Le port extérieur d'une marque est en premier lieu une technique marketing. Une technique qui servait surtout sur les marchés banalisés. Un habit de créateur doit se reconnaitre à sa coupe, à son style. Hors, le vêtement de travail, puisque le jeans est au départ un vêtement de travail, fut l'un des premier secteurs ou on eut une distribution de masse. Des fabricants faisaient réaliser un grand nombre de pantalons et vestes qui étaient vendues à des colporteurs qui allaient ensuite les vendre dans les petites villes de l'Ouest. Or, quoi de plus anonyme et interchangeable qu'un pantalon de travail. Pour perdurer, il faut "personnaliser" le produit, lui apporter des plus. Ce sera les doubles coutures, la toile épaisse, les rivets ... Une fois que l'on a fait cela, le problème c'est que l'acheteur se voit proposer des articles similaires à des prix différents. On va donc marquer le produit. Le but c'est que monsieur X qui a été content de son pantalon va chercher à acheter le même. On met donc une marque (souvent au début à l'intérieur du vêtement), Mais dans un pantalon, on peut difficilement mettre un gros placard sans rendre le pantalon inconfortable. Sauf, si on la met à la ceinture. A l'intérieur, les coutures peuvent gratter, a l'extérieur,
sous la ceinture c'est assez discret et ça ne gène personne.
Mais dans un second temps, on s'est rendu compte que le port visible de la marque entraine de nouvelles ventes, le bouche à oreilles faisant la publicité. On a eu tendance à augmenter la taille des supports ou à mettre des étiquettes. Mais cela restait limité à certains secteurs. Ma mère ne m'aurait
jamais acheté un vêtement avec une étiquette marketing visible à l'extérieur. Dans les années 60, cela aurait été du plus mauvais gout et je me souviens de quelques personnes qui décollaient l'étiquette sur les jeans ...
Mais, dans les années 60-70, on voit une augmentation du prêt à porter et l'arrivée de diverses marques franchisées et non plus en boutiques. Rien ne ressemble plus à un T-shirt qu'un autre T-shirt, rien ne ressemble plus à un vêtement qu'un autre vêtement, surtout si la mode impose la coupe. Il fallait donc au fabricants de trouver une méthode pour différencier leurs produits. Des méthodes existaient, c'étaient des petites brodures sur les poches, les revers, la poitrine, des choses relativement discrètes.
Mais cela à aussi servi à valoriser la personne qui portait le produit. L'étiquette est devenus symbole de reconnaissance sociale : "J'ai un polo à la mode (comme presque tout le monde). Mais, moi, j'ai les moyens de me payer un ..."
Après, avec un marketing un peu plus envahissant, cela a pris de l'ampleur et maintenant, c'est devenu un signe d'appartenance à un groupe chez les adolescents. Ne pas porter la bonne marque dans un endroit et vous risquer de ne pouvoir établir aucune communication avec d'autres personnes. La marque sert à dire: "J'aime telle musique, j'aime tel musicien, je fais partie de la grande famille des ..."
Je suis d'origine italienne, et je vais assez souvent dans ce pays. Je fus étonné en y allant avec des ados que ceux-ci ne savaient plus comment se comporter : les marques ne désignent pas les mêmes groupes sociaux ... Dans une grande ville italienne, une des boutiques les plus en vue proposait ainsi des produits qui en France sont souvent portés par les jeunes des cités et malgré des soldes très avantageuses, aucun des 2 ados qui m'accompagnaient n'a voulu en acheter. Il n'aurait pas pu le porter en France quand il sortait avec ces copains. Quand ils demandèrent ou ils pouvaient se procurer la marque qui leur intéressaient, le vendeur leur fit comprendre que ce n'était pas IN...<