Et pas par conviction religieuse...?
Je crois que les populations antiques étaient loin d'avoir ce genre de mode de fonctionnement nationalistes et étaient plutôt favorable à Rome d'après mes lectures surtout en ce qui concerne les habitants des cités.
Des libérateurs de quoi ? Par ailleurs les berbères n'étaient pas un seul peuple et on ne peut donc pas faire de généralités. Surtout que Rome n'était déjà plus là depuis longtemps et qu'au contraire des royaumes indépendants commençaient à se former.
Pédro a écrit :
Dans la mesure où les Romains n'ont jamais persécuté les cultes locaux on comprend mal que les dit Berbères se soient tourné vers une faction chrétienne rigoriste pour "échapper à l'ordre romain"... Les Romains fondaient leur autorité sur une large autonomie locale et même durant l'Antiquité tardive on ne voyait pas souvent la tête d'un fonctionnaire impérial. Alors combattre un ordre qui se contente de prélever l'impôt et d'assurer la stabilité publique ne rime pas à grand chose ou en tout cas rien de bien original par rapport à ce que l'on rencontre dans d'autres provinces. Ensuite, réfléchissons un peu sur ce qu'est le donatisme. Pour commencer c'est tout sauf un particularisme mais un mouvement interne à la communauté chrétienne d'Afrique, alors comme facteur d'unité on a connu mieux. Le mouvement est apparu en réaction aux persécutions de Dioclétien ; un parti extrémiste refusait la réintégration de ceux qui avaient abjuré leur foi face aux pressions impériales. Franchement je ne comprend pas ce besoin de quérir dans tout et n'importe quoi des arguments identitaires...
Je vous recite encore une fois Mesnage (revoir les citations plus haut) : "Quant aux indigènes (les Berbères) c'était toujours des vaincus frémissant sous le joug ; on proteste comme on peut contre le joug qui oppresse ; ne point parler la langue du maître, c'est déjà se séparer de lui par quelque chose d'essentiel, mais prier autrement que lui, est beaucoup plus encore, car cela constitue, une révolte morale, qui satisfait bien mieux les sentiments de nationalité." [J. Mesnage. Le Christianisme en Afrique. Revue Africaine. Volume 57. p.499 (1913)]
Il est donc tout à fait possible que les Berbères qui ont embrassé le Christianisme, l'aient fait en partie par conviction et en partie pour lutter contre l'ordre romain établie. A vous lire on dirait que tout le monde ne pouvait qu'accepter la domination romaine subjugué par les bienfaits qu'elle apporte. Ne tombons pas dans le simplisme par amour pour une civilisation et sachons voir les choses en face.
Voici une autre citation de Courtois : "En apparence aussi rien ne menace cette partie de l'Empire... Et pourtant la menace est immense. C'est pour parler comme E. F. Gautier, la vitalité irréductible du monde Berbère. Ce monde est un curieux mélange de docilité et de résistance... De résistance parce que sous le vernis civilisations successives, il demeure à peu près intact... Tout ce qui sépare le Berbère de ses maîtres réssucite dans opposition sourde, diffuse, mais absolue et totale. La fatalité n'a pas épargné Rome... Le Donatisme a été la forme la plus remarquable de l'opposition indigène.
Pendant près d'un siècle Rome a lutté contre le schisme. Elle n'est jamais parvenue à y mettre fin... Le schisme a permis aux Berbères convertis d'avoir un Christianisme de résistance. Ce n'est pas un hasard que le vieux pays numide ait été le bastion du Donatisme. Ce n'est pas un hasard que le prolétariat agricole nomade, ces Circoncellions qui n'étaient point les brigands qu'on a dit, aient crié le Deo Laudes aux oreilles épouvantées des propriétaires Romains.
Il ne s'agit donc pas de remous de bénitier, mais d'un mouvement immense, qu'on a justement rapproché du kharéjisme et dont on mesurera mieux l'ampleur si on veut bien se rappeler qu'en Afrique de Nord, la résistance religieuse est une forme courante de l'opposition politique." [G. Courtois. De Rome à l'Islam. Revue Africaine. Volume86. p. 25-55 (1942)].
Léandros a écrit :
Oui, mais qui dit que ces conversions massive ne se sont pas faites par la force ?
J'ai l'impression que vous appliquez un contexte moderne a une époque qui ne l'étaient pas, surtout qu'il n'existait pas un peuple berbère mais des peuples qui étaient très différents.
J'ai du mal à croire qu'un peuple, ou des peuples si vous préférez, puissent au lendemain d'un massacre atroce commis par d‘horribles barbares, devenir les plus ardents défenseurs et propagateurs de la religion de leur bourreau. Excusez-moi mais il y a quelque chose qui cloche.
Léandros a écrit :
Par ailleurs je tiens à souligner qu'après l'invasion musulmane le Maghreb connait un âge sombre.
Je serais curieux de lire vos arguments. On a qualifié d'"âge sombre" les débuts du Haut Moyen-âge eu Europe juste après la chute de Rome. Il ne faut pas appliquer des qualificatifs historiques propres à un espace géographique précis à un autre espace géographique à la légère.
Yongle a écrit :
bonjour,
Ne parlait-on pas d'un éventuel unitarisme christologique dans le donatisme qui offrirait un terreau favorable à l'implantation de l'unicité theologique de l'islam dans ces regions ?On retrouve cette idée chez les nestoriens (je crois) et chez les ariens (d'où certains doute emis sur la caractère systematiquement coercitif des conversions).Sous reserve de verifications.
Bien à vous.
C'est aussi l'avis de Guernier dans la citation que j'ai mise plus haut.