1%, c'est un grand maximum, lorsque Rome ne comptait qu'environ 100 à 130000 citoyens, disons jusqu'au début du 4ème siècle.
Ce qu'il importe aussi de prendre en compte, dans votre démarche, c'est le caractère pyramidal des clientèles. Tout le monde n'était pas directement le client d'un noble. Un noble avait certes de petits clients, mais aussi des gros clients qui possédaient eux-mêmes leur réseau de clients, ...etc.
Il était également possible d'être le client de plusieurs patrons, si tout simplement vous aviez une dette de reconnaissance envers plusieurs citoyens puissants (par exemple obtenu une faveur de 2 magistrats).
Si je reviens à votre question, il est très difficile de donner un ratio parce qu'il n'est pas évident de définir le dénominateur. Quel dénominateur visez-vous ? Uniquement les citoyens ? Mais le problème est que c'est une population qui a fortement varié dans la période qui vous intéresse.
Et surtout, il y a des clients qui compte beaucoup plus que d'autres. Le capite censi, autrement dit le citoyen qui est tellement pauvre que, bien que représentant le plus grand nombre, il ne pèse rien politiquement (il ne vote jamais, est parqué dans les tribus urbaines) pèse beaucoup moins que l'étranger noble dont la petite cité a noué des liens d'hospitalité avec Rome et qui est lui-même lié par des liens d'amitié-clientèle avec telle ou telle très grande famille romaine (les Fabii, les Claudii, ...etc). Ce qui compte, la plèbe qui importe vraiment, c'est celle qui est riche et celle qui forme les armées de citoyens de la république (donc pas les miséreux).
S'agissant des types de plébéiens, il me semble que la seule distinction qui vaille est celle qui sépare les riches/nobles/respectables des autres. Sur quoi s'est fait le compromis de 367 ? Sur le fait que les premiers sont globalement tout aussi respectables que les patriciens, sur le fait que les plus puissants plébéiens sont bien plus riches et influents que la partie désargentée du patriciat, et que leur richesse et leur respectabilité leur donne qualité pour avoir l'égalité des droits politiques avec l'aristocratie patricienne.
Les termes visant les plébéiens soit sont objectifs (distinction de la plèbe urbaine et de la plèbe rurale), soit relèvent de l'invective politique ("la bonne plèbe" = celle qui me soutient ; "la mauvaise plèbe" = celle qui soutient des hommes politiques ou des projets auxquels je m'oppose).
Enfin et surtout, il est essentiel que vous compreniez que les plébéiens qui ont su imposer l'acceptation du compromis de 367 sont des romains d'origine étrangère. Autrement dit, ils n'étaient pas plébéiens parce que descendants de plébéiens romains. C'étaient des aristocrates originaires du reste de l'Italie, qui ont conclu alliance à titre personnel ou collectif avec Rome, qui ont été admis au nombre des citoyens romain à titre individuel ou collectif, mais qui ne se sont pas vu accorder la pleine égalité des droits politiques.
Les Marcii, les Licinii, les Popilii, les Sempronii, les Caecilii, les Domitii, étaient tous des nobles italiens, et non pas des marchands enrichis, comme les Claudii. Simplement, les Claudii sont arrivés à un moment tellement critique, où Rome était si faible, qu'ils ont été intégrés directement dans le patriciat alors que les autres, arrivés plus tard, n'ont pas été intégrés dans le patriciat. N'oubliez pas que les Marcii sont très vraisemblablement du même clan que le 4ème roi de Rome.
Mais pour vous répondre, il est vraisemblable que les plébéiens qui s'inséraient dans les réseaux de clientèle des patriciens étaient minoritaires, aussi bien lors de la 1ère crise des débuts de la république qui a vu se produire une sécession de la plèbe qu'en 367 : certainement pas plus de 20%. N'oublions pas qu'une bonne partie des citoyens votant étaient libres, et qu'il fallait donc les convaincre de voter dans tel ou tel sens.
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