Au sujet de la conversion de Constantin, il y'a l'ouvrage de Paul Petit;
Histoire générale de l'Empire romain,
3. Le Bas-Empire (284-395), aux Points Seuil, Paris, 1974.
Dont voici des extaits du chapitre intitulé
B. L'empereur chrétien (31) consacré à la conversion de Constantin,
p. 58-67:
Citer :
Les modernes ont selon leurs idées et parfois leurs passions, interprété avec beaucoup d'ingéniosité, mais en des sens différents voire opposés, les faits assez imprécis que nous fournissent sur la conversion de Constantin les documents contemorains. Les textes essentiels sont ceux de Lactance et d' Eusèbe de Césarée pour les chrétiens, Les Panégyriques gaulois et Zozime (tardif mais dont la source principale, Eunape, est de qualité) pour les paîens. Les documents numismatiques, légendes et motifs figurés, procurent des jalons chronologiques, de même que l'épigraphie. Quant aux monuments tel l'arc romain de 315, chacun sait combien il est délicat d'interroger avec sûreté ces documents muets.
a) La conversion de Constantin (32). Constantin n'a pas vraiment connu comme Saint Paul son chemin de Damas, sa conversion a duré en fait de 312 à 324 environ et l'on a distingué plusieurs périodes dans son itinéraire spirituel (33). Avant tout, ce fut une âme passionée, perméable aux superstitions et aux croyances de son temps, qui en était riche. Si son ambition et ses luttes contre plusieurs compétiteurs sont des facteurs dont il faut tenir compte, il est impossible de le considérer comme un pur politique, qui se serait converti par interêt.
[...]ses sentiments religieux et ses goûts personnels le portent très vite vers un monothéisme qui répond mieux que le polythéisme à ses aspirations dynastiques.
[...]Jusqu'en 312, Sol Invictus est le patron exclusif de Constantin et les symboles solaires seront de loin les derniers à disparaître de ses monnaies.
Pourtant un changement irrécusable se produit dès 312, après la célèbre vision chrétienne au cours de la campagne contre Maxence, et plus précisément à la veille de la bataille du pont Milvius. [...] Durant la nuit qui précéda la bataille, il fut averti pendant son sommeil de faire marquer les boucliers du signe céleste...un X traversé de la lettre I infléchie vers son sommet (27] Quelle que soit la façon exacte dont on se représente ce signe céleste, croix monogrammatique, chrisme, formé des premières lettres, un Chi et un Rho, du mot Chrestos, il s'agissait là certainement d'un symbole chrétien et l'empereur en fut informé. En le faisant figurer sur le bouclier de ses hommes il a pu obéir à une triple intention: 1° utiliser un signe magique, une sorte de talisman bénéfique; 2°promettre en cas de victoire de reconnaître le dieu des chrétiens, c'est-à-dire en somme faire un voeu (suscipere votum) à la manière romaine; 3° pratiquer une evocatio, c'est-à-dire faire passer dans son camp ce dieu des chrétiens dont il conaissait l'influence sur une partie de la population romaine, et que Maxence avait cherché lui aussi à se concilier (38).
[...]L'influence des évêques fit peu à peu le reste et Constantin se sentit vraiment chrétien après sa victoire de 324 sur Licinius, et ses crimes de 326 (Crispus et Fausta), que seule pouvait pardonner l'infinie miséricorde du Christ (39). La plupart des auteurs récents estiment plus simplement que Constantin fut réellement converti par l'efficacité par l'efficacité du signe magique dès que les chrétiens le lui eurent expliqué et qu'au lendemain de sa victoire, sa conviction était solide, quoique peu éclairée.