Et puisque l'on est aux images. Quand on regarde le tardigrade, on peut le voir de 2 manières :
jibus a écrit :
lgda a écrit :
jibus a écrit :
en résumé, ce que ca dit c'est que, de manière générale, le darwinisme se base sur le fait que les êtres vivants sont généralement adaptes a leur environnement de manière suffisante, mais sans excès.
Eh bien, j'y lis la preuve que ceux qui ont pondu cet article n'ont rien compris à la sélection naturelle...
pourrais tu expliciter?
lgda a écrit :
qu'ils feraient mieux de s'intéresser à la conquête aérospatiale à la mode soviétique !
PS : Il y a une vie en dehors de Wintel !!
euh.. tu pourrais expliciter ca aussi??
'jib
Salut !
Tu me demande dans l'ordre de:
- expliquer ce qui me permet d'affirmer que ceux qui ont déblatéré sur le tardigrade n'ont rien compris à l'évolution
- expliquer ce que les Russes, Microsoft et Intel ont à voir avec les tardigrades et l'évolution
Bien qu'il soit de notoriété publique que je suis totalement dépourvu d'esprit de contradiction, je vais répondre à ces questions dans l'ordre inverse...
Et je vais y répondre en parlant d'autre chose !
Les hélicoptères américains ont la réputation d'être performants et hi-tech. Mais ils ont aussi la réputation de demander une maintenance élevée. Et de connaitre parfois des accidents malheureux...
Par exemple, il arrive parfois que les hélicos américains connaissent des givrages de la tête du rotor, ce qui est assez regrettable lorsqu'on sait que ça donne à la gravitation la possibilité de prouver son action verticalement orientée vers le sol pour tout mobile qui ne repose pas (encore) sur un support stable !
Les Américains ont donc installé sur leurs hélicos des systèmes de dégivrage aussi couteux que perfectionnés.
Quant à eux, les Russes ont préféré installer les turbines un peu plus en avant de manière à permettre de dévier le souffle à la sortie de la turbine vers la tête de rotor. Prise dans ce flux de gaz d'échappement brûlants, le rotor ne gèle jamais. Simple, efficace et "gratuit" (les gaz d'échappement sont toujours à disposition et au lieu de les envoyer simplement dans l'atmosphère, on leur demande "juste" de réchauffer le rotor au passage)
Les hélicos américains ont des turbines particulièrement perfectionnées et pour en tirer le maximum de puissance, il faut les contrôler au moyen de capteurs très sensibles et très perfectionnés. Ce qui permet d'avoir des hélicoptères très puissants mais aussi très couteux à l'achat et demandant une maintenance soignée par un personnel très qualifié.
Les Russes, quant à eux utilisent simplement deux bouts de fil métallique qu'ils placent en travers de la turbine...
Pour contrôler le fonctionnement de la turbine, ils placent des couples de fils métalliques à divers endroits de la turbine. Et tout le monde sait que lorsqu'on tresse ensemble deux fils métalliques de métaux différents, on obtient un thermocouple qui produira un courant électrique proportionnel à la chaleur captée.
C'est donc à l'aide du thermomètre à très haute température le plus basique qui soit (c'est à dire, le plus sûr, le plus simple, le plus stable) qu'on contrôle la puissance d'une turbine russe. C'est clair que par rapport à la turbine US, on ne va pas chercher les derniers pourcents de puissance disponible !
Mais le coût d'exploitation de ces pourcents est très élevé, cela exige plus de maintenance, plus de personnel qualifié, plus de mécanique et d'électronique complexe et couteuse...
Idem lors des vols spatiaux, les Américains se sont rendus compte que les stylo-bille ne fonctionnaient pas en microgravité (l'encre ne s'écoule plus dans le tube) Ils ont donc dépensé plusieurs millions $ pour développer des cartouches de stylos sous pression, ce qui les a contraint à prévoir un système de piston pour éviter la fuite du gaz à travers l'encre mais également des encres à la fluidité bien maitrisée pour que l'encre ne s'échappe pas du stylo sous pression!
Les Russes ont pris dans l'espace des crayons en graphite...
Tous ces exemples sont connus de tous les ingénieurs, on les raconte dans les congrès pour provoquer un choc psychologique, pour forcer l'esprit à ne pas toujours chercher les solutions complexes mais pour au contraire rechercher la simplicité et la fiabilité.
Dans le cas du givrage, déplacer les turbines pour que leur sortie d'échappement réchauffe le rotor déplace le centre de gravité de l'hélico vers l'avant, il faut donc compenser en déplaçant d'autres masses pour rétablir l'équilibre mais ces gaz d'échappement sont également corrosifs à cause de la température et de leur composition, il faut donc prêter attention aux pièces constitutives du rotor et adapter les règles de maintenance. Mais toutes ces études n'ont lieu qu'une fois et ensuite la situation est maitrisée. Alors que dans le cas d'un système de dégivrage, c'est toute la vie économique de l'hélico qui en fait les frais...
Être ingénieux ne s'improvise pas mais ça paie !!
Dans le cas des thermocouples de turbine, c'est aussi une recherche de fiabilité et de simplicité qui se révèle à long terme payante, certes au prix d'une très légère perte de puissance. Dans le cas des stylos-bille, la grosse dizaine de millions dépensé aurait pu être investie ailleurs puisque ces stylos sont virtuellement impossible à rentabiliser ailleurs qu'en orbite...
Certes, une cartouche sous pression permet (comme le montrait une vieille pub télé) d'écrire sans peine au plafond ou sous l'eau mais qui a déjà gribouillé une feuille de papier collée au plafond ?
On peut ensuite se vanter d'avoir réussi le tour de force d'avoir développé un objet hi-tech mais à quoi bon ?
C'est ce que j'appelle le syndrome Wintel puisque ces deux entreprises sont "spécialisées" dans le développement d'usines à gaz qui font tout y compris le café mais au prix d'une complexité difficile à maitriser et au prix d'un manque de fiabilité notoire !
Vous vous extasiez sur les tardigrades en réagissant comme des ingénieurs Microsoft: pour que cet animal résiste à autant de contraintes, vous imaginez le nombre de "modules" et "fonctions" à implémenter pour obtenir un résultat équivalent et vous concluez "naturellement" qu'un tel animal doit "forcément" posséder des capacités extraordinaires pour intégrer une telle complexité dans un aussi petit corps !!
Et vous avez tout faux...
Par contre, en analysant le tardigrade d'un oeil plus "russe", on constate que cet animal n'est en fait qu'un superconcentré de simplicité et de rusticité...
Et comme on le remarque en comparant une Ferrari F1 avec un tracteur agricole, la rusticité est beaucoup plus facile à faire que le fin du fin de la performance.
La seule chose phénoménale chez le tardigrade est sa rusticité, sa robustesse et sa simplicité. Il n'est pas un animal qui s'est développé, spécialisé de manière à être capable d'affronter des environnements très différents, il est un animal très rudimentaire, sans aucune sophistication et c'est parce qu'il est si rustique qu'il résiste à presque tout !
C'est un peu le Lego DUPLO de la création, on ne peut pas faire grand chose avec mais il est hypersolide !
C'est clair qu'avec la gamme Lego Expert, on peut faire beaucoup plus de choses qu'avec les DUPLO mais au prix d'une plus grande fragilité...
Vu sous cet angle, tout devient clair: le tardigrade est "vivant", actif, mobile lorsqu'il se trouve dans de l'eau liquide, il en absorbe jusqu'à ce que l'eau forme 85% de son poids total. Mais son métabolisme est si basique qu'il peut expulser 97% de cette eau pour entrer en cryptobiose.
Dans cette situation, son corps contient 3% d'eau.
Or, en cas de gel, qu'est ce qui provoque les dégâts aux cellules ?
Ce qui détruit les cellules, c'est la formation de cristaux de glace à l'intérieur des cellules, lesquels cristaux percent et détruisent les parois cellulaires. Mais comme le tardigrade ne contient presque pas d'eau, ses cellules ne peuvent pas être endommagées !
Ce n'est donc pas grâce à une sophistication extrême que le tardigrade est protégé du froid mais par sa rusticité.
Idem pour la résistance au chaud: ce qui endommage les cellules, c'est la vaporisation de l'eau et la destruction des longues molécules complexes. Sans eau, sans longues molécules complexes, pas de dégâts...
C'est ainsi que le tardigrade résiste à des températures élevées.
Idem pour la pression, il est si petit que la pression n'a que peu d'influence sur son métabolisme.
Et comme le décrit un site éducatif, le tardigrade n'est pas un animal capable de vivre des situations extrêmes (les extrêmophiles sont des êtres vivants qui sont capables de vivre dans des conditions fatales pour tout autre être vivant comme par exemple les micro-organismes hyperthermophiles des fumeurs noirs, sources thermales des fissures du plancher océanique ou règne des températures d'environ 90° à 110°), il est "seulement" capable de survivre à ces situations extrêmes en entrant en cryptobiose. C'est à dire en expulsant l'eau de ses cellules pour la remplacer par un sucre. Dans ces conditions, le métabolisme est pratiquement stoppé.
C'est ce quasi arrêt des fonctions vitales qui lui permet de survivre à presque tout.
Sa résistance n'est donc pas un indice de grande sophistication mais une preuve de grande rudimentarité.
Il est une sorte de fossile vivant car formé avec les briques les plus élémentaires de la vie, il a pu traverser les âges sans qu'un quelconque animal supérieur puisse lui contester sa niche écologique pour la simple raison que tout animal supérieur est plus complexe que lui, or seul un animal plus rustique que le tardigrade pourrait entre en compétition avec lui.
Mais qu'est ce qui est moins complexe que l'élément le moins complexe d'un ensemble ?