été tranchée et unanimement stricte à ce sujet, se basant sur une citation connue du Prophète qui interdit aux Musulmans d'imiter les usages religieux et communautaires juifs ou chrétiens (
khālifū al-Yahūd wa a-Nassārā) et, dans le cas des chrétiens la chose était généralement plus marquée parceque le culte voué chez eux à Jėsus comme fils de Dieu et les pratiques visibles comme adoration de la Croix, d'icônes, statues ... etc. étaient particulièrement choquantes et contraires à conception musulmane du Monothéisme.
Maintenant, sur le terrain les choses pouvaient s'avérer plus compliquées. Les communautés vont se côtoyer durant des siècles et la nature des contactes peut varier d'une époque à une autre, d'une région à une autre aussi. Concernant Noël, il n'y jamais d'adoption de l'usage en lui-même comme "Fête du prophète 3issā" parceque la liste des fêtes religieuses et communautaires musulmanes était fixée sur la base des traditions attribuées au Prophète Muhammad et que le conservatisme musulman en matière de pratique interdisait des innovations pareilles, et aussi parceque le principe évoqué plus haut (
al-mukhālafa) était opérant. Par-contre, faire la fête est géneralement chose facile chez le petit peuple et on vous ça et là une tendance a partager plus ou moins certaines festivités comme Noël et qu'on dėcouvre justement dans les textes de juristes de l'époque qui condamnent un tel relâchement de leurs contemporains. Par exemple chez-nous au Maghreb, la fête dite de
Mouloud (
al-Mawlid a-nabawī = "Naissance du Prophète") est très populaire alors qu'elle n'a aucun fondement scriptuaire et qu'elle n'est pas vraiment une fête "religieuse" comme le sont les deux
Aïd ou même
3āchurā. Or, cette pratique est plutôt tardive (15e siècle environ) et si elle a perduré c'est que, justement, les juristes l'ont tolérée pour contrer la manie qui était apparue de fêter le Noël des Chrétiens. Un moindre mal en quelque sorte, même si la polémique persiste encore de nos jours à son sujet !