Je rejoins Monstro, il faudrait savoir à quoi fait référence ton correspondant.
Au sens propre, comme le dit Alain, l’orgie est un terme religieux, c’est une cérémonie liée aux cultes des Mystères, qu’ils soient de Dionysos, de Déméter, des Cabires ou autre, souvent lié à la fertilité ou la fécondité, mais l’aspect sacré l’emporte de loin sur l’aspect ludique, d’où les scandales lors des parodies des-dits Mystères. Ces cérémonies sont encadrées par le clergé représenté par les matrones de bonne famille, non mixtes (réservées exclusivement aux femmes à l’origine me semble-t-il, à vérifier), mais leur caractère sexuel (cf. les Hermes, Priape & co.) et l’aspect secret du rite nourrit un peu tous les fantasmes, tous les ragots, comme le scandale des Bacchanales qui ressemble plus à une opportunité saisie par le pouvoir politique pour éradiquer des communautés fermées et secrètes devenues gênantes pour le pouvoir en place qu’autre chose.
Personnellement, l’idée que j’en ai est plutôt d’une cérémonie religieuse bon enfant, vaguement scabreuse, mais sans rien de scandaleux, cruel ou autre. Les succès de ces cérémonies furent très importants, populaires dans tous les sens du terme et s’étale sur des siècles sans provoquer de scandales, sauf exceptions extrêmement rares. Bref, ce n’est pas du tout des partouzes malsaines…
Je suppose qu’en fait, il est plus question des banquets débauchés d’une frange de l’aristocratie romaine, telles décrites dans le Satyricon de Pétrone, qui est ne l’oublions pas une satyre acide et crue(lle) de la société romaine, et non un reflet exact de la réalité. Le Banquet est un acte d'apparat offert par des particuliers, donc forcément, selon l’individu qui invite, on peut (on doit même, le banquet suppose la démesure) s’attendre à des excès… comme de nos jours ! Mais si certains souvenirs honteux sont parvenus jusqu’à nous, c’est bien parce qu’ils ont scandalisés leurs contemporains, qu’ils étaient hors norme. A ne surtout pas généraliser. La plupart de ses banquets « décadents » où se mélangent vins fins à volonté, nourriture excessivement apprêtée (Apicius), et plus ou moins bons mots sont assez sympathiques, occasion aussi à des joutes oratoires, poèmes improvisés, débats plus ou moins philosophiques, dans lesquels s’intercalent des spectacles (pas toujours très relevés, c’est vrai, mais ils sont là pour s’amuser…). Le Banquet de Xénophon met en scène une de ces soirées où le meilleur (les échanges entre Socrate et ses disciples) côtoit le pire (le bouffon Philippe ou les scènes lascives des esclaves du Syracusain). Pour Rome, je pense aux Deipnosophistes d’Athénée, où tout est prétexte à débats bon enfant (bien que mise en forme et oeuvre littéraire, l'ambiance représente l'idéal du banquet réussit pour l'aristocrate cultivé), à commencer par la qualité des terroirs et des qualités respectives des vins ! Pour la fin de la période, je songe aussi aux improvisations poétiques d’un Ausone passablement éméché… Autant de descriptions d'orgies qui m'ont bien plus souvent fait sourire que frémir !
Evidemment, dans de nombreux cas, prostitué(e)s et esclaves plus ou moins consentant(e)s peuvent être de la partie. Mais cela relève de la prostitution, pas de la torture sadique.
Mais ce ne sont pas des orgies au sens propre, mais de "simples" banquets privés, avec les excès que cela implique, à Rome comme ailleurs, lié à la personnalité de l'hôte et non à la société dans son ensemble. Et c'est surtout devenu une de nos grosses images d'Epinal sur la Rome Décadente, popularisé par le cinéma, la littérature, la BD...