Rhaaa, j'ai compris !
Voilà le modèle en terre cuite du IIIe av. qui a servit de référence à Maître Vieira pour son chariot.
Cependant, je persiste à ne pas y reconnaître la description d'Hippocrate.
Et Guillaume de Rubrouck, bien plus tard, apporte peut-être une explication. En effet, il décrit chez les nomades deux types de chars, un char d'habitation, vaste et ronde, et un ou plusieurs chariots annexes, quadrangulaires, dont la description ressemble furieusement au chariot en terre cuite.
Citer :
La maison où [les Tartares] dorment, ils l'édifient sur une base circulaire de baguettes tressées ; la charpente de la maison est faite de baguettes qui convergent au sommet en un orifice circulaire d'où sort un conduit analogue à une cheminée ; ils la couvrent de feutre blanc qu'ils enduisent assez fréquemment de chaux ou de terre blanche et de poudre d'os afin d'aviver l'éclat de sa blancheur. Parfois aussi, ils usent de feutre noir.
Le feutre qui entoure l'orifice supérieur est décoré de dessins d'une belle variété. Devant la porte ils suspendent de même une pièce de feutre ouvré, historié avec art. Ils cousent, feutre sur feutre, des motifs colorés qui représentent vignes, arbres, oiseaux et bêtes. Ces maisons, ils les font si vastes qu'elles atteignent parfois trente pieds de large [plus de 9m !]. Moi-même, une fois, j'en ai mesuré une : entre les ornières laissées par son chariot il y avait vingt pieds [environ 6m] et la maison posée sur le chariot dépassait bien de cinq pieds de chaque côté. J'ai compté, attelés à un même chariot, jusqu'à vingt-deux bœufs qui tiraient une maison : onze de front et onze autres devant eux. L'essieu du chariot était grand comme un mât de navire, et un seul homme était debout sur le chariot, devant le seuil de la maison, pour mener ces bœufs.
En outre, ils fabriquent avec de fines baguettes tressées des caisses quadrangulaires qui ont la taille d'un grand coffre, entièrement recouvert d'un couvercle bombé de même facture. Ils y pratiquent une petite ouverture à l'extrémité antérieure. Puis ils couvrent ce coffre - ou maisonnette - de feutre noir enduit de suif ou de lait de brebis pour le protéger de la pluie et l'ornent comme leurs maisons d'un décor par application ou de broderies multicolores. Dans ces coffres ils mettent tous leurs ustensiles et leur trésor. Ils les lient solidement sur des chariots élevés que tirent des chameaux et qui sont conçus pour passer les gués. Ils ne les descendent jamais des chariots. Lorsqu'ils arrêtent leurs maisons d'habitation, ils en orientent toujours la porte vers le sud, et, ensuite, ils placent les chariots à coffres de part et d'autre de la maison à un demi-jet de pierre ; de telle sorte que la maison se trouve entre deux rangs de chariots comme entre deux murs.
Les femmes se font faire de très beaux chariots que je ne pourrais vous décrire qu'avec une peinture ; bien plus, je voudrais vous les peindre tous, si je savais peindre ! Parmi les riches, un Moal ou Tartare a bien cent ou deux cents de ces chariots à coffres. Batou a vingt-six épouses ; chacune d'elles a une grande maison et, derrière celle-ci, quelques petites qui sont comme des chambres, où habitent les servantes. Et à chacune de ces maisons s'adjoignent bien deux cents chariots. Quand ils déposent leurs maisons, la première épouse installe sa cour à l'extrémité occidentale, et après elle chacune prend place selon son rang, si bien que la dernière épouse sera à l'extrémité orientale ; l'espace entre la cour d'une épouse et celle de la suivante sera d'un jet de pierre. La cour d'un seul riche Moal apparaîtra donc comme une grande ville, mais on y verra cependant très peu d'hommes.
Une seule femmelette mènera vingt à trente chars, car le sol est uni. On attache l'un derrière l'autre les chariots attelés de boeufs ou de chameaux ; la petite femme s'assiéra sur le premier chariot pour mener l'attelage et tous les autres suivront du même pas. Si on arrive à un passage difficile, on détache les chariots pour les faire passer séparément. Car on avance à pas lents, à l'allure d'un agneau ou d'un boeuf.
Ce qui traduit par une vue d'artiste, donne ça (il ne vous rappelle rien le petit chariot à la traîne ?):
La ressemblance est troublante, non ? De là à suggérer que les Scythes utilisaient eux aussi deux types de chariots, les mêmes que les Tartares quinze siècles (!!) plus tard dont ils partagent le mode de vie, il n'y a qu'un pas, que ma foi j'oserai franchir pour ma part ! En gardant bien sûr à l'esprit que la description de l'habitation est celle d'un "record", et que la majorité des autres sont de tailles bien plus modestes, tractables avec seulement une ou deux paires de boeufs.