Châtillon a écrit :
Puissent messieurs (et mesdames) les Lorrains éclarer ma lanterne. Metz a été "annexé" par Henri II, nous savons, mais Metz n'était-elle pas une ville lorraine ? Y avait-il une différence (culturelle, économique et religieuse ?) entre Metz et les autres villes de la Lorraine ?
C'est une question TRES compliquée, surtout pour les non-Lorrains
Elle mériterait l'ouverture d'un sujet à part.
Si la discussion prospère, les administrateurs du forum pourroint scinder celui-ci.
Metz était-elle une ville lorraine ? Non, elle ne l'était pas, en ce sens qu'elle était, avec les évêchés de Toul et de Verdun, dans une situation particulière, et cela depuis longtemps.
Au haut Moyen-Age, les évêques de Metz, Toul et Verdun avaient profité de la dislocation de la Lotharingie pour obtenir des privilèges comtaux et s'étaient placés sous la protection des rois de France (qui les désignait), alors que le pays (et la ville de Metz comme toute la Lorraine) relevait du Saint Empire Germanique.
Le duché de Lorraine (capitale : Nancy à partir du XI-XIIème) relevait aussi du Saint Empire Germanique et affirmait souvent une forte implication dans les politiques intérieures et étrangères de celui-ci l'Empire (c'est très net pendant la Querelle des Investitures, par exemple). Et cela bien que les ducs soiennt par ailleurs vassaux du roi de France.
Ainsi, les Trois-Évêchés font figure de coins français enfoncés dans les terres d'Empire. C'est pourquoi la situation de Metz et du Pays Messin a toujours été indécise et mixte, entre les "Allemands" et les "Français" qui se le disputaient sans cesse.
Cela explique que Metz ait eu un "statut" à part, dans lequel on peut distinguer deux périodes :
- d'abord, la véritable autorité du pays messin et de ses dépendances a longtemps été celle des évêques de Metz. Ceux-ci résistèrent par les armes aux empiétements de tous les princes voisins (duc de Lorraine, comte de Bar, comte de Luxembourg) qui le convoitaient.
- ensuite, après une longue époque de guerre et une épidémie qui décima le pays messin vers la fin du XIIe siècle, la ville de Metz (ville impériale comme nous l'avons vu) se gouverna par ses propres lois, et la puissance des évêques, purement nominale, dut s'incliner devant le conseil des échevins.
Cette administration municipale fut très éprouvée pendant la guerre de Cent ans par les compagnies qui dévastaient la vallée de la Moselle, puis par les entreprises du duc de Lorraine, Charles II qui brûla un grand nombre de villages mais échoua à conquérir Metz en 1428 (Guerre de la Hottée de Pommes).
Metz conservera cette relative indépendance jusqu'en 1552 où Henri II, roi de France s'en empare avec la plus grande partie du pays messin, avec l'autorisation des princes allemands luthériens, et contre la volonté des ducs lorrains.
Les ducs de Lorraine prennent et perdent à plusieurs reprises Toul et Verdun, où ils parviennent à contrôler les biens temporels des évêques jusqu'à l'avènement de Henri IV, qui soumettra les évêques au serment de fidélité et confirmera le primat juridique du royaume de France au détriment de celui de l'Empire. Les villes protégées deviendront ainsi villes sujettes. Louis XIII créera un parlement à Metz (1633) et imposera la gabelle aux évêchés. La paix de Westphalie (1648) consacrera les droits de la France sur la ville de Metz.
Pour en revenir aux Protestants en Lorraine, je ne saurais trop vous recommander ce site :
L'histoire du protestantisme en Lorraine (site de l'Église Réformée de France à Nancy, Toul, Pont-à-Mousson)