J'ai lu ce long sujet qui remonte à 2003 et qui a été réactivé judicieusment par Duc de Raguse.
Vous parliez de "militarisme prussien" et je m'étonne que vous n'ayez (sauf mauvaise lecture de ma part) cité le meilleur écrivain de cet "prussianité" fondamentalement antidémocratique et militariste :
Ernst von Salomon.
Pour ceux qui sont intéressés par l'Allemagne de l'entre-deux guerres, von Salomon à travers ses témoignages (
Les Cadets qui est le récit de son enfance, de ses 11 ans [il est né en 1902] à la fin de la Grande guerre au sein de l'école des cadets,
Les Réprouvés sur son engagement au sein des Corps-francs) est, je trouve, idéal pour comprendre la vision de l'Allemagne qu'a un nationaliste. Ses livres sont consistants (allez voir le
Questionnaire, autre témoignage qu'il fait en utilisant les questions du questionnaire que les Américains distribuèrent en 1945 et dont le retour conditionnait l'aide alimentaire!) et intéressants.
Authentique nationaliste, de ceux qui ont été peiné de ne pouvoir se battre en 1914-1918 et qui ont combattu les Spartakistes, il a fait 5 années de prison pour complicité dans l'Assassinat de W. Rathenau. Ce dernier, personnage extraordinaire, suscitait à la fois admiration et répulsion de la part de l'organisation
Consul à laquelle von Salomon faisait partie. il va progressivement prendre ses distances avec les nazis qu'il juge un peu trop démagogiques, bruyants et violents à son goût pour verser vers le pacifisme après 1945 (et un emprisonnement de quelques temps chez les Alliés). Il meurt en 1972.
Un témoignage qui n'hésite pas à montrer cette "prussianité" jusqu'à la caricature ("vous-êtes ici pour apprendre à mourir" disait l'école des Cadets de Karlsruhe à ces jeunes de 11 ans...) et où il n'hésite pas à se moquer de lui-même.
Grâce à lui, j'ai pu comprendre beaucoup de choses sur le milieu des nationaux-conservateurs de l'entre-deux guerres. Et sur la richesse du nationalisme allemand qui est loin d'être séduit par les ritournelles de A. Hitler.
Bien sûr, comme SAS le Duc de Raguse et son interlocuteur de 2003 le disaient, les causes de l'arrivée au pouvoir de 1933 sont complexes et ne sauraient se résumer à un point plus déterminant qu'un autre. Mais quand vous entendez à la radio, à la télévision, des journalistes, des économistes ou des hommes politiques hisser le drapeau noir en disant : "attention avec la crise de 2009 parce que celle de 1929 à donné Hitler", vous comprenez qu'il y a encore du boulot (de la part des professeurs!) pour faire lutter contre les schémas du genre :
_Si B est arrivé parce que A est venu, il faut que H ne fasse pas que B revienne.
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