J’ai hésité à répondre, tout simplement car
1) je trouve votre ton insultant. Mettre dans un même paquet « ces jeunes historiens suisses » avec condescendance, sans recul, sans doute sans les connaître, et avec un jugement a priori qui n’est ni argumenté, ni justifié, est tout simplement malpoli.
J’imagine que vous vous adressez à moi, donc pourquoi généraliser ? Cela en dit long sur votre façon de penser.
Et
2) vous n’avez pas lu correctement mon message et vous faites des simplifications assez basiques. Alors, une fois encore, je vais reprendre point par point votre message et vous montrez que vous n’êtes pas du tout honnête et que vous déformez ce qui ne vous arrange pas de façon grossière.
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On a beau répéter mille fois et plus à ces jeunes historiens suisses qu'il ne s'agit nullement de se glorifier de quoi que ce soit et qu'aucun pays concerné par la SGM, Alliés et Neutres compris, ont tous leur côté sombre et lumineux. Cela on a beau faire ils ne le comprendront JJAMAIS quand bien même leurs études universitaires devraient leur permettre de comprendre ce qu'est un contexte.
Qui est ce « on » ? Vous représentez des intérêts, un parti, un mouvement historiographique ?
Mon message faisait référence aux propos d’un Conseiller fédéral datés du 27 janvier 2013 (vous voulez que je vous mette la source ?) qui mettait en avant le « refuge » qu’avait constitué la Suisse pendant la WWII. Il se glorifiait donc des qualités d’accueil et humanitaires du pays. Sauf que les recherches menées depuis plus de 15 ans maintenant montrent clairement que cette Suisse accueillante est en partie une construction mythique et que la politique d’asile de la Confédération a eu des zones très sombres. En étant honnête intellectuellement, lorsqu’on aborde ce sujet, il faut mentionner les 2 facettes, l’accueil de réfugiés, mais un accueil limité et ce par une volonté politique très bien documentée.
⇒ Donc oui, Ueli Maurer a glorifié le rôle de la Suisse en « omettant » de mentionner de douloureuses questions.
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Donc un de ces historiens sur la TV alémanique prétend au scoop en annonçant que le Conseil fédéral était au courant de l'Holocauste dès 1942 et que cela ne l'a pas empêché d'ordonner les refoulements. Scoop ? Tiens donc, dans le film de la TV romande de 1997 "L'honneur perdu de la Suisse" à la 31è minute l'historien annonce le même scoop, mais à mi 1941 !
Si vous aviez lu correctement mon message, tâche qui visiblement semble hors de votre portée si je me réfère aux échanges que nous avons déjà eu sur ce forum, vous auriez remarqué que je soulignais justement ce problème et que je déplorais cette présentation « inédite » (j’avais déjà utilisé des guillemets dans mon message précédant…) en rappelant bien que ces documents n’étaient pas nouveaux, qu’ils avaient déjà été utilisés par des chercheurs et intégrés dans des publications. Donc que vous vous preniez à cet historien en remettant en cause sa présentation, soit. Mais ayez au moins la décence de reconnaître que vous enfoncez une porte ouverte puisque j’avais déjà mentionné ce problème.
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Ces refoulements sont le côté sombre comme le sont tous le refoulements y compris ceux commis par les Américains avec les visas en plus. Le côté sombre c'est également le commerce avec l'Allemagne mais là aussi la Suisse n'était pas seule. Personne aujourd'hui en Suisse ne conteste cela
Pourquoi venez-vous parler de commerce ? Ce n’était pas le sens de mon message il me semble. Et qui a dit que la Suisse était la seule ? Qui a dit que la Suisse devait être mise au ban des nations pour son comportement pendant la guerre ? Vous semblez bien paranoïaque et, une fois encore, vous sur-interprétez de façon erronée ce que j’ai dit.
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Seulement voilà, construire l'histoire d'un pays, en n'étudiant et en ne montrant que le côté sombre c'est ne pas aimer l'Histoire avec un H majuscule
Ai-je dit le contraire ? JAMAIS, donc arrêtez de fantasmer sur de pseudos propos que j’aurais pu proférer.
Mais dans ce cas, construire l’histoire d’un pays en ne montrant que le côté lumineux, c’est aussi ne pas aimer l’Histoire avec un H majuscule. Soyez cohérent et condamnez donc ces propos (ceux de Maurer) à sens unique. Vous accusez ceux qui ne voient que le mauvais côté des choses, mais dès qu’il s’agit d’être critique envers ceux qui ne voient que les bons côtés, j’imagine que vous êtes aux abonnés absent.
Etes-vous prêts à regretter que le Conseiller fédéral Maurer n’ait souligné que le côté positif du refuge suisse sans mentionner ses manquements ?
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Il y a eu des morts à cause des refoulements, la question est de savoir si cela doit effacer le fait qu'il y a eu des dizaines de milliers de personnes sauvées par la Suisse. A Budapest Simon Wiesenthal parle de 100 000 Juifs sauvés par l'action de Carl Lutz et son groupe (voir préface de Simon Wiesenthal "Diplomatie dangereuse" par Théo Tschuy). Voyons maintenant un peu les choses plus en détail. Lutz était diplomate n'est-ce pas ? Comment se fait-il, puisque on tient tant à dire que la Suisse était pronazie, que le Conseil fédéral n'a pas nommé un antisémite ? Bonne question non ? Et son chef l'ambassadeur Jaeger qui approuvait l'action de Lutz, un antisémite ? Et les 76 maisons refuges achetées qui a payé ? Eh bien oui le Conseiller fédéral chef du département politique, c'était Pilet-Golaz
Qui a dit que la Suisse était pro-nazie ? Je vous mets au défi de dire quand j’aurais affirmé cela et, mieux, de dire quel historien aurait pu être aussi général et prétendre que la Suisse était pro-nazie. Vous vous vantez d’avoir lu des centaines de livre sur la guerre, alors j’attends, donnez moi une référence de ce genre. Simplification ou fantasmes encore une fois.
Vos exemples sont intéressants, mais ils ne remettent nullement en doute le fait que le Conseil fédéral a eu une politique très restrictive et en quelque sorte, ils ne font pas oublier les documents mentionnés par les Dodis.
Et, dernière remarque sur ce point : la question est aussi de savoir si le fait qu’il y a eu des dizaines de milliers de personnes sauvées par la Suisse doit effacer le fait qu’il y en a des dizaines de milliers qui auraient pu être sauvées mais que ne l’ont pas été. Quid de cette question renversée ?
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Seulement voilà aucun historien suisse n'a été capable d'écrire la moindre biographie à son sujet, ce qui permet de dire tout et n'importe quoi sur cet homme qui a certainement eu, avec Guisan, les plus hautes responsabilités dans l'histoire de la Confédération. Ce fait n'est pas à l'honneur de la profession
Alors qu’attendez-vous pour l’écrire cette histoire ? Je l’ai déjà dit dans un autre sujet, la Suisse est un petit pays, il y a peu d’historiens et les sujets de recherches sont infinis. C’est sans doute une lacune historiographique, mais plutôt que d’aboyer, allez-y, mettez les mains dans le cambouis et allez passer des journées aux archives fédérales.
Et dire que Guisan est l’homme qui a eu les plus hautes responsabilités dans l’histoire de la Confédération est un raccourci vraiment étrange… que dire de Wille, du général Dufour, des politiciens, d’Henry Dunant, etc. ?
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Allen Dulles en Suisse pendant la SGM a dit ceci à propos des actions humanitaires de la Suisse
[citation coupée]
Mais qui nie le rôle humanitaire joué par la Suisse ? Personne !!! Votre paranoïa fait de plus en plus peur. Il s’agit juste d’apporter des nuances à cette vision et d’avoir un esprit critique pour voir tous les tenants et les aboutissants.
Ce n’est pas parce qu’on fait de l’humanitaire (et à quelle « intensité » ?) que l’on est un Saint homme.
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S'est-on vraiment glorifié en Suisse au sujet de la SGM ? Je suis de 1947 et je peux certifier que jamais, au cours de ma scolarité, je n'ai entendu quoi que ce soit de tel ni de la part des enseignants ni dans mon entourage. Je ne l'exclus toutefois pas lorsque je me rappelle l'attitude de certains officiers à l'armée
Je ne vais pas remettre en cause ces propos, bien entendu, mais reconnaissez que votre expérience ne saurait être caractéristique de tout le peuple suisse.
Et pour répondre à votre question conclusive… OUI, Ueli Maurer s’est glorifié du rôle joué par la Suisse. A moins que vous ne soyez ce personnage, je vous conjure encore une fois de ne pas mêler votre opinion à la sienne et de faire la part des choses.
Mes conclusions :
- En postant un message mettant en évidence les conflits qu’il y a encore concernant la lecture de la Suisse à cette période, je pensais montrer aux lecteurs de ce forum que l’histoire de la Seconde Guerre mondiale n’est pas encore lue de la même manière par tout le monde et qu’elle n’oppose pas que sur des points de détails. Vous êtes un exemple éclatant de cette vision « conservatrice » qui a encore de la peine à accepter les recherches récentes et qui n’arrive pas à faire la part des choses. Pour vous, si on ose critiquer, on ne sait faire que cela. C’est évidemment faux et vous manquez cruellement de recul pour avoir une vision globale.
- Vous vous en prenez aux jeunes universitaires suisses dans une généralisation honteuse. Dans la mesure où j’ai posté le message précédant, j’imagine que j’appartiens à cette catégorie.
- Si c’est le cas, je pense être en droit d’exiger des excuses car vous m’accusez de ne souligner que les côtés sombres et que « jamais » (sic) je/nous ne serions capables de mettre dans la balance côtés positifs et négatifs. Outre le fait que je vous retourne la remarque, si vous m’englobez dans ce panier, vous êtes en plus un menteur, car lors de nos échanges, vous avez eu l’occasion de voir que j’essaie d’avoir une vision mesurée et correcte de notre passé. Je vous ai en outre mentionné plusieurs études revenant sur l’action humanitaire de la Suisse. Donc votre « jamais », gardez le pour vous et ayez l’humilité de reconnaître qu’en ce qui me concerne, je n’ai jamais prôné une vision unilatérale et totalement pessimiste/ « critiquante »/moralisatrice.
- Enfin, dans ma longue réponse, j ai inclus plusieurs questions et interrogations. Pour une fois, et contrairement au débat que nous avons eu sur un autre sujet, j’espère que vous aurez le courage de ne pas vous défiler et que vous y répondrez point par point plutôt que par une nouvelle longue mélopée déviant vers d’autres sujets.