Tous les éléments pour juger de l'affaire :
- création de l'ordre en 1119 pendant la 1ère croisade
- Le pape Innocent II en 1139 Le pape leur concède le privilège de l'exemption, qui les rend totalement indépendants des autorités ordinaires de l'Église.
- Le Temple tire de gros revenus de ses activités bancaires comme d'ailleurs tous les autres ordres militaires, mais lui a fait mieux il inspire plus confiance et arrive à obtenir l'administration des trésors des rois de France et d'Angleterre, et gère les biens de l'église, ce sont les plus grands banquiers d'Europe, les templiers s'enrichissent en plus grâce aux donations.
- Au début du XIIIe siècle, le Temple dispose d'une force militaire impressionnante de quinze mille hommes, bien plus que n'importe quel roi de la chrétienté aurait pu en lever. Mais de soldats, les Templiers se sont reconvertis en usuriers et ont complètement perdu de vue la reconquête des Lieux saints de Palestine!
- A partir de ce moment l'opinion européenne commence de s'interroger sur la légitimité du Temple, ils deviennent impopulaires.
- St Louis est fait prisonnier à Mansourah (Egypte) le 5 avril 1250, une rançon est demandée les templiers refusent d'y participer.
- Les possessions franques de Terre sainte tombent définitivement entre les mains des musulmans avec la chute de Saint-Jean-d'Acre le 28 mai 1291.
- Philippe IV lève en 1295 un impôt occasionnel sur le clergé, la «décime». Le clergé s'incline, bien que le roi se soit dispensé de demander l'autorisation au pape de lever cet impôt.
Mais lorsque Philippe IV revient à la charge avec une taxe supplémentaire, la «cinquantième», les évêques s'en plaignent au pape Boniface XIII. Le pape publie une bulle, où il précise à l'ensemble des souverains que le clergé ne peut être soumis à aucun impôt sans l'accord du Saint-Siège. Les évêques eux-mêmes sont tenus de suivre les recommandations du Saint-Siège sous peine d'excommunication!
Dans le même temps, Philippe Le Bel interdit toute exportation de valeurs hors du royaume de France, ce qui a pour effet de priver le pape d'une grosse partie de ses ressources. Pressé par le clergé français, qui s'inquiète pour le roi, son protecteur naturel, Boniface XIII en vient à publier une série de bulles assouplissant sa position. En 1297 il doit finalement s'incliner et le «conflit de la décime» se résout à l'avantage du roi de France.
- Lors de la chute de l'Orient latin, les Templiers sont, avec les autres ordres, ses derniers défenseurs. Ils tiennent même, jusqu'en 1303, l'îlot de Rouad, en face de Tortose.
- La maison principale du Temple est alors transférée à Chypre ; mais c'est en France que nombre de moines-soldats et les principaux dignitaires se rassemblent.
- Bernard Saisset, évêque de Pamiers conteste la légitimité du roi de France, le roi le fait arrêter et juger sans respecter à la lettre le droit canon. Le pape Boniface VIII s'irrite quant à lui de ces infractions au droit canonique. Il publie le 18 novembre 1302 une nouvelle bulle où il réaffirme sa primauté du Saint Siège sur les souverains temporels. Entraîné par un tempérament coléreux et excessif, le pape en arrive à menacer le roi de France d'une excommunication. Il convoque un concile à cet effet, ce qui a l'heur d'inquiéter le haut clergé français.
- Philippe IV avec l'assentiment de la majorité du clergé décide de faire prisonnier le pape, il échout et le pape arrive à s'enfuir mais il mourra 1 mois plus tard.
- Le 5 juin 1305, au conclave de Pérouse, un Français de 40 ans est porté à la tête de l'Église après le bref pontificat de Benoît XI, le nouveau pape, est Clément V, il est bien accueillit par l'église. Philippe tient sa revanche sur Boniface VIII. Après son élection, Clément V renonce à se rendre à Rome par crainte des intrigues locales. Il s'établit à Lyon puis en Avignon, sur des terres d'Empire qui lui sont cédées par le comte de Provence, en limite du royaume de France.
- Suivant une idée déjà ancienne, évoquée par Saint Louis et les papes Grégoire X, Nicolas IV et Boniface VIII, Philippe le Bel souhaite la fusion des tepliers et des Hospitaliers afin de constituer une force suffisante pour préparer une nouvelle croisade à laquelle le roi de France et le pape sont très attachés. L'affaire est mise à l'ordre du jour de plusieurs conciles mais rentent en suspend. Durant l'été 1306, Jacques de Molay donne son opinion à Clément V sur le projet de fusion. Le pape en reste pantois. L'argumentaire du grand maître n'a qu'un seul but non avoué: garder une place qui risque de lui échapper.
- Le 13 octobre 1307 à l'aube, les baillis et sénéchaux du roi de France, Philippe IV, ouvrent les lettres closes que le Conseil royal leur a fait parvenir quelques jours avant et qui leur donnent l'ordre d'arrêter tous les Templiers vivant dans le royaume.
- Malgré les protestations, du pape Clément V, qui voudrait se saisir de l'affaire, les agents du roi, menés par Guillaume de Nogaret, obtiennent par la torture les aveux qu'ils souhaitent obtenir : corruption de l'ordre, hérésie, reniement du Christ, sodomie. Il faut déconsidérer le Temple pour forcer le pape à le dissoudre.
- En 1310, le roi fit brûler vifs cinquante-quatre Templiers comme relaps et trente six autres moururent sous la torture. Le pape, cédant à ces pressions, prononça la dissolution de l'ordre le 3 avril 1312.
- Les biens de l'ordre sont dévolus aux Hospitaliers, partout en Europe, sauf en Espagne, où un nouvel ordre est créé pour recueillir l'héritage.
- En 1313, sur la base de documents comptables, l'ordre de l'Hôpital restitue 200.000 livres au trésor royal pour solde de tout compte. Le successeur de Philippe, Louis X, réclamera toutefois un supplément, estimant que son père a été floué. L'affaire est close en 1317, quand le nouveau roi Philippe V reçoit 50.000 livres supplémentaires.
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Mon analyse :
On voit parfaitement que l'ordre des templiers qui n'était soumis qu'à l'autorité directe du pape, a été demantelé par le roi de France en mettant le pape devant le fait accomplit. Alors pourquoi Philippe IV prit-il une telle décision ?
L'ordre des templiers avait été fondé pour défendre la terre sainte, à partir du moment où il n'y a plus rien à défendre les templiers n'ont plus de raison d'exister, de plus Jacques de Molay a toujours refusé de fusionné avec les hospitaliers, ce qui aurait permi au roi et au pape de lancer une nouvelle croisade. Après la perte des Etats chrétiens d'Orient les templiers se sont majoritèrement regroupés en France, ils constituent une armée de 15000 hommes au ordre du pape, et donc une menace importante pour Philippe qui a toujours lutté avec véhémence contre l'autorité débordante du pape Boniface qui voulait imposer la souveraineté pontificale sur la France.
Et puis il ne faut pas oublier qu'ils avaient refusés de participer à la rançon de Saint Louis, et toujours traités les royaumes avec arogance, surtout celui Jérusalem, il pouvait même se révolter par cupidité.
Philippe poursuit donc logiquement sa politique anti-pontificale, après la mort de Boniface et l'élection du faible Clément V, il ne reste plus qu'à briser la main armée du pape en s'appuyant sur son impopularité (trop riches et ayant perdus le sens de leur mission) et sur la jalousie que porte le clergé à cet ordre privilégié, mais pour vraiment disqualifier totalement les templiers Philippe est obligé de les accuser d'impiété et de connivence avec les forces du Mals. Ils sont interrogés sous la torture par les commissaires royaux avant d'être remis aux inquisiteurs dominicains.
L'argent n'ai pas le motif de la disparition de l'ordre mais plutôt la cerise sur le gateau, pour un roi qui avait besoins d'argent à ce moment là.
Avec l'affaire du Temple, la monarchie capétienne montre qu'elle entend suivre son intérêt politique et ne plus se comporter en vassale de l'Église.