Alain.g a écrit :
La présence d'hérésies chrétiennes ne suffit pas à expliquer cette disparition d'une forte population chrétienne, car ailleurs l'islam a rencontré aussi de telles hérésies, l'arianisme notamment, sans que le christianisme ne disparaisse.
L'hypothèse d'une conquête sanglante du Maghreb chrétien par les arabes existe. Elle explique aussi le non-développement de cette région autrefois riche au temps des romains.
Je pense qu'il y a une différence majeure entre le mouvement arien et le mouvement donatiste. Car le donatisme s'est non-seulement séparé du dogme Catholique Romain officiel, mais au Maghreb il s'est également accompagné d'une véritable rébellion armée contre l'Empire Romain lui-même et ce pendant au moins un siècle, car les donatistes se sont alliés aux Circoncellions révolutionnaires de Firmus (qui n'étaient pas de "vulgaires brigands" que la propagande romaine en a fait) dès 375.
Donc il y avait une forte contestation permanente de l'ordre romain établi, à tel point que Mesnage a écrit : "Mais à côté de cette Afrique romanisée il y a une autre, que je pourrais appelé l'Afrique indigène, c'est à dire cette partie de l'Afrique romaine que la civilisation du peuple conquérant n'a pas encore soumis, que le Christianisme commence à peine à entamer et où l'arrivée des Vandales va l'empêcher de pénétrer d'avantage. Et puis même la partie de l'Afrique christianisée qui paraît si brillante, est-elle au fond aussi chrétienne qu'elle le paraît ?" [J. Mesnage : le Christianisme en Afrique (origine, développements, extension), Revue Africaine, Volume 57 p.657-658. (1913)].
Et E. Guernier impute lui aussi l'échec du Christianisme en Afrique du nord à cette même cause :
"La grande faute du Christianisme en cette terre de Berbérie si bien faite pour l'accueillir, fut de calquer ses institutions sur celle de la Rome impériale. La chute de Rome entraîna la chute de l'Eglise, et, dans un Christianisme en perte de vitesse, morcelé par le morcellement même de ses évêchés, c'est à dire de sa structure interne, diminué par l'effritement de la doctrine due au schisme et plus particulièrement à l'arianisme, l'Islam eut beau jeu puisqu'en pénétrant au Maghreb, il ne trouvait que des Chrétiens répudiant le dogme trinitaire, répudiation qui est la base essentielle de leur doctrine." [E. Guernier : La Berbérie, l'Islam et la France, p.18 Editions de l'Union Française. Tome 2. Paris (1950)].