DESHAYS Yves-Marie a écrit :
Encore une fois, pour un musulman, une société appliquant des règles élaborées à partir d'un consensus humain soumis à variations ne fait pas le poids face à une société qui entend suivre les prescriptions d'une loi révélée... En cas de désaccord, on tranche en dernier ressort en faveur de la loi coranique.
Je ne sais pas trop si on peut dire comme cela à propos de l'Islam ???
1- l'interprétation, dans le sunnisme, est le fait de la
ijma, c'est à dire d'un consensus des ulemas, à savoir de "savants". Ces savants sont généralement en exercice dans un certain nombre d'universités (une à tunis dont le nom m'échappe et celle du Caire à laquelle est reconnue une espèce de primauté d'honneur)
2-En ce qui concerne la charya, il s'agit d'une compilation de règles de jurisprudence ; on pourrait dire de "fatwa", c'est à dire d'avis religieux données par des juristes spécialisés.
Dans les 2 cas, il ne s'agit aucunement de révélation non plus que de loi révélée mais du travail de "sages" reconnus par leurs pairs.
L'islam reconnaît divers niveaux de compétences religieuses parmi ses fidèles : L'explication du Coran se nomme tafsîr. Et l'ijtihâd (même racine que djihad) est la recherche de solutions nouvelles à partir des textes de référence pour répondre aux problématiques des populations musulmanes sur leurs affaires religieuses (عِبادات [`ibādāt], pratiques cultuelles, pl. de عِبادة [ibāda]) ou sociales (مُعامَلة [mu`āmalāt], « comportements », pl. de مُعامَلات [mu`āmala]) dans une condition sociale, politique ou économique inédite.
1.
al-mujtahid al-mutlaq, capable de « se battre » en absence de texte, comme l'indique la racine de mujtahid, pour en tirer une casuistique, rapprocher des textes traitant des sujets similaires et en tirer la synthèse, élaborer les principes juridiques sans référence à une école particulière. Ces compétences sont reconnues exceptionnelles et rarissimes ;
2.
al-mujtahid al-mutlaq al-muntasib, le même mais dans le cadre d'une école interprétative ;
3.
al-mujtahid fil-madh'hab, dans le cadre d'une école interprétative, capable d'élaborer des réponses juridiques sur des questions nouvelles ;
4.
al-'âlim al-mutabahhir, le vulgarisateur des grands anciens qui doit connaître le Coran et la Sunna ;
5.
al-'âmîy, celui qui ne connaît que les grandes lignes de l'islam.
Les savants exégètes sont considérés comme les « successeurs » des prophètes. Quelques marocains du type 1 préfèrent actuellement se taire plutôt que d'encourir l'assassinat de la part des plus fondamentalistes.
Le chiisme orthodoxe de la secte 'usuli (clergé des ayatollah) reconnaît, a contrario, un clergé à plusieurs niveaux hiérarchiques, les mollahs, etc. Les ayatollah bénéficient d'une infaillibilité dans l'interprétation reconnue par leurs fidèles.
(une partie de ce qui précède sort de l'article sur Wikipédia, mais comme j'avais pas mal contribué, je ne suis pas géné)
On comprend bien, dans ce cadre, que parler de
loi révélée est franchement usurpé, sauf à parer les divers interprêtes des plumes du paon.
Espérant avoir été utile