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 Sujet du message : La paix de Dieu
Message Publié : 13 Oct 2006 11:40 
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Hérodote
Hérodote
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Inscription : 29 Mai 2006 12:19
Message(s) : 13
J'étudie en ce moment l'Histoire médiévale et j'étudie un sujet fort intéressant sur le mouvement de la paix de Dieu et la trêve de Dieu, il me smeble qu'il ya deux différences entre ces deux sujets, l'un a limité les abus de la Noblesse guérrière et l'autre a défini les jours de guerre... toujours est-il qu'on peut voir à ce moment là le pas que prend le Clergé et l'Eglise sur les autres ordres, tout compte fait l'Eglise affirme sa puissance si l'on peut dire et cela va aller croissant...
Qu'en pensez vous?

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Message Publié : 13 Oct 2006 17:34 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Inscription : 29 Déc 2003 17:02
Message(s) : 460
Localisation : Hainaut (Belgique)
Je vous livre ci-dessous un large extrait de l’article de Richard Landes consacré aux notions de « Paix de Dieu » et de « trêve de Dieu » paru dans le Dictionnaire encyclopédique du Moyen âge, édisions cu Cerf.

La Paix de Dieu est un mouvement conciliaire qui débuta dans le sud de la France à la fin du Xe siècle et qui gagna presque toute l'Europe occidentale pendant le siècle suivant, survivant sous une forme ou une autre jusqu'au XIIIe siècle au moins. Elle allia législation laïque et législation ecclésiastique pour réglementer la pratique de la guerre et faire régner la paix sociale. La participation d'immenses foules enthousiastes la signala comme l'un des premiers mouvements religieux populaires du Moyen âge.

Son apparition coïncida avec l'échec des derniers souverains carolingiens d'Occident à maintenir l'ordre et avec l'accès des Capétiens (987) au pouvoir, dans un climat très perturbé. Par tout le royaume, les institutions carolingiennes se désintégrèrent localement, tandis que des chefs de guerre indépendants (les châtelains) et les bandes formées par leurs suites (les milites) établissaient leur domination. Dans les troubles qui s'ensuivirent, des initiatives prises au niveau local pour rétablir l'ordre social trouvèrent à s'exprimer à travers toutes sortes de mesures, dont la plus spectaculaire fut la création des conciles de paix.

Généralement ces conciles se tenaient en plein air, auprès des reliques des saints provenant des régions avoisinantes. En présence d’immenses foules de petites gens attirées par ces reliques, les anciens du concile (ducs, comtes, évêques, abbés) proclamaient une législation visant à instaurer la paix pour protéger les civils (ecclésiastiques, paysans, marchands et pèlerins) et pour surveiller le comportement des guerriers. Souvent, ces derniers prêtaient serment sur les reliques devant toute l’assistance. Au lieu que la paix fût préservée par l’administration royale, ces conciles combinaient les décrets ecclésiastiques (les canons de paix) et les accords effectués publiquement (les serments prêtés devant le peuple). Dans la phase du début (980-1040), le mélange de reliques et de foules, de miracles et d’enthousiasme prêta au mouvement un caractère populaire exceptionnel. En effet, la confiance extraordinaire que plaçait le mouvement de paix dans les sanctions spirituelles, non coercitives (excommunications, interdits, anathèmes), dépendait de l’alliance de la volonté divine et de la pression populaire ; les historiens appellent cette phase la paix sanctifiée.

Malgré une accalmie dans les deux premières décennies du XIe siècle, dans la décennie 1020, les conciles de paix reprirent leurs activités, en gagnant le Nord. Là, la haute noblesse (et le roi) prêta son appui à des assemblées de paix à travers tous ses territoires (Berry, Bourgogne, Champagne, Normandie, Amiénois, Flandre). Une idéologie de paix imprégna le langage de la conciliation politique sur le plan international, tout particulièrement l’assemblée de 1024 sur la Meuse, à l’occasion de laquelle Robert II et l’empereur Henri II proclamèrent une paix universelle. En dépit de cet engagement officiel et de l’introduction de mesures plus pragmatiques et coercitives dans la législation, le mouvement conserva une base fortement populaire. Les petites gens commencèrent à participer aux serments et aux responsabilités des assemblées de paix. D’après le chroniqueur de l’époque, Raoul Glaber,le mouvement populaire de paix culmina dans l’atmosphère apocalyptique du millénaire de la passion du Christ, l’année 1033. Dans son récit, on lit qu’après une famine qui dura trois mois, le roi provoqua à travers tout le royaume la réunion de conciles auxquels participèrent d’immenses foules qui, dans leur enthousiasme, se croyaient les instigatrices d’un nouveau pacte de paix entre Dieu et les hommes, la paix de Dieu.

Toutefois, l’enthousiasme populaire et l’appui officiel de la haute noblesse ne suffirent pas pour maîtriser le comportement de ceux parmi les nobles qui ne réagirent ni au sens de la responsabilité collective, ni aux menaces des sanctions religieuses. Des ligues de paix se formèrent donc, qui, très souvent, ne différaient aucunement des moyens conventionnels utilisés par l’aristocratie pour maintenir la paix. Mais au milieu de la décennie 1030, l’évêque de Bourges invita tous les diocésains âgés de quinze ans et plus à adhérer, en prêtant serment, à une ligue pour imposer la paix. Cette armée populaire de paysans et de citadins, dirigés par des prêtres portant des bannières, remporta un succès considérable contre la noblesse locale ; mais en 1038, assaillie par les cavaliers du comte de Déols, elle fut écrasée. Dans certaines régions du Midi, on peut encore constater l’existence de ligues semblables (et même d’un impôt sur la paix pour financer leurs activités) au XIIIe siècle.

Dans la décennie 1040, l’organisation et l’esprit du mouvement changèrent. Désormais la paix instaurée s’impose, paix où les petites gens jouent un rôle mineur, la haute noblesse domine et la trêve de Dieu est au cœur de l’action législative. La trêve, c’est-à-dire le dépôt volontaire des armes à des moments déterminés, allait devenir plus tard un moyen des plus populaires pour maîtriser les dissensions et les guerres privées. Elle était comme un pont jeté entre les objectifs du mouvement de paix originel et l’émergence d’institutions publiques destinées à maîtriser la violence. La trêve différait de la paix par le fait qu’elle cherchait à freiner le recours à la violence à l’encontre non pas de catégories de personnes ou d’objets, mais de la paix collective à des moments spécifiques. Elle avait ses racines dans les sanctions religieuses frappant des activités incompatibles avec les jours consacrés à Dieu. Elle fit sa première apparition dans une assemblée catalane à Toulouges (Roussillon), où fut bannie toute activité militaire pendant la période de Pâques. En 1037-1041, un concile réuni à Arles donne les détails des dispositions de la trêve : la paix devait régner parmi les chrétiens toutes les semaines du mercredi soir au lundi matin, en commémoration des jours saints de la semaine sainte. En ramenant la possibilité de guerroyer à trois jours par semaine, les conciles espéraient rendre impossible toute campagne sérieuse. Dans la seconde moitié du XIe siècle, paix et trêve de Dieu étaient pratiquement synonymes.

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Message Publié : 14 Oct 2006 12:43 
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Polybe
Polybe

Inscription : 21 Mai 2006 9:39
Message(s) : 103
Localisation : Wettolsheim
Je me permets de rajouter quelques petites choses. Entre 1027 et 1041 la trêve de Dieu est organisée sous l'impulsion de Cluny, obligeant de suspendre,comme cela a été dit là les hostilités pendant les temps consacrés.En 1054 le concile de Narbonne codifie paix et trêve de Dieu et interdit la guerre privée. Les résultats ne furent pas toujours à la hauteur des espérances. Ce mouvement de trêve, né en France du Sud, s'étendit à la fin du XIe siècle à l'Espagne, au royaume anglo-normand, à la Germanie et à l'Italie. Il faut également noter qu'au concile de Clermond en 1095, Urbain II consacre le mouvement de trêve de Dieu, mais sut aussi détourner l'activité belliqueuse des chevaliers vers la croisade.


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Message Publié : 15 Oct 2006 15:24 
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Hérodote
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Inscription : 29 Mai 2006 12:19
Message(s) : 13
merci beaucoup pour vos commentaires ceci est très instructif!!! :D

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