Atlantéen a écrit :
Citer :
vous verrez que je ne conteste pas les lois persécutrices mais les actes de violence collectifs des chrétiens à l'encontre des païens, présentés comme monnaie courante et ordinaire à la fin de l'empire romain.
Pourtant les persécutions de philosophes comme Hiéroclès, Hypatia ou Maxime d'Ephèse ne sont pas vraiment discutés...Les massacres de prètres paiens, notamment en Egypte ne sont pas un fantasme quand à la destruction massive de temples et de statues, il en va de même. :
J'ai souligné moi-même en gras. Vous me citeriez encore une centaine d'exemples de personnages massacrés par des bandes de fanatiques, ça ne ferait pas de ces massacres la règle générale. Effectivement, personne ne conteste le meurtre d'Hypatie, ni d'Hiéroclès, ni de Maxime d'Ephèse : ce que je conteste, c'est de faire de leur cas une généralité. Pour Hypatia, la raison de sa mort est d'abord politique, à ce qu'il semble, c'est ce qu'expliquait Maurice Sartre dans un article de l'Histoire ("Hypatie : enquête sur une philosophe assassinée", n°306 février 2006) : comme son père avant elle, elle était un des potentats d'Alexandrie et s'est heurtée de front avec un autre personnage important de la même ville, le patriarche Cyrille, qui a trouvé plus simple de lancer contre elle les moines fanatiques qui lui servaient de bande armée. L'assassinat d'un rival par bandes armées n'est pas une invention chrétienne que je sache.
Ensuite, exemple contre exemple, je pourrais citer les massacres de chrétiens perpétrés par les païens, qui sont aussi une réalité historique, mais ce serait trop facile. D'après MacMullen, les massacres de chrétiens par les païens n'ont jamais eu l'ampleur que les chrétiens leur ont prêté : ils font partie de la consctruction d'une mythologie et d'une histoire chrétiennes qui ont eu besoin de leurs héros (les martyres) pour remplacer les héros de la mythologie païenne. Jusque là, rien de bien révolutionnaire, ni de scandaleux, c'est même assez logique.
Seulement, là où le bât blesse, c'est quand on considère que devenus chrétiens, les habitants de l'Empire romains seraient soudainement devenus plus violents que leurs ancêtre païens et auraient commis des massacres généralisés : j'appelle ça construire une "contre mythologie".
Quand l'Empire romain (j'entends le pouvoir politique) est devenu chrétien, il n'a pas changé de méthode de gouvernement pour autant : il a continué à edicter des lois persécutrices contre ses adversaires religieux, un point c'est tout.
D'autre part, MacMullen doute avec raison de la réelle portée de ces persécutions politiques à l'encontre des chrétiens, et de la possibilité de leur application à une grande échelle : pourquoi ne doute-t-il pas pareillement des celles à l'encontre des païens ? parce que le monde gréco-latin est finalement devenu majoritairement chrétien ? C'est faire peu de cas des conversions sincères et véritables, qui ont été celles du plus grand nombre.
J'ajoute que les persécutions n'ont pas permis l'éradication du paganisme, loin, très loin de là (et c'est encore MacMullen qui le démontre). Ce qui s'est passé, c'est que la religion chrétienne s'est laissée contaminer par le paganisme et qu'elle a été ainsi acceptée par la majorité de la population, parce que sans doute elle apportait un message spirituel que les gens ne trouvaient plus dans le paganisme : les préoccupations changent, c'est humain. mais le coeur humain est plus difficile à explorer que les faits.
Et pour les destructions d'idoles ou de temples, ce n'est pas non plus une règle générale : la plupart du temps, les anciens lieux de culte sont tombés en désuétude ou ont servi pour la nouvelle religion quand le lieu conservait une puissance sacrée suffisante. Par exemple le site de la cathédrale de Genève : les fouilles récentes (le site archéologique a ouvert il y a 6 mois au public) ont montré la permanence d'un lieu sacré exactement sous le choeur de la cathédrale actuelle. IL y a d'abord eu un tertre néolothique, puis la tombe d'un chef Allobroge avant de devenir une chapelle de culte pour deux martyres "locaux" (tout cela est toujours une affaire de localité, exactement comme les cités antiques avaient leurs héros locaux), et enfin le choeur de la cathédrale actuelle.
Atlantéen a écrit :
Ou alors parlez donc des raisons qui vous amènent à remettre des pans entiers de l'histoire en doute
Je pense avoir démontré que je ne mettais pas en doute des pans entiers de l'histoire, mais simplement que je m'efforçais d'être la plus honnête possible, au regard des connaissances dont nous disposons, et de ne pas porter de jugements hatifs. Je répugne au fanatisme et à l'aveuglement, quel qu'il soit. Si je me trompe, il faudra me le prouver.