maharbal a écrit :
Et vous pensez sérieusement qu'Hannibal n'avait pas pris la mesure de toute les faiblesses de son armée ?
C'est précisément sur celles-ci qu'il a mis au point sa stratégie et je persiste à croire que c'est à une course à l'enveloppement que sont livrés Hannibal et Scipion au centre.
...
Il reste que la fraicheur et l'expérience des Vétérans (plus de 15 000 tout de même) ainsi que les restes des deux premières lignes (et ce sur ce sujet, je suis tout a fait d'accord avec G Brizzi sur le fait qu'il était prévu qu'ils viennent se replacer aux ailes de 3e ligne) laissait présager, au centre, une très mauvaise après midi pour l'armée romaine.
Pour conclure, je souscris tout a fait à la conclusion selon laquelle la réussite de l'équilibre stratégique punique se basait sur une condition assez hasardeuse à savoir le paramètre temps.
Je ne crois pas que Thersite doute qu'Hannibal avait pris la mesure des faiblesses de son armée.
Simplement, encore une fois, il faut absolument distinguer les plans et la capacité de réussir à les mettre en oeuvre avec succès.
Si vous m'autorisez cette fois la comparaison sportive, c'est comme en sport automobile. Vous pouvez prendre le meilleur pilote de formule 1. Si vous le mettez dans une voiture qui n'est pas au niveau, il faudra un concours de circonstances exceptionnelles pour qu'il remporte la course (pluie, erreurs des adversaires, ...etc).
Si en face la voiture concurrente est devenue nettement supérieure et que vous avez comme adversaire un pilote qui est aussi très talentueux, même s'il commet encore quelques erreurs de jeunesse, votre meilleur pilote de tous les temps n'a que très peu de chances.
Il peut toujours donner tout ce qu'il a dans la tête ou dans les tripes, la victoire ne dépend pas de lui seul mais des erreurs d'un adversaire foncièrement supérieur.
L'armée romaine réorganisée par Scipion était devenue foncièrement supérieure à l'armée punique.
La course à l'enveloppement que vous mentionnez, à aucun moment avant le retour de Laelius et Massinissa, les puniques n'ont réussi à la mettre en oeuvre de manière décisive lors de la bataille de Zama.
Vous comprenez que vous êtes dans le souhait plus que dans l'hypothèse vraisemblable. Vous dites que les restes de l'armée punique dans la dernière phase de la bataille, par leur fraicheur et leur expérience, "
laissaient présager" une bien mauvaise posture.
D'une part cela laisse une place bien trop grande au hasard.
D'autre part vous passez ainsi sous silence que les troupes romaines étaient elles composées de vétérans aguerris : ce n'étaient plus les bleus qui fonçaient droit devant et qui se faisaient surprendre à la Trébie, au Tessin ou à Cannes.
Et vous ignorez aussi le facteur psychologique chez les anciens vaincus de Cannes réengagés par Scipion et qui voulaient leur revanche pour regagner leur honneur.
Nous ne sommes donc pas très éloignés. Si ce n'est que je ne crois pas qu'Hannibal avait de fortes chances de réussir à mettre en oeuvre avec succès son plan simple et génial.
S'il y a un moment où il a loupé le coche, c'est le début.
Malgré l'éloignement réussi de la cavalerie ennemie, il n'a pas réussi à faire céder à temps l'infanterie romaine (alors même que Scipion a commis des erreurs tactiques, mais il faut dire qu'il savait désormais les manoeuvres lui permettant de rattraper ce genre de bourdes) alors qu'il avait pourtant une supériorité numérique.
Pourquoi n'a-t-il pas réussi à appliquer avec succès son plan pour la bataille d'infanterie et avait-il assez peu de chances d'y réussir ?
Primo parce que ses troupes étaient globalement moins bonnes qu'à Cannes et globalement moins bonnes que l'armée romaine à qui Scipion a su faire des progrès considérables.
Secundo parce qu'il avait en face de lui un général ennemi qui comprenait ses tactiques et savait grosso modo comment s'y adapter.
Tertio et accessoirement parce en plus de ces handicaps structurels, il n'a pas bénéficié d'un énorme coup de chance qui aurait permis de faire mentir les probabilités.