La présence des Juifs sur le territoire polonais remonte aux IX-Xème siècles. Dès le début, ils eurent une influence dans ce pays.
Par exemple, certaines des premières pièces de monnaie battues par le Royaume de Pologne comportaient des caractères hébraïques. Comme il a été noté plus haut, le Roi était conscient de l’intérêt de la présence d'une communauté juive sur ses terres. Le statut de Kalisz, édicté en 1264, est un modèle de tolérance, un document inédit dans l'Europe d'alors.
Le nombre de Juifs augmente fortement lorsque les communautés sont expulsées d'Espagne, persécutées en France et dans le Saint Empire. Celles venant du monde germanique importèrent le Yiddish. Au XVIème siècle, la Pologne comptait déjà l'une des communautés les plus importantes d'Europe (200 000), c'est à dire du monde étant donné la composition du monde juif à cette époque.
Certains rétorqueront que les Polonais sont très antisémites. Sans doute, même si cela mérite nuances. Cependant les Juifs, eux, considéraient que les Polonais étaient moins antisémites que les Français ou les Impériaux.
Des chroniqueurs Juifs parlèrent même de "Paradis" et selon une anecdote, "Pologne" se dirait "Polin" en hébreu, ce qui voudrait dire "ici Tu te reposeras" ou bien "Ici Dieu trouva refuge".
Les Juifs étaient protégés par la noblesse et servaient d’intermédiaire avec le "bas peuple" et les paysans, notamment dans les confins orientaux.
Notons aussi la forte natalité des communautés polonaises, dont les membres ne sont pas riches, mais très souvent habitant dans des campagnes pauvres, voire créant les leurs ("shtetls").
Au moment des partages de la Pologne, la communauté polonaise est la plus importante au monde (800 000). Comme il a été indiqué plus haut, l'occupation russe est moins tolérante que la prussienne et l'autrichienne. Pourtant, c'est l'Empire russe qui hérite de la plus grosse part du judaïsme polonais. Pour autant, les Juifs n'émigrent pas massivement. Certains vont aux États Unis, d'autres en Europe occidentale, mais aucun mouvement de fond.
A la fin du XIXème siècle, la présence juive sur les terres de l'ancienne République des Deux Nations (Pologne-Lituanie) est estimée à la moitié de la population juive mondiale.
Lorsque la Pologne retrouve son indépendance après la Première Guerre Mondiale, les Juifs russes immigrent, certains d'être mieux traités en Pologne qu'en Russie Bolchévique. Il y a certes une émigration en direction de l'Allemagne et de la France, mais elle est loin d'être massive (en opposition à ce qu'affirme François Georges Dreyfus dans ses ouvrages sur l'entre-deux-guerres). En 1924 Il y a, selon le recensement polonais, près de 3 000 000 de Juifs (plus de 10% de la population). Ce chiffre monte à 3 500 000 dans les années 30. En effet, la politique de Pilsudski n'est pas antisémite. Ce dernier lui même ne l'est pas.
Après la mort du vieux dirigeant en 1935, la Pologne adopte une politique beaucoup moins favorable aux Juifs: quotas, interdictions en tout genre... Faisant ainsi écho à ce qui se passait en Allemagne, sans pour autant atteindre le même degré. De ce fait, beaucoup de Juifs quittent la Pologne: France, États Unis, Palestine.
A la veille de la guerre, la population juive en Pologne est estimée entre 3 000 000 et 3 300 000 en fonction des sources.
En 1945, contrairement à ce qui a été dit plus haut, il reste entre 100 000 et 300 000 Juifs. Beaucoup décidèrent, on les comprendra, de cacher leurs origines (d’où la croyance qu'il n y en avait qu'une poignée dans l'immédiat après guerre). Une partie est victime des pogroms, une grande partie émigre très rapidement et une partie reste (elle sera poussée à l'exil en 1968 avec la campagne antisémite et antisioniste des autorités communistes). C'est à ce moment que la communauté se limitera officiellement à quelques milliers d'âmes.
Les choses évoluèrent depuis. Aujourd'hui, il y aurait à peu près 40 000 Juifs déclarés et presque 200 000 (selon les estimations) qui le seraient sans le savoir ou avec au moins un grand parent Juif.
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