I. Clergé musulman ?
Antinéa a écrit :
Sauf que l'ensemble des gens qui font profession d'interprêter les textes sacrés et d'édicter des normes ne sont que rarement d'accord à part les cinq pilier de l'Islam et encore je n'en suis pas sure, il n'y pratiquement aucun sujet ou il y a unanimité même el idjmaa n'est qu'un idjmaa entre les quatre écoles sunnites, il n'inclus pas ceux qui ne suivent aucune d'elles.
Le fait qu'ils ne soient pas d'accord n'empêchent pas qu'ils tentent tous d'édicter des normes. De plus, les moyens de communications actuels rendent les religieux capables de toucher un plus grand nombre. Actuellement, ce sont ceux qui y consacrent le plus de moyen (l'Arabie Saoudite), tout en autorisant éventuellement l'usage de la force, qui y réussissent : le wahabbisme (dans les versions salafistes ou jihadistes) se répand partout, notamment au Maroc ou au Bangladesh, où les Soufis sont de plus en plus menacés.
Antinéa a écrit :
Parler d'un clergé est excessif et en plus en total désaccord avec la notion de foi dans l'Islam "el 'akida "
Justement : je pense que le clergé a justifié son existence en délaissant le spirituel et en se consacrant au juridique. Il n'intervient pas dans la foi, mais dans la définition du licite et de l'illicite.
Il est permis de penser que Mahomet avait peut-être effectivement envisagé une religion/loi basée sur un texte simple appris par coeur, mais que par la suite l'inflation des textes (hadith, jurisprudence...) a imposé l'apparition de savants spécialisés.
II. Le texte ultime ? Antinéa a écrit :
Vous trouverez ce genre de comportement un peu partout et pas seulement dans le domaine religieux, cela dit chaque musulman est libre de suivre qui il veut parmi les interpretateurs comme il est possible qu'il ne suivent personne si personne n'arrive à le convaincre.
Ce comportement se retrouve dans beaucoup de religions : les Américains enseignent le créationnisme à l'école. Il est nocif à mon avis puisqu'il tue la curiosité : toute recherche scientifique n'est entreprise que pour justifier le texte sacré, son utilité est donc douteuse. De plus, pour des gens peu ou pas instruits, il est très dur de contester ce qui est affirmé comme une vérité intangible.
III. L'arrêt de l'ijtihad Antinéa a écrit :
En fait le vrai probleme c'est que depuis le IX ième siecle, ..., Ibn Hanbal à demander d'arreter l'ijtihad et il a été suivi jusqu'au jour d'aujourd hui...
Extrêmement intéressant. Personnellement, j'attribue également cet arrêt de la recherche sur le texte (auquel je rattache le problème précédent) aux troubles politiques de l'islam à partir du Xe siècle, et notamment les invasions nomades et aux guerres avec l'Europe et les Mongols.
En effet, les plus grands centres culturels musulmans sont rasés ou perdus à la fin du Moyen-Age : l'Andalousie, la Transoxiane (région autour de la Mer d'Aral). Les relations avec un autre foyer, la Perse, sont perturbées. De plus, la quasi-totalité du monde musulman est dominée par des nomades Turcs qui sont plus intéressés par l'établissement d'une loi stable plutôt que par une recherche théologique.
Ensuite, le manque de communication avec les autres civilisations -inutile puisque rien de bon ne peut provenir des Infidèles- a empêché une remise en question de l'attitude prise.
La reprise de l'ijtihad est une solution proposée par Irshad Manji dans
Musulmane mais libre ed. Grasset.
IV. La charia peut-elle évoluer ?
Comme il s'agit d'un code de lois, je suis persuadé que oui.
Cela ne se fait pas sans douleur, et pas toujours dans le bon sens (toujours l'influence salafiste), mais il est possible de faire pression sur les juges religieux.
Ainsi, il y a deux ans, au Nigéria, une femme enceinte hors mariage risquait d'être lapidée. Sous la pression internationale, les juges l'ont acquittée en invoquant le précédent moyen-âgeux d'un embryon resté en sommeil deux ans après sa conception : la femme ne pouvait pas être condamnée car il n'était pas exclu qu'elle ait été enceinte d'un précédent mariage -ou même qu'elle porte l'enfant depuis sa naissance
Plus simplement, il est problable que les musulmans comprendront l'inutilité de ces préceptes dans la pratique de leur foi.