Sur la seconde question : les mouvements de nationalisations-dénationationalisation:
Il est observé partout dans le monde, une croissance des Etats notamment par nationalisations à partir du début du XXème. La Compagnie des chemins de fer de l'ouest est nationalisée en 1908 mais c'est aussi le cas des chemins de fer aurtichiens du Nord (dits Lombards) et même aux Etats-Unis, le libéralisme quasi-total laisse place en 1906 à une commission (l’Interstate Commerce Commission) qui encadres les tarifs. Ces premières incursions de l'Etat producteur sont facilité par la faillite de l'Ouest ou par la détention preque uniquement étrangère des actions des chemins de fer du Nord et par de justes indemnisations.
Le principe des nationalisations figure dans le « programme de Belleville » de Gambetta, puis dans le manifeste du parti radicalde 1901, il a été préconisé par Charles Gide au conseil économique de la CGT en 1918 et retenu dans les projets socialistes. Mais Jaurès et Jules Guesde marquent des réserves face à l'Etat-patron. Léon Blum se dit hostile à « une expropriation révolutionnaire de certaines formes de propriété capitaliste » (déclaration au Sénat, 1 octobre 1936). Dans le programme du PCF des élections de 1936, il y a « la socialisation des moyens de production et de transport ».
Cependant, l’Etat a déjà gagné du terrain, il a pris en charge des activités commerciales et industrielles durant la guerre. Il est devenu banquier avec les chèques postaux (1918), la Caisse nationale du crédit agricole et la BFCE (1920), la Caisse centrale du crédit hôtelier (1923), Caisse Centrale et chambre syndicale des banques populaires (1929) et en recourant de plus en plus à la Caisse des Dépôts et Consignations. Il a hérité des services publics créés par les Allemands en Alsace-Lorraine.
Mars 1917 : réorganistaion complète du Crédit Populaire. 1932 : le Trséor prend 25 % d’Air France après les subventions versées à différentes compagnies appelées à fusionner. 1933, la CGT, au bord de la faillite est renflouée par l’Etat qui prend 83 % du capital. Le décret-loi de 1926 favorise la créationd es services municipaux à gestion publique alors que le Conseil d’Etat s’y était systématiquement opposé au XIXème siècle.
Avec le Front populaire, la première grande vague de nationalisation a lieu. Elle est bien connu (armement, chemins de fer, commerce du blé,
Celles de l'après-guerre : banques, assurances, énergie (électricité, gaz et charbon).... sont également bine connues. Elles sont en application du Programme du CNR du 15 mars 1944 :
Il faut organiser « le retour à la nation de tous les grands moyens de production monopolisés fruits du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurance et des grandes banques. »...« impliquant l’éviction des grandes féodalités financières de la direction de l’économie. »
Dans l’ample catalogue des entreprises nationales, on trouve désormais des établissements public au nombre desquels figurent pêle-meêle : Edf, GDF, Charbonnages de France, Aéroport de Paris, les ports autonomes, l’Offices céréales, la SEITA, la RTF (audiovisuel), la SNEP (presse), le BRGM (recherches minières), la régie Renault, les mines de Potasse d’Alsace… Il y a également des entreprises d’éconmie mixte à participation d’Etat comme l’agence Havas, la SNCf, la SNECMA, Air France, la Cie Nationale du Rhône, la Générale Transatlantique. Sans oublier, la Comédie française, l’Opéra, les établissements hospitaliers, les transports parisiens, l’imprimerie nationale et d’autres institutions hétérogènes qui font de l’Etat, un mineur, un transporteur, un entrepreneur de spectacles, un banquier, un assureur, un électricien, un journaliste, un médecin, un constructeur d’avions ou de voitures, toutes professions pour lesquelles il n’est pas nécessairement plus compétent, ni meilleur gestionnaire que les entrepreneurs privés. Il peut en revanche placer ainsi quelques amis.
Seule la dernière vague en 1981 semble anachronique, en tous cas, elle est spécifiquement française:
35 ans plus tard, la deuxième vague de nationalisation : Jean Le Guarrec, ministre du gouvernement Mauroy assure qu »une trentaine d’hommes concentrent tout le pouvoir économique entre leurs mains. » Les deux cent familles ne sont plus que trente ? Au programme commun de l’union de la gauche figure une nouvelle tranche de nationalisations. Mitterand entend « casser le processus de concentration capitaliste ». En, 1980 (Ici et maintenant), nous considérons comme indispensable le transfert à la collectivité publique des entreprises industrielles maitresses des services clefs de l’économie, soit qu’elles jouent le rôle d’un service public, soit qu’elles vivent de fonds publics, soit qu’elles exercent un monopole, soit qu’elles controlent les branches essentielles pour le développement de l’économie nationale. ». Et d’énumérer les secteurs visés : « les ressources du sous-sol, l’armement, l’industrie spatiale et aéronautique, l’industrie nucléaire et, dans leur plus grandes parties, l’industrie électronique et l’industrie chimique. De son côté, la puissance publique prendra des participations financières qui seront majoritaires dans la siderurgie et le pétrole et qui pourront l’être dans les transoprts maritimes, le traitement et la distribution des eaux, le financement des télécommunications, les concessions d’autoroute. » Il ajoute « la totalité su secteur bancaire et financier et notamment les banques d’affaires et les holdings financiers ainsi que les assurances, à l’exception des véritables mutuelles. » C’est pratiuement transférer à l’Etat, le contrôle de toute l’économie
Cet profond mouvement de nationalisation pas spécifiquement français peut trouver deux théories explicatives complémentaires:
- pour différentes raisons,le coût du capital pour l'Etat est dans cette période inférieur à celui du privé. (JJ Rosa, "Théorie économique de la nationalisation et de la privatisation". Finance, Vol. 9, 2/1988). Cette théorie se vérifie empiriquement dans tous les pays occidentaux.
- la théorie des coputs de transaction de Coase. Théorie au pouvoir explicatif très fort, elle est malheureusement ignorée dans les écoles et nombre d'universités françaises. dans son article The nature of the firm (1937), il expose pourquoi les entreprises existent : les coputs de transaction.
Lorsque ces derniers sont élevés, une structure centralisée est plus efficace car les coputs (essentiellement des coûts d'information) sont dépensés uniquement au sommet, les décisions sont ensuite transmise par voie hierarchique. Cette économie sur les coûts de transaction compense alors les coûts de structure.
Les coûts d'information sont particulièrement élevés au début du XXème siècle justifiant l'apparition d'entreprises géantes (Standard Oil, GM depuis la taille, en effectifs, des grandes entreprises a nettement diminué). Ils justifient aussi, la croissance des etats par nationalisation et le le planisme. Elle peut aussi justifier la taille des empire français ou anglais, maximum à cette époque. L'exemple extrème étant l'URSS où tout le pays doit être immense entreprise.
Depuis, les coûts de transaction ont baissé rendant plus compétitive l'économie de marché (par opposition à l'économie d'entreprise) ou des producteurs plus spécialisés échangent. Les grandes structures sont abandonnées au profit de nombreux acteurs pour qui l'économie des coûts de structure est supérieur aux coûts de transaction.
J'espère que cela pourra éclairer quelqu'un !
_________________ L'Etat n'est pas la solution, c'est le problème.
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