Quelques éléments de réponses - sur les baroni et les liens qu'entretient Cola avec l'Antiquité - aux interrogations d'Hélios tirés de l'ouvrage -très personnel, parfois exalté - d'Elisabeth Crouzet-Pavan,
Enfer et Paradis, L'Italie de Dante et Giotto, Albin Michel, p. 27 - 33.
Rome a connu une renaissance urbaine depuis le XIIe siècle. Les populations sont concentrées dans l’anse du Tibre. La croissance augmente autour des monastères et des églises, elle compte ainsi 30 000 habitants au milieu du XIVe siècle.
Le paysage est façonné par les élites : les casati baronali.
Citer :
"Il ne suffit plus alors de dire que tel lignage avait choisi de s'installer sur l'Aventin quand un autre préférait la proximité du mausolée d'Auguste ou du théâtre de Pompée. L'histoire continue. Et dans les quartiers centraux, les grandes familles marquent, par leur forte implantation, l'habitat, la contexture sociale, la forme du paysage."
(N.B. : Ce qui au demeurant se retrouve dans la plupart des cités italiques)
Citer :
"A partir de la décennie 1240 - 1250, ces casati baronali s'imposent et prennent pour longtemps le contrôle de la commune romaine.
(Note de bas de page : M. VENDITTELLI, "Elite citadine : Rome au XIIe - XIIIe siècle", in
Les Elites urbaines au Moyen Age, Paris-Rome, 1997, pp. 183 - 191 ; une élite décrite par S. CAROCCI comme
bipartita).
Citer :
Notons que les sources du temps désignent bien, comme étant de l'Urbe, ces "barons", Annibaldi ou Savelli
(Note de bas de page : S. CAROCCI,
Baroni di Roma. Dominazioni signorili e lignaggi nel Duecento e nel primo Trecento, Rome, 1993).
Citer :
Leur cohésion topographique est forte, même si les diverses propriétés qui constituent leur complexe immobilier forment un ensemble plus qu'un bloc. Ces complexes, que possèdent les familles les plus importantes, se composent de quelques éléments essentiels : un palais, une tour, une place, un forum, un bain [...] Aux mains des Colonna, des Orsini, des Frangipani ou des Conti, se trouvent donc ces instruments de l'emprise sociale, ces moyens du pouvoir que sont la propriété du sol et des maisons, la maîtrise de la tour et des moyens défensifs. [...]
Les rues, héritées de l'ancienne voirie, ne portent plus le même nom qui les désignaient autrefois. Un autre réseau est d'ailleurs venu se surimposer, qui dessert la ville utile. Mais une statue antique orne souvent les places, ouvertes devant les églises, lieux de rassemblement et espaces collectifs de la Rome médiévale
(NB : de même pour un amphithéâtre).
Citer :
La renovatio antique, avec ses fortes implications politiques, a commencé au XIIe siècle. Dès 1162, la colonne Trajane est placée directement placé sous la protection du Sénat et du Peuple de Rome, afin qu'elle soit préservée dans son intégrité. Entre 1150 et 1250, un obélisque antique est restaurée et installé à l'angle nord-est de la colline du Capitole pour devenir un symbole de la Commune et du Sénat
(Note de bas de page : cf. R. KRAUTHEIMER,
Rome ..., p. 506).
Citer :
Des balises anciennes et nouvelles ordonnent un espace en recréation et le chargent d’une richesse de sens.
En outre, le passé dépose son empreinte jusque dans la vie politique. Que penser en premier lieu de ce vocabulaire antiquei qui survit ou resurgit ? Quye penser de ces mots anciens qui servent à nommer des réalités nouvelles ? Ne s'agit-il que d'une empreinte superficielle, ou plutôt d'un écho qui vibre dans la péninsule, ici et ailleurs ? De la naissance de la commune de Rome a en effet résulté la renovatio senatus de 1143 – 1144. Symboliquement, cettte assemblée se réunit sur le Campidoglio. Bien sûr, les seules questions historiques à réserver à ce Sénat concernent en ces années les évolutiosn de sa composition sociale, ses mutations internes (Sénat collégial ou sénateur unique) comme ses rapports complexes avec les pontifes successifs [...] Il n'empêche que le vocabulaire n'est pas innocent. Erudits, réformateurs et figures politiques nourrissent un amour sincère pour la Rome antique qui alimente leur espoir de renaissance. et un retour au droit romain a soutenu cette émancipation de la commune romaine et cette vision républicaine.
D'inteprétation plus complexe encore [...] est l'oeuvre politique de Cola di Rienzo. Ce notaire, né dans uen famille d'artisans romains, manifestait une véritable passion pour l'Antiquité et ses grandes figures héroïques et vertueuses. La culture savantes, juridique et historique qu'il avait acquise était à la mesure de cette passion.
(N.B. : voilà pour l'humanisme confirmé).
Citer :
Il avait lu, négligeant les habituelles compilations et les recueils factices d'extraits, les prosateurs et les poètes [...]. C'est en mai 1347 que Cola et ses partisans prennent le pouvoir au sein de la commune romaine. D'abord recteur de la cité, associé au vicaire du pape, i lexhume bientôt à son profit le titre de consul, avant de se déclarer "Nicolas le sévère et le clément, tribun de la liberté, de la paix et de la justice, libérateur de la sainte République romaine"
(Note de bas de page : J.-Cl. MAIRE VIGUEUR, "Cola di Rienzo", in
Dizionario biografico degli Italiani, vol. 26, Rome, 1982, pp. 662 - 675).
Citer :
Son programme, appuyé par les tenants du parti populaire, la Rome active des artisans, des marchands et des propriétaires agricoles (les bobacterii), est dirigé, en ville comme dans le contado, contre les barons, leur puissance militaire et leurs droits seigneuriaux. Il vise à une transformation des institutions communales, dans un sens plus populaire, et il suscite, de la part des lignages aristocratiques, réactions et résistances plutôt vives. [...]
Citer :
Déjà, dans les années qui précèdent la prise de pouvoir, lorsque Cola s'emploie simplement à faire connaître ses idées, l'Antiquité et ses modèle sont sollicités. Le spectacle organisé à Saint-jean-de-Latran, en 1346 probablement, utilisait ainsi une repérésentation de l'empereur Vespasien conférant avec le Sénat romain. Mais, après 1347, les résurgences deviennent plus rigoureuses. [...]
(N.B. : en guise de conclusion sur l'humanisne de Cola et ses rapports avec la Renaissance / résurgence)
Ni
Citer :
héros de la liberté
, ni
Citer :
mauvais copiste médiéval d’un texte romain [...] il amplifia jusqu’à l’extrême ce feuilletage de temporalités caractéristique de l’Italie d’alors
comme il fut marqué par le prophétisme d'un Joachim de Flore.
Citer :
Son identité se construisait au confluent de la Rome antique et de la cité de Dieu, entre le passé d’un mythe et le mythe d’un futur.
Sur la
Cronica de l’Anonyme romain, histoire de la ville de Rome de 1325 à 1357 qui culmine avec l’évocation de la vie de Cola di Renzo, d’abord écrite en latin puis traduite en romanesco, on peut consulter utilement l'ouvrage collectif,
Cultures italiennes publié sous la direction d'Isabelle Heulant-Donat.