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Message Publié : 24 Mars 2008 16:49 
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Plutarque
Plutarque

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"sans l appui des Berberes Rome aurait ete ecrasee aussi bien en Italie qu a la plaine de Zama.C etait la cavalerie numide qui sauva les Romains d une defaite."

Que pensez-vous de cette assertion?

Les romains aurait-ils pu gagner la deuxième guerre punique sans l'alliance des berbères de Massinissa?


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Message Publié : 24 Mars 2008 18:06 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Bof, ce n'est pas leur appui qui assura à Hannibal une victoire définitive contre Rome apres la cuisante défaite de Cannes ... lol

Je crois fermement que, au delà de tout soutient tactique précieux, qu'il soit des Numides ou d'autres, c'est la surtout la qualité des chefs et des troupes romaines ainsi que l'éfficacité de leur système qui leur assura le succès durant des siècles.

Le reste, tout le reste, c'est de l'auxiliaire ... au sens propre et figuré ;)

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Message Publié : 25 Mars 2008 9:34 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Inscription : 18 Fév 2004 22:53
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Rome n'a pas eu besoin des Numides pour redresser la situation et se mettre en position de gagner la guerre. Cela dit, la défection des Numides fut le coup de grâce pour Carthage. Sans cela, la défaite carthaginoise n'aurait peut-être pas été aussi écrasante. Si l'on en croit Giovanni Brizzi (Le guerrier de l'Antiquité classique), à Zama, ce fut encore Hannibal qui domina son adversaire et qui détermina le déroulement de la bataille: c'est bien la supériorité de la cavalerie romaine, dans laquelle les Numides jouèrent un rôle clef, qui sauva la bataille. On peut donc raisonnablement penser que, sans la défection des Numides, une Rome épuisée par 20 ans de conflit et sans perspective de victoire en Afrique (il y a Hannibal et le souvenir de Regulus) aurait finalement accordé à Carthage une paix dure (notamment perte inévitable de l'Espagne) mais bien plus modérée que celle qui brisa définitivement la puissance punique.


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Message Publié : 25 Mars 2008 14:32 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 17 Mars 2004 23:16
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Effectivement, Rome n'a pas eu besoin de la cavalerie numide pour vaincre les forces carthaginoises en Espagne ou encore en Sicile et Italie (qu'on songe à la reprise de Syracuse et de Naples, et à la bataille du Métaure).

A contrario, Hannibal semble avoir fortement eu besoin de disposer d'une supériorité de cavalerie pour développer ses tactiques. Toutes ses grandes victoires ont été bâties sur un schéma faisant jouer un rôle décisif à la cavalerie.
Pourquoi ? Certainement parce que son infanterie était disparate, plutôt légère, et n'était donc pas son point fort. Il avait besoin d'un dispositif intégrant une cavalerie nombreuse et puissante pour compenser les faiblesses de son infanterie.

Les romains n'avaient donc pas forcément besoin de la cavalerie numide pour l'emporter.

En revanche, pour maximiser ses chances de vaincre un génie tactique comme Hannibal, tout commandant romain quel qu'il soit avait un intérêt évident à détacher d'Hannibal et de Carthage la Numidie, grand pourvoyeur de cavalerie.
Et c'était tout particulièrement vrai de Scipion l'africain puisque le Sénat romain, poussé à cette position du fait de l'opposition des Fabii, avait refusé à Scipion les moyens qu'il demandait pour son expédition d'Afrique et que Scipion s'était trouvé obligé de demander la contribution des alliés italiens et siciliens.

Dans le déroulement de la bataille de Zama tel qu'on peut le reconstituer, il apparaît clairement que Hannibal a réussi, par d'habiles manoeuvres, à imposer à Scipion le type d'engagement qu'il (Hannibal) souhaitait. Son plan consistait à éloigner par ruse (fuite simulée de la cavalerie punique) la cavalerie ennemie supérieure loin du champ de bataille pour livrer un combat d'infanteries. Les puniques disposaient en effet d'une nette supériorité numérique sur les romains.

Il n'est cependant pas permis d'affirmer que les romains auraient été vaincus si leur cavalerie avait davantage tardé à revenir sur le champ de bataille. Bien que mise à rude épreuve, l'infanterie romaine tenait bon. Ce sont les carthaginois qui avaient subi, de loin, les plus lourdes pertes avant le retour de la cavalerie romano-numide.
Et cela s'explique aussi grâce aux réformes tactiques opérées par Scipion. Scipion a rendu l'armée romaine beaucoup plus souple et mobile, tout en continuant à la faire bénéficier de la cohérence et de la qualité de l'équipement des légionnaires romains. En plus, il avait des vétérans aguerris, alors qu'en 218/216, Rome manquait de vétérans aguerris.
Les romains étaient devenus capables de remporter de grandes victoires même en souffrant d'une infériorité en matière de cavalerie.


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Message Publié : 25 Mars 2008 15:08 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 11 Juin 2007 19:48
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Il faut bien relativiser aussi le rôle des Numides sur un champ de bataille. Leurs forces, c’est leur mobilité, ils excellent dans le harcèlement, les coups de main, bref, la « petite guerre ». Mais dans les batailles en ligne, leur rôle est bien plus ténu : ainsi à Cannes, leur rôle fut uniquement d’immobiliser le gros des forces de cavalerie romaine, puis de poursuivre. Ils n’ont pas été le fer de lance de la victoire, leur valeur s’est révélée dans l’exploitation (poursuite, occupation des voies de communication, encerclement et reddition des camps romains), pas avant.

Par ailleurs, le ralliement des Numides à Rome n’a jamais été unanime, loin de là. Même à Zama, les Africains combattent dans les deux camps. Leur politique est surtout locale et motivée par des luttes entre royaumes numides plus que par un intérêt envers Rome ou Carthage. Les petits jeux de Massinissa et de Syphax s’expliquent bien mieux par leurs petites querelles intestines plutôt que par un quelconque intérêt pour les Romains ou les Carthaginois, l’essentiel étant d’être dans le camp où le voisin n’est pas, d’où ces sempiternelles revirement d’alliance des Numides, alliés peu fiables par excellence…

Et globalement, la politique numide de Scipion fut un échec qui aurait pu coûter cher à Rome, puisque le roi de loin le plus puissant, Syphax, s’engagea alors pleinement du côté punique alors que jusqu’à présent il se montrait d’une neutralité favorable à Rome. Il ne restait aux Romains que l’alliance du faible Massinissa qui ne tarda pas à être dépossédé de son royaume. Il faut attendre le débarquement romain, l’incendie mortel du camp de Syphax puis la défaite des Grandes Plaines pour voir la situation se renverser en Numidie, Massinissa reconquérant son royaume et chassant à son tour Syphax et offrant alors seulement une supériorité en cavalerie à ses bienfaiteurs romains qui lui ont offert un royaume sur un plateau d’argent.

Division, opportunisme… Ce ne furent « que » des alliés, valeureux certes, mais peu sûrs pour chacun des deux camps. La création d’un gros royaume numide avec Massinissa à sa tête, qui doit son pouvoir aux Romains, ce dont il est conscient et reconnaissant, est postérieur aux défaites puniques. Ensuite, il a certes participé et profité de la curée, mais le gros, le très gros est fait.


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Message Publié : 25 Mars 2008 19:37 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 17 Mars 2004 23:16
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Je suis bien d'accord avec vous qu'il ne faut pas donner aux numides plus d'importance qu'ils n'en ont réellement eu. Tel était le sens de mon précédent message.

Cependant, je ne crois pas qu'on puisse limiter l'action de la cavalerie à Cannes, à un rôle d'immobilisation et de poursuite.
Sauf erreur de ma part, c'est bien la cavalerie d'Hannibal qui a refermé le dernier côté de la nasse dans laquelle Hannibal avait décidé d'enfermer et d'anéantir l'armée romaine à Cannes.
L'infanterie punique attaquait l'armée romaine de face et sur les 2 flancs après avoir fait mine de céder au centre. Et la cavalerie punique est revenue pour attaquer les romains de dos.

Pour ce qui est de la politique numide de Scipion, tout dépend ce que vous entendez par succès et échec.
Que les romains aient réussi à miser sur les divisions entre factions et roitelets numides pour attirer à eux une partie des forces numides, c'était déjà ça de gagné. Certes, comme vous le relevez justement, la ralliement numide n'a été que très partiel avant Zama.
Mais c'était déjà un appoint précieux. Ne serait-ce que parce que ça permettait de tenter de fixer une partie des forces numides fidèles à Carthage.
C'était peut-être un petit gain pour les romains mais c'était un gain incontestable.

Sur votre dernier paragraphe, vous avez évidemment raison, mais là encore, ce n'était pas une surprise pour les romains ni pour les carthaginois. A chaque jour suffisait sa peine. Que les numides estiment les chances de X ou Y suffisantes pour leur rester fidèle pendant une durée indéterminée et mobliser un contingent au bénéfice de X ou Y en vue de combats, c'était ça l'essentiel. Ils savaient que leurs alliés risquaient de faire défection si le rapport de force se dégradait pour eux.
Romains et carthaginois prenaient ce que les numides étaient prêts à leur donner : les alliés qui volent au secours de la victoire et dont la fidélité se raffermit une fois la victoire acquise, c'est un grand classique de l'histoire humaine.


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Message Publié : 25 Mars 2008 21:03 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 11 Juin 2007 19:48
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Caesar Scipio a écrit :
Cependant, je ne crois pas qu'on puisse limiter l'action de la cavalerie à Cannes, à un rôle d'immobilisation et de poursuite.
Sauf erreur de ma part, c'est bien la cavalerie d'Hannibal qui a refermé le dernier côté de la nasse dans laquelle Hannibal avait décidé d'enfermer et d'anéantir l'armée romaine à Cannes.

Oui, ce fut bien l'action de la cavalerie d'Hannibal, mais pas de ses Numides. Ce sont les Ibères et les Gaulois de l'aile gauche, menés par Hasdrubal, qui vont percer le front, puis dégager les Numides à l'aile droite en prenant les cavaliers alliés de dos, et enfin vont revenir s'en prendre à l'infanterie romaine sur leurs arrières. Les Numides ne participent pas à l'encerclement, mais se mettent immédiatement en chasse, d'un part pour em^pecher un éventuel ralliement de la cavalerie romaine, d'autre part pour capturé le maximum d'élites municipales italiennes, dans le cadre de la nouvelle politique d'Hannibal ; de même, sans l'aide de Hasdrubal, ils n'auraient sans doute pas percer les lignes de cavalerie mieux armées, car une colline protégeait le flanc romain empêchant les Numides de les envelopper, et pour un combat front contre front, les Numides sont désavantagés, sans autres armes qu'un petit bouclier rond et des javelots face aux Italiens avec lance, épée, cuirasse et bouclier lourd.

Caesar Scipio a écrit :
Pour ce qui est de la politique numide de Scipion, tout dépend ce que vous entendez par succès et échec.

Je faisais référence à la fameuse entrevue entre Scipion, Hasdrubal (encore un) auprès de Syphax. Alors que jusqu'à présent Syphax jouait la neutralité, profitant même des flatteries romaines pour organiser une armée moderne "à la romaine" avec des instructeurs envoyés par Scipion, à la fin de la conférence, Syphax aura choisi le camp carthaginois. C'est un très grave échec diplomatique, les Romains ont bon dos de le mettre sur le compte de la belle Sophonisbe. Le seul allié qu'il lui reste alors est Massinissa, qu'il a corrompu en Espagne. Mais ce dernier n'est rien à cette date (en 205) qu'un petit prince en exil, dont le royaume est aux mains de Syphax. Pas grand monde ne devait alors parier un denier sur son avenir ! Il faut les victoires romaines sur les Numides pour que Massinissa retrouve son royaume et plus encore, et fournisse enfin aux Romains une aide importante. Jusque là, il n'est accompagné que d'une poignée de fidèles, peu nombreux mais très expérimentés, qui avaient fait campagne en Espagne d'abord dans les rangs carthaginois, puis dans l'armée de Scipion; ils contribuèrent activement aux victoires romaines sur Syphax et les Carthaginois, je suis tout-à-fait d'accord, c'est une aide précieuse pour les Romains par leur connaissance du terrain, leur valeur, et leur mobilité; mais ce n'est qu'un petit groupe de mercenaire. Comme tu le dis, c'est un appoint, qui facilite grandement les offensives romaines, mais ils s'en seraient aussi sortis sans lui.

Loin de moi de diminuer les mérites des Numides dans cette guerre, leurs exploits dans un camp ou dans l'autre sont légendaires. Mais il ne faut pas surestimer a posteriori leur importance dans cette guerre gigantesque, en se faisant aveugler par le faste et la propagande de Massinissa et de ses successeurs. Je crois qu'on est bien d'accord là-dessus.


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Message Publié : 26 Mars 2008 12:35 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

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Pour appuyer mes propos par une citation, ce que je n'ai pas fait dans mon dernier post:
Polybe, III.116-117, concernant les Numides à la bataille de Cannes:
116 […]Les Numides de l'aile droite, opposés à la cavalerie romaine de l'aile gauche, n'eurent ni à agir ni à souffrir beaucoup, en raison de leur manière de combattre ; néanmoins, en fondant de tous côtés sur leurs adversaires, ils les tinrent occupés et les mirent dans l'impossibilité d'intervenir. Mais quand Hasdrubal, après avoir massacré à l'aile gauche presque tous les cavaliers romains rangés le long du fleuve, vint renforcer les Numides, la cavalerie auxiliaire lâcha pied et s'enfuit sans attendre leur approche. En cette occurrence, Hasdrubal donna une grande preuve d'intelligence et d'habileté : comme les Numides étaient en nombre et qu'ils sont surtout à craindre pour des ennemis qui ont commencé à plier, parce que c'est alors que leur tactique est le plus efficace, il leur confia la mission de poursuivre les fuyards, tandis qu'il se portait avec ses propres troupes au secours de l'infanterie africaine. […]Pendant qu'avaient lieu cette mêlée et ce carnage, les cavaliers en déroute étaient poursuivis par les Numides : la plupart d'entre eux furent tués, d'autres jetés à bas de leurs chevaux ; quelques-uns se réfugièrent à Venouse ; parmi eux se trouvait le consul Térentius Varron, qui couronna par cette fuite honteuse son commandement si funeste à sa patrie.
117. […]Le même sort
[être faits prisonniers] était réservé aux cavaliers qui s'étaient réfugiés, au nombre d'environ deux mille, dans les forteresses répandues par tout le pays : les Numides emportèrent d'assaut leurs refuges et les emmenèrent en captivité.

Plutôt que de mettre l'accent sur ce qu'ils n'ont pas fait, je leur rendrai sans doute davantage justice en ne mettant non pas l’accent sur ce qu’ils ne sont pas, mais en listant leurs qualités.

- ce sont d'excellents éclaireurs (sur le Rhône, lors de la prise de Tarente, etc.)
- ils exploitent comme nuls autres une victoire, occupant les points stratégiques (les ponts sur la Trébie par exemple), isolant et capturant l'ennemi dispersé et démoralisé (Cannes), enveloppant parfois des corps très importants (comme les 4000 cavaliers de Centenius en 217)
- ce sont des maîtres en pillages, razziant une région avec rapidité, efficacité (et férocité ?)
- ils excellent dans les embuscades, à petite ou grande échelle, souvent en partenariat avec des javeliniers libyens ou numides (les fameux lonchophoroi de Polybe, très improprement traduit "lanciers" ou "piquiers" alors qu'il s'agit d'infanterie légère, qui combattent avec les Baléares et s'opposent aux vélites ou aux jaculatores romains); ainsi à la Trébie en 218 avec Magon, contre Minucius en 217, etc. ou pour les coups de mains, les plus remarquables sont ceux provoquant la mort de Gracchus en 213 et la mort de Marcellus en 208.
- ils harcèlent et provoque l'ennemi à merveille, les poussant à commettre d'imprudentes sorties qui inévitablement s'achèvent en désastre (à la Trébie, ils provoquent les Romains qui engagent le combat le ventre vide, traversent le fleuve glacé en crue, et arrivent ainsi exsangue au combat, tandis que la cavalerie est épuisé de sa vaine poursuite et que l'infanterie légère romaine n'a plus de javelots...; la même tactique avait déjà marché lors de la première guerre punique avec Hannon. Leur endurance tant vantée et la légèreté de leur équipement leur permet de passer ensuite à l'attaque relativement dispos alors que l'adversaire plus lourdement armé est épuisé.
- accessoirement, lorsqu'ils disposent d'une large supériorité numérique sur leurs vis-à-vis et de suffisamment de place pour manœuvrer, ils peuvent au cours d'une bataille envelopper les ailes et harceler ensuite de flanc du centre adverse: c'est ce qu'ils firent contre Régulus en 255, au Tessin ou à la Trébie. Mais Hannibal préfèrera les employer différemment à la rencontre suivante, nous l'avons vu (la bataille de la Trébie est très intéressante, car elle figure véritablement une répétition de Cannes; Hannibal découvre pour la première fois l'armée romaine, tirera les leçons de sa victoire pour se perfectionner à Cannes, c'est assez fascinant la vitesse avec laquelle il saura percer les faiblesses de son adversaire et exploiter au mieux les qualités de ses propres hommes)
- plus étonnamment, ce sont aussi les sapeurs de l'armée d'Hannibal. Ainsi, au siège de Sagonte, ce sont les Numides qui sapent les murailles; lors de la traversée des Alpes, ce sont les Numides toujours qui sont en éclaireurs et façonnent un chemin praticable pour le reste de l'armée.

Lorsqu'ils sont bien encadrés par des officiers carthaginois (Hannon, Maharbal, Carthalon) ou indigènes (Massinissa, Muttinès, Naravas), un petit corps de cavalerie peut paralyser à lui seul une région entière (Naravas dans la guerre des Mercenaires, Massinissa en Espagne dans l'un puis l'autre camp, Muttinès en Sicile).
Au final, les Numides sont une cavalerie légère sans équivalente en Méditerranée occidentale (à l'exception peut-être des Lusitaniens, mais ces derniers "s'exportent" peu...).
Mais il ne sont que ça, un corps d'armée spécialisé, et c'est déjà beaucoup.

Quant au rôle des Etats numides (et non plus des seuls mercenaires, au sens propre ou à titre d'allié), ils représentent pour Carthage tantôt des alliés fournissant mercenaires, éléphants (mais il semble qu'il faut attendre Massinissa, qui héritera des écuries d'éléphants carthaginoises, pour que les roitelets locaux commencent à employer les éléphants; il me semble même que la chasse aux éléphants sur les terres numides est l'apanage des Carthaginois, comme le montre les grandes chasses d'Hasdrubal, sans doute le neveu d'Hamilcar) et éventuellement tributs, tantôt une nuisance dont la portée est difficilement mesurable, puisque nous ne connaissons les guerres numides que lorsque les Romains sont concernés, c'est à dire après 206/5. Cependant, quelques échos diffus transparaissent dans la Guerre des Mercenaires, qui laisse entendre que les opérations en Afrique lors de la première Guerre Punique furent au moins aussi importantes qu'en Sicile, du moins pour les dernières années.


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Message Publié : 12 Avr 2008 7:55 
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La suite du sujet concernant exclusivement la bataille de Zama, a été divisée, voir ici

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Message Publié : 06 Avr 2010 10:49 
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Pierre de L'Estoile
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Je poursuis ici un échange entamé là-bas.

Montou a écrit :
j'ai parcouru ces livres plus un article sur la cavalerie pendant les guerres puniques dans la revue citée. Il n'y a pas la moindre référence à une position arrière des Numides. Ils montaient à cru, et plus étonnant, sans bride et mors, avec une simple lanière en cuir autour du cou du cheval. Le contôle se faisait par les jambes et à la voix. Le seul "indice" est une remarque dans l'article, les auteurs antiques trouvaient leur position disgracieuse. Mais cela peut venir du petit gabarit des chevaux, l'image de la colonne trajane montre bien ces jambes qui pendent, peu esthétiques. Dans l'article il y a d'autres illustrations qui les montrent assis "normalement", d'ailleurs, en regardant bien, sur l'image de la colonne, il n'est pas aussi en arrière que cela (comparé aux cavaliers akkadiens et égyptiens). Quant au combat, armés de javelots et avec seulement un bouclier léger comme protection, ils ne pouvaient servir comme arme de choc mais étaient utilisés pour la reconnaissance et surtout le harcèlement: attaque à distance, jet de javelots et demi-tour sans arriver au contact. J'ai trouvé seulement 2 ex de combat au contact,: le 1er au début de la 2e guerre punique, au cours d'une rencontre fortuite, ils ont laissé la cavalerie romaine arriver au contact et ont été défaits avec de lourdes pertes. La 2e, en 203, la cavalerie de Massinissa, allié des Romains, a chargé et mis en déroute la cavalerie lourde carthaginoise, qui était déjà démoralisée par des revers précédents. C'étaient donc d'excellents cavaliers légers, harcelant, dispersant et poursuivant la cavalerie adverse, comme un nuage de mouches, mais refusant le combat de près qui leur aurait été fatal!


Je rejoins tes remarques, avec cependant deux précisions.
Montou a écrit :
Ils montaient à cru, et plus étonnant, sans bride et mors, avec une simple lanière en cuir autour du cou du cheval. Le contôle se faisait par les jambes et à la voix.

Ainsi que, encore plus exotique et donc souvent rappelé par les antiques, avec une baguette souple avec laquelle ils tapotaient le crâne du cheval pour lui indiquer la direction. Par exemple Silius Italicus, I, 215-218 « là galopent librement les cavaliers numides, sur leurs chevaux sans rênes qu’ils font obéir avec une baguette souple, aussi efficace qu’un mors, et dont ils jouent entre les oreilles de leurs montures » ou Lucain, Pharsale, IV.682 : « La tribu des Massyles qui montent sur le dos nu du cheval, dirigent avec une légère baguette sa bouche qui ignore le frein. », mais j’aurai pu citer Gratius Faliscus, à la fin des Cynégétiques ; Claudien, Eloge de Stilichon, 1.260sq. ; Martial, Epigrammes, IX.23 ; Strabon, XVII.3.7, etc. C’est cette baguette qui me semble-t-il est représentée dans la main du cavalier de la mosaïque du IIIe.

Pour les deux combats que tu signales, avec corps à corps, je ne crois pas qu’ils fassent exception à leur tactique habituelle.
Pour le premier, cf. Polybe III.41-45 :
41. . . . (Publius Scipion) envoya en reconnaissance trois cents cavaliers choisis parmi les meilleurs, en leur adjoignant pour les guider et les appuyer, des mercenaires gaulois qui se trouvaient alors au service de Massalia. . . . . 44. . . . Le lendemain, apprenant que la flotte romaine se trouvait mouillée devant les bouches du Rhône, il envoya en reconnaissance cinq cents cavaliers numides afin de savoir où se trouvait l’armée ennemie, à quels effectifs elle se montait et ce qu’elle faisait. . . . 45. Lorsque l’assemblée se fut dispersée, on vit revenir les Numides envoyés en reconnaissance. La troupe avait perdu beaucoup de monde, et les rescapés avaient fui en désordre. A peu de distance du camp carthaginois, ils étaient tombés sur un parti de cavaliers romains, que Scipion avait chargé d’une mission analogue à la leur. Au cours de l’engagement qui s’ensuivit, les uns et les autres déployèrent un tel acharnement, que cent quarante cavaliers romains et gaulois furent tués, tandis que les Numides perdaient plus de deux cents des leurs. A la suite de ce combat, les Romains poursuivirent l’adversaire jusqu’à proximité du camp carthaginois, qu’ils observèrent avant de tourner bride pour se hâter d’informer leur général de la présence des ennemis.
Les manuscrits présentent quelques variations sur les effectifs et les pertes numides. Tite-Live (XXI.26 et 29) reprend le sujet en en rajoutant une couche sur l’acharnement du combat. Dans les faits, on ne sait pas dans quelle condition s’est déroulé le combat. Les deux armées sont d'effectifs à peu près similaires, peut-être même une supériorité romaine (avec leur mauvaise foi habituelle, il ignorent les effectifs massaliotes et gaulois, qui doivent être nombreux puisque selon TL, ils subissent la moitié des pertes à eux seuls). Les pertes romaines, lourdes, n’ont surement pas été faites au corps à corps, mais il faut sans doute imaginer que la tactique numide de refus du combat a été appliquée un certain temps, infligeant de lourdes pertes aux Romains, mais après un certain temps, les Romains et sans doute surtout leurs auxiliaires massaliotes et gaulois qui connaissent le terrain, ont du parvenir à les acculer (il faut beaucoup de place et un terrain dégagé pour ce genre de harcèlement). Une fois arrivé au contact, la situation se renverse, et les Numides se font massacrer. Bref, il n’y a pas eu de volonté numide de s’engager de front, pas d'exception visibles du moins.

Le second exemple est inspiré de Zama, où les Numides de Massinissa chargent leur vis-à-vis. Sauf que d’une part ce sont eux aussi des Numides, la cavalerie lourde punique est opposée à l’italienne sur l’autre aile. Ensuite et surtout, l’offensive de Massinissa est davantage une poursuite qu’en engagement de front, puisqu’il a mis à profit le désordre provoqué par la panique des éléphants qui déroutent à travers les rangs de la cavalerie numide au service de Carthage. Il n’a eu qu’à s’approcher pour contraindre l’adversaire à la fuite, d’autant que ces derniers n’étaient pas non plus équipés pour le corps à corps en plus d’avoir été déjà dispersés.

On a quelques belles descriptions de leur tactique dans Polybe, en particulier au livre I et au dans sa description de Cannes.


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