duc de Raguse a écrit :
Je tiens à réagir assez vivement face à cela, que je n'avais pas lu auparavant.
C'est bien le problème, mon cher Raguse; on se précipite pour étaler sa prose, sans prendre la peine de lire ET DE COMPRENDRE ce qui a été écrit sur un sujet... Vous n'êtes pas le seul concerné: une question d'âge, peut-être ? Sans cet invité-surprise, vous n'aurirez jamais pris la peine de répondre...
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Premièrement, en 1914, Viviani n'a plus rien d'un socialiste. Cela fait belle lurette qu'il s'est fait exclure de la SFIO par Jaurès.
J'ai bien dit qu'il était issu de leurs rangs. Quant à prétendre qu'il n'était plus "socialiste", tout dépend comment on l'entend. Mendès-France n' a jamais été inscrit au PS, il l'était davantage que Mitterrand, pourtant...
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Dans la période 1905-1914, où une grande partie des socialistes unifiés a véhiculé l'antimilitarisme de Gustave Hervé ( celui qui appellait à la grève général en cas de conflit avec l'Allemagne, à exécuter les officiers, à planter le "drapeau de Wagram dans le fumier"...), il s'est produit une vague de passions déchainées sur une problable guerre.
La plupart des élus socialistes ( Briand, Millerand, Viviani...) ont soit démissionné, soit été exclus de l'Internationale "française" par opposition à ces thèses antipatriotiques.
Bien sûr. Il faut prendre aussi en ligne de compte un certain opportunisme, qui permet seul d'acquérir cette souplesse d'échine favorable aux carrières ministérielles sous la IIIème République...
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Dire que Viviani est un socialiste en 1914 est faux !!! C'est un radical de gauche, rien de plus.
La nuance est minime, convenez-en! Entre un "radical de gauche" et un ex-socialiste, soutenu par tout le parti radical et par la SFIO (déjà une forme de soutien, sans participation...), vous faites de l'entomologie sur les étiquettes.
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Par ailleurs, si la SFIO est un des premiers partis en 1914 à la Chambre, il n'empêche qu'elle ne forme pas un parti de gouvernement et n'entre pas vraiment dans les coalitions.
C'est vrai, mais la combinaison de Viviani ne pourrait pas tenir si la SFIO votait avec les conservateurs.
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Par ailleurs, signaler que Nicolas II ne souhaitait pas la guerre ne veut rien dire. Cela fait bien longtemps que ce souverain indécis se laisse "déborder" par son entourage. Et justement, il avait un entourage belliciste à ce moment. ( certains grand-ducs, les ministres de la marine, de la guerre, M. Isvolsky et M. Kokovtszof ).
Certes, le Czar est indécis; sans doute, une partie de l'entourage est belliciste. Mais vous savez que la Czarine veut éviter une guerre avec l'Allemagne; que Raspoutine -déjà très influent- annonce les pires catastrophes au Czar, en cas de conflit. Le Czar n'est pas plus belliciste que Napoléon III ne l'était en juillet 1870...
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Bien entendu qu'en Russie on souhaitait la guerre : il fallait défendre les slaves d' Europe centrale et venger l'affront de 1905 contre le Japon.
C'est une inclination générale dans l'armée, sans plus. Le reste de la Russie souhaite seulement jouer son rôle de protecteur des Slaves: c'est en ce sens que la mise au pas de la Serbie est impensable, impossible du côté des Russes. L'Autriche le sait d'ailleurs fort bien...
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En Autriche-Hongrie, les vues du baron d'Aehrenthal font encore autorité : il faut en finir avec la Serbie qu'on a raté en 1908.
C'est certainement un peu plus complexe, mais il est évident que Vienne entend profiter de la situation de manière à humilier la Serbie; le drame, c'est que l'on va vouloir aller un peu plus loin... Un peu trop loin! Et, qui pousse, derrière ? Sinon l'Allemagne...
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L'Angleterre souhaitait aussi la guerre - même si vous pensez le contraire - car ses débouchés économiques étaient sérieusement menacés par l'Allemagne, ainsi que la primauté de sa flotte dans le monde.
Sir Grey veut conserver la neutralité de l'Angleterre: ses propositions de congrès ne sont pas écoutées, notamment par l'Allemagne, qui finit par penser que l'Angleterre n'interviendra pas. Mais l'invasion de la Belgique est la goutte d'eau qui fait déborder le vase: l'Allemagne doit répondre sous 24 heures si elle accepte ou non de retirer ses troupes! Passé ce délai, l'Angleterre se considérera en guerre contre l'Allemagne: vous noterez que Londres n'exige pas une évacuation immédiate, mais une réponse de principe. Curieuse façon de vouloir la guerre... Même si une partie de la gentry y est favorable!
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Pour la Belgique, je veux bien vous croire, mais elle n'a pas eu le choix.
La France entretient dans ses journaux, chez ses hommes politiques un fort souhait de revanche pour récupérer l'Alsace-Moselle. Toute sa politique diplomatique depuis 1891 a été menée à ces fins. Il n'y a que Jaurès, les anarchistes et les antipatriotes qui ne le souhaitaient pas et cela faisait très peu de monde.
C'est une plaisanterie ? L'opinion française est si peu belliciste qu'elle envoie une majorité de "gauche" jamais vue à la chambre. Les radicaux eux-mêmes se sont prononcés pour l'abolition de la loi de 3 ans, si difficile à faire passer 2 ans plus tôt! Quant à la diplomatie française, elle ne vise pas à récupérer l'Alscace-Moselle, mais constituer et à maintenir un front anti-germanique (la Triplice) qui lui permette de tenir face au déferlement allemand: d'où l'alliance russe -vitale- et l'escroquerie des emprunts russes, afin de mettre le bas de laine des Français au service de la diplomatie et de la défense de la France...
Vous ignorez allègrement ma formule: "entre Déroulède et Jaurès, la France a choisi"!
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L'Italie voulait récupérer les terres irrédentes ( Trieste, côte dalmate...) à l'Autriche-Hongrie, les Russes voulaient les détroits et reprendre Constantinople aux Turcs...
La seule Weltpolitik de Guillaume II ne suffit pas à tout expliquer !
duc de Raguse.
Bien sûr que chaque pays a des motifs pour faire la guerre. On est encore au XIXème siècle, question mentalités, diplomatie et... opérations militaires. Sans faire de formalisme, rappelons que l'Allemagne déclare la guerre à la Russie le 1er août, et le 3 août à la France...
Sous des prétextes futiles et parfaitement inadmissibles, l'Allemagne a délibérément mis le feu aux poudres, considérant avant tout le danger mortel que la croissance de l'économie Russe et la modernisation de son armée faisait peser sur elle...